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QUATRE-VINGT-ET-UNIÈME CHAPITRE

CHAPTER 81

Śrī Kṛṣṇa bénit le brāhmaṇa Sudāmā

The Brāhmaṇa Sudāmā Blessed by Lord Kṛṣṇa

Śrī Kṛṣṇa, Dieu, la Personne Souveraine, l’Âme Suprême pour tous les êtres, connaît fort bien le cœur de chacun. Et Il porte une attention toute particulière à Ses dévots brāhmaṇas ; on Le qualifie en effet de brahmaṇya-deva, Celui que révèrent les brāhmaṇas. Nous pouvons comprendre par là que le bhakta tout entier abandonné au Seigneur Suprême se situe d’ores et déjà au niveau du brāhmaṇa. Car, à moins de devenir brāhmaṇa, nul ne peut approcher le Brahman Suprême, Śrī Kṛṣṇa. Celui-ci, l’unique Refuge des purs bhaktas, S’occupe principalement à détruire le malheur de Ses dévots.

Lord Kṛṣṇa, the Supreme Personality of Godhead, the Supersoul of all living entities, knows everyone’s heart very well. He is especially inclined to the brāhmaṇa devotees. Lord Kṛṣṇa is also called brahmaṇya-deva, which means that He is worshiped by the brāhmaṇas. Therefore it is understood that a devotee who is fully surrendered unto the Supreme Personality of Godhead has already acquired the position of a brāhmaṇa. Without becoming a brāhmaṇa, one cannot approach the Supreme Brahman, Lord Kṛṣṇa. Kṛṣṇa is especially concerned with vanquishing the distress of His devotees, and He is the only shelter of pure devotees.

Śrī Kṛṣṇa passa de longues heures à S’entretenir avec Sudāmā Vipra de leurs échanges d’antan. Puis, à seule fin d’accroître Son bonheur en la compagnie de Son vieil ami, Śrī Kṛṣṇa, souriant, lui demanda : « Cher compagnon, que M’as-tu donc apporté ? Ton épouse t’a-t-elle confié pour Moi quelque délicieuse nourriture ? » En lui adressant ces mots, Śrī Kṛṣṇa le regardait et souriait très affectueusement. Il reprit : « Cher ami, Je suis sûr que tu M’as apporté de chez toi quelque présent. »

Lord Kṛṣṇa engaged for a long time in talking with Sudāmā Vipra about their past association. Then, just to enjoy the company of an old friend, Lord Kṛṣṇa began to smile and asked, “My dear friend, what have you brought for Me? Has your wife given you some nice eatable for Me?” While addressing His friend, Lord Kṛṣṇa looked upon him and smiled with great love. He continued, “My dear friend, you must have brought some presentation for Me from your home.”

Śrī Kṛṣṇa savait que Sudāmā hésitait à Lui offrir le peu de riz en lamelle qu’il Lui destinait, en vérité indigne d’être par Lui goûté, et devinant ses pensées, Il dit : « Mon cher ami, certes, Je n’ai besoin de rien ; mais si Mon dévot, par amour, Me présente une offrande, fût-elle insignifiante, c’est avec grand plaisir que Je l’accepte. En contrepartie, si un abhakta Me présente une offrande, fût-elle de haute valeur, il ne Me plaît point de l’accepter. Car Je n’apprécie en vérité que ce qui M’est offert avec amour et dévotion. Ainsi, que Mes purs dévots M’offrent les choses même les plus simples – une petite fleur, un petit bout de feuille, un peu d’eau –, mais imprègnent leur offrande d’amour et de dévotion, et non seulement Je l’accepte avec joie, mais c’est pour Moi un grand plaisir que de la consommer. »

Lord Kṛṣṇa knew that Sudāmā was hesitating to present Him with the paltry chipped rice, which was actually unfit for His eating. Understanding the mind of Sudāmā Vipra, the Lord said, “My dear friend, I am certainly not in need of anything, but if My devotee gives Me something as an offering of love, even though it may be very insignificant, I accept it with great pleasure. On the other hand, if a person is not a devotee, even though he may offer Me very valuable things, I do not like to accept them. I actually accept only things offered to Me in devotion and love; otherwise, however valuable a thing may be, I do not accept it. If My pure devotee offers Me even the most insignificant things – a little flower, a little piece of leaf, a little water – but saturates the offering in devotional love, then not only do I gladly accept such an offering, but I eat it with great pleasure.”

Kṛṣṇa assura Sudāmā qu’Il serait fort heureux d’accepter le riz apporté de chez lui ; mais fort embarrassé, Sudāmā Vipra hésita encore à offrir son présent au Seigneur. Il pensait : « Comment pourrais-je offrir à Kṛṣṇa si peu de chose ? » Et il inclina simplement tête.

Lord Kṛṣṇa assured Sudāmā Vipra that He would be very glad to accept the chipped rice he had brought from home, yet out of great shyness Sudāmā Vipra hesitated to present it to the Lord. He was thinking, “How can I offer such an insignificant thing to Kṛṣṇa?” and he simply bowed his head.

Śrī Kṛṣṇa, l’Âme Suprême, a toute connaissance du cœur de chacun. Lui qui connaît de tous la détermination et la volonté, savait dans quel but Sudāmā Vipra venait Lui rendre visite. Il savait que c’était à la requête de sa femme qu’il était venu là, poussé par une extrême pauvreté. Et voyant Sudāmā comme Son très cher compagnon de classe, le Seigneur savait également que l’amour de ce dernier pour Lui en tant que Son ami n’avait jamais été teinté du moindre désir d’en tirer quelque bénéfice matériel. Aussi Kṛṣṇa pensa-t-Il : « Sudāmā n’est point venu en ces lieux pour obtenir de Moi quoi que ce soit, mais plutôt pour plaire à son épouse, obligé par sa requête. » Śrī Kṛṣṇa résolut donc de prodiguer à Sudāmā Vipra plus de biens matériels que n’en pourrait jamais imaginer le roi des planètes édéniques en personne.

Lord Kṛṣṇa, the Supersoul, knows everything in everyone’s heart. He knows everyone’s determination and everyone’s want. He knew, therefore, the reason for Sudāmā Vipra’s coming to Him. He knew that, driven by extreme poverty, he had come there at the request of his wife. Thinking of Sudāmā as His very dear class friend, He knew that Sudāmā’s love for Him as a friend was never tainted by any desire for material benefit. Kṛṣṇa thought, “Sudāmā has not come asking anything from Me; being obliged by the request of his wife, he has come to see Me just to please her.” Lord Kṛṣṇa therefore decided that He would give more material opulence to Sudāmā Vipra than could be imagined even by the king of heaven.

Il Se saisit alors du petit paquet qui pendait sur l’épaule du pauvre brāhmaṇa, noué dans un coin de son châle, et S’exclama : « Qu’est-ce là ? Ô, Mon ami, tu M’as apporté du bon, du délicieux riz en lamelle ! » Il encouragea Sudāmā Vipra par ces mots : « Je considère cette quantité de riz suffisante pour combler non seulement Ma propre Personne, mais aussi la Création totale ! » Ce qui laisse entendre que Śrī Kṛṣṇa, Source originelle de toutes choses, représente la Racine de la Création tout entière. De même qu’en arrosant la racine d’un arbre, on nourrit du coup toutes ses autres parties, une offrande faite à Kṛṣṇa, un acte qui Lui est offert, doit être tenu pour le plus haut des actes de bienfaisance, et profitable à tous, car les fruits d’une telle offrande se trouvent distribués à travers toute la Création ; l’amour porté à Kṛṣṇa retombe sur tous les êtres vivants.

He then snatched the bundle of chipped rice which was hanging on the shoulder of the poor brāhmaṇa, packed in one corner of his wrapper, and said, “What is this? My dear friend, you have brought Me nice, palatable chipped rice!” He encouraged Sudāmā Vipra, saying, “I consider that this quantity of chipped rice will satisfy not only Me but the whole creation.” It is understood from this statement that Kṛṣṇa, being the original source of everything, is the root of the entire creation. As watering the root of a tree immediately distributes water to every part of the tree, so an offering made to Kṛṣṇa, or any action done for Kṛṣṇa, is to be considered the highest welfare work for everyone, because the benefit of such an offering is distributed throughout the creation. Love for Kṛṣṇa is distributed to all living entities.

Pendant qu’Il parlait à Sudāmā Vipra, Kṛṣṇa mangea un peu du riz que Lui avait offert son ami, et lorsqu’Il S’apprêta à en prendre une seconde fois, Rukmiṇīdevī, la déesse de la fortune en personne, Le retint par la main. Elle s’exclama : « Cher Seigneur, ces quelques grains de riz suffisent à conférer à celui qui Te les a offerts une grande opulence en cette vie, et qui se poursuivra dans la prochaine. Mon Seigneur, si grande Ta bonté envers Ton dévot que cette seule bouchée Te satisfait infiniment, et ce plaisir assure à Ton dévot toute opulence en cette vie comme en la prochaine. » Voilà qui montre comment, lorsqu’on offre de la nourriture à Śrī Kṛṣṇa avec amour et dévotion, et qu’Il S’en montre satisfait, l’accepte de la main de Son dévot, Rukmiṇīdevī – la déesse de la fortune – devient à tel point obligée envers le bhakta qu’elle doit en personne se rendre en sa demeure pour la transformer en le plus opulent palais du monde. Si l’on nourrit somptueusement Nārāyaṇa, Lakṣmī, la déesse de la fortune, se fait par là même notre hôte, et comble notre demeure de toutes les richesses. Sudāmā, le brāhmaṇa érudit, passa cette nuit-là dans le palais de Śrī Kṛṣṇa, et il se sentit alors comme s’il vivait dans le Royaume de Vaikuṇṭha. Et en vérité, il se trouvait bel et bien à Vaikuntha ! Car là où vivent Śrī Kṛṣṇa, le Nārāyana originel, et Rukmiṇīdevī, la déesse de la fortune, là est Vaikuṇṭhaloka, le monde spirituel.

While Lord Kṛṣṇa was speaking to Sudāmā Vipra, He ate one morsel of chipped rice from his bundle, and when He attempted to eat a second morsel, Rukmiṇī-devī, the goddess of fortune herself, checked the Lord by catching hold of His hand. After touching the hand of Kṛṣṇa, Rukmiṇī said, “My dear Lord, this one morsel of chipped rice is sufficient to cause him who offered it to become very opulent in this life and to continue his opulence in the next life. My Lord, You are so kind to Your devotee that even this one morsel of chipped rice pleases You very greatly, and Your pleasure assures the devotee opulence in both this life and the next.” This indicates that when food is offered to Lord Kṛṣṇa with love and devotion and He is pleased and accepts it from the devotee, Rukmiṇī-devī, the goddess of fortune, becomes so greatly obliged to the devotee that she has to go personally to the devotee’s home to turn it into the most opulent home in the world. If one feeds Nārāyaṇa sumptuously, the goddess of fortune, Lakṣmī, automatically becomes a guest in one’s house, which means that one’s home becomes opulent. The learned brāhmaṇa Sudāmā passed that night at the house of Lord Kṛṣṇa, and while there he felt as if he were living on a Vaikuṇṭha planet. Actually he was living in Vaikuṇṭha, because wherever Lord Kṛṣṇa, the original Nārāyaṇa, and Rukmiṇī-devī, the goddess of fortune, live is not different from the spiritual planets, Vaikuṇṭha-loka.

L’érudit brāhmaṇa ne semblait pas avoir reçu de Kṛṣṇa le moindre don substantiel pour réparer sa pauvreté, mais il ne demanda rien au Seigneur. Le lendemain matin, il reprit la route de son foyer, absorbé dans le souvenir de la réception que Kṛṣṇa lui avait offerte, et ce souvenir même l’emplit de félicité spirituelle. Tout le long du chemin, il se rappelait simplement des gestes de Kṛṣṇa, et il se sentait fort heureux d’avoir vu le Seigneur.

The learned brāhmaṇa Sudāmā did not appear to have received anything substantial from Lord Kṛṣṇa while at His palace, yet he did not ask anything from the Lord. The next morning he started for his home, thinking always about his reception by Kṛṣṇa, and thus he merged in transcendental bliss. All the way home he simply remembered the dealings of Lord Kṛṣṇa, and he felt very happy to have seen the Lord.

Il se prit à penser : « C’est bien le plus haut des plaisirs que de voir Śrī Kṛṣṇa, Lui si dévoué aux brāhmaṇas. Quel grand amoureux de la culture brahmanique ! Il est le Brahman Suprême en Personne, et cependant Il répond aux élans des brāhmaṇas. Si profond Son respect pour eux qu’Il a serré contre Sa poitrine un pauvre brāhmaṇa comme moi alors que d’ordinaire Il n’agit ainsi qu’avec la déesse de la fortune. Comment pourrait-on établir la moindre comparaison entre moi, un pauvre pécheur, et le Seigneur Suprême, Śrī Kṛṣṇa, l’unique Refuge de la déesse de la fortune ? Et pourtant, me tenant pour un brāhmaṇa, Il m’a étreint de Ses bras sublimes, et en a ressenti un vif plaisir. Śrī Kṛṣṇa S’est montré si bon envers moi qu’Il m’a permis de m’asseoir sur le divan même où s’allonge la déesse de la fortune. Il m’a traité comme un vrai frère. Comment pourrai-je jamais évaluer la dette que j’ai contractée envers Lui ? Lorsque je me suis senti fatigué, Śrīmatī Rukmiṇīdevī, la déesse de la fortune, s’est mise à m’éventer, tenant de sa propre main le cāmara. Pas un instant elle n’a pris en compte sa haute position, celle de la première reine de Śrī Kṛṣṇa. Dieu Lui-même m’a offert Son service du fait de Sa haute estime pour les brāhmaṇas ; en massant mes jambes, en me nourrissant de Sa propre main, Il m’a pour ainsi dire porté un culte ! Aspirant à être élevé aux planètes édéniques, à la libération, à l’obtention de toutes sortes de biens matériels ou à la maîtrise parfaite des pouvoirs yogiques, tous à travers l’Univers adorent les pieds pareils-au-lotus de Śrī Kṛṣṇa. Et cependant, si grande la bonté du Seigneur envers moi qu’Il ne m’a pas même donné un sou, fort de savoir que je ne suis qu’un pauvre homme qui, s’il possédait quelque argent, pourrait s’enorgueillir, s’attacher follement à l’opulence matérielle, et L’oublier, Lui, le Seigneur. »

The brāhmaṇa thought, “It is most pleasurable to see Lord Kṛṣṇa, who is most devoted to the brāhmaṇas. How great a lover He is of the brahminical culture! He is the Supreme Brahman Himself, yet He reciprocates with the brāhmaṇas. He also respects the brāhmaṇas so much that He embraced to His chest such a poor brāhmaṇa as me, although He never embraces anyone to His chest except the goddess of fortune. How can there be any comparison between me, a poor, sinful brāhmaṇa, and the Supreme Lord Kṛṣṇa, who is the only shelter of the goddess of fortune? And yet, considering me a brāhmaṇa, with heartfelt pleasure He embraced me in His two transcendental arms. Lord Kṛṣṇa was so kind to me that He allowed me to sit on the same bedstead where the goddess of fortune lies down. He considered me His real brother. How can I appreciate my obligation to Him? When I was tired, Śrīmatī Rukmiṇī-devī, the goddess of fortune, began to fan me, holding the cāmara whisk in her own hand. She never considered her exalted position as the first queen of Lord Kṛṣṇa. I was rendered service by the Supreme Personality of Godhead because of His high regard for the brāhmaṇas, and by massaging my legs and feeding me with His own hand, He practically worshiped me! Aspiring for elevation to the heavenly planets, liberation, all kinds of material opulence, or perfection in the powers of mystic yoga, everyone throughout the universe worships the lotus feet of Lord Kṛṣṇa. Yet the Lord was so kind to me that He did not give me even a farthing, knowing very well that I am a poverty-stricken man who, if I got some money, might become puffed up and mad after material opulence and so forget Him.”

Et ces pensées de Sudāmā Brāhmaṇa sont tout à fait justes. Un homme du commun vivant dans la pauvreté et priant le Seigneur de lui accorder des biens matériels, risque, en s’enrichissant, d’oublier aussitôt son obligation envers Lui. Voilà pourquoi Ce dernier n’offre guère de richesses à Son dévot à moins que celui-ci ne soit tout à fait démuni. En fait, si un bhakta néophyte sert le Seigneur avec sincérité mais désire en même temps quelque opulence matérielle, Kṛṣṇa l’empêche de l’obtenir.

The statement of the brāhmaṇa Sudāmā is correct. An ordinary man who is very poor and prays to the Lord for benediction in material opulence, and who somehow or other becomes richer in material opulence, immediately forgets his obligation to the Lord. Therefore, the Lord does not offer opulences to His devotee unless the devotee is thoroughly tested. Rather, if a neophyte devotee serves the Lord very sincerely and at the same time wants material opulence, the Lord keeps him from obtaining it.

Abîmé dans ces pensées, le brāhmaṇa érudit s’approchait peu à peu de chez lui. Mais parvenu sur les lieux de sa demeure, quelle ne fut pas sa surprise ! Tout avait changé, et d’une façon merveilleuse. Là où se trouvait auparavant sa chaumière, s’élevaient à présent de splendides palais bâtis de pierres précieuses et de joyaux, brillants comme le soleil, la lune et le feu. Devant lui s’étendaient encore, ici et là, des parcs de toute beauté où se promenaient de nombreux hommes et femmes, également fort beaux. Dans ces parcs, de plaisants lacs, jonchés de fleurs de lotus et de doux nénuphars. Et une multitude d’oiseaux multicolores volaient en bandes. Devant l’étonnante métamorphose de sa demeure natale, le brāhmaṇa se demanda : « Quels sont tous ces changements ? Est-ce que ces lieux m’appartiennent, ou sont-ils la propriété d’autrui ? S’il s’agit là de l’endroit où j’ai toujours vécu, comment a-t-il pu se transformer de façon si merveilleuse ? »

Thinking in this way, the learned brāhmaṇa gradually reached his own home. But there he saw that everything was wonderfully changed. He saw that in place of his cottage there were big palaces made of valuable stones and jewels, glittering like the sun, moon and rays of fire. Not only were there big palaces, but at intervals there were beautifully decorated parks, in which many beautiful men and women were strolling. In those parks there were nice lakes full of lotus flowers and beautiful lilies, and there were flocks of multicolored birds. Seeing the wonderful conversion of his native place, the brāhmaṇa began to think to himself, “How am I seeing all these changes? Does this place belong to me or to someone else? If it is the same place where I used to live, then how has it so wonderfully changed?”

Alors que l’érudit brāhmaṇa considérait la situation, un groupe d’hommes et femmes, aux traits rappelant ceux des devas, tous très beaux, et escortés de chanteurs et de musiciens, s’approcha de lui pour l’accueillir. Tous modulaient des chants de bon augure. L’épouse du brāhmaṇa se sentit transportée de joie lorsqu’elle apprit l’arrivée de son époux : en grande hâte, elle aussi sortit du palais. Si agréable son apparence qu’on eût dit la déesse de la fortune, venue recevoir en personne le brāhmaṇa. Dès qu’elle aperçut son époux devant elle, des larmes de bonheur jaillirent de ses yeux, et sa voix s’étrangla, tant et si bien qu’elle ne put lui adresser la parole. Elle ferma simplement les yeux, ravie. Mais avec un amour et une affection débordants, elle s’inclina devant son époux, et chérit en elle-même la pensée de l’étreindre. Parée d’un collier d’or et de mille autres bijoux, elle semblait, parmi ses servantes, être l’épouse d’un deva à peine descendu de son aéronef. Le brāhmaṇa, surpris de voir sa femme si belle, éprouva pour elle une profonde affection, et sans mot dire, entra dans le palais à ses côtés.

While the learned brāhmaṇa was considering this, a group of beautiful men and women with features resembling those of the demigods, accompanied by musical chanters, approached to welcome him. All were singing auspicious songs. The wife of the brāhmaṇa was very glad on hearing the tidings of her husband’s arrival, and with great haste she came out of the palace. The brāhmaṇa’s wife appeared so beautiful that it seemed as if the goddess of fortune herself had come to receive him. As soon as she saw her husband present before her, tears of joy fell from her eyes, and her voice became so choked up that she could not even address her husband. She simply closed her eyes in ecstasy. But with great love and affection she bowed down before her husband, and within herself she thought of embracing him. She was fully decorated with a gold necklace and ornaments, and while standing among the maidservants she appeared like a demigod’s wife just alighting from an airplane. The brāhmaṇa was surprised to see his wife so beautiful, and in great affection and without saying a word he entered the palace with her.

Lorsque le brāhmaṇa pénétra dans ses appartements personnels, il constata qu’il ne s’agissait point là de simples appartements, mais bien d’une résidence digne du roi des planètes édéniques. Le palais était entouré de nombreuses colonnes en pierreries. Les lits et les divans étaient d’ivoire, incrustés d’or et de pierres précieuses. La literie elle-même avait le blanc de la mousse sur le lait et la douceur d’une fleur de lotus. De nombreux cāmaras pendaient à des tiges dorées. Nombreux aussi les trônes d’or aux coussins doux comme le lotus. En divers endroits se trouvaient des dais de velours et de soie d’où pendaient, tout autour, des dentelles de perles. La structure du bâtiment reposait sur du marbre transparent de premier choix, et gravé d’émeraudes incrustées. Toutes les femmes du palais tenaient des lampions faits de joyaux précieux. Les flammes et les joyaux produisaient ensemble une lumière vive et féerique. Lorsque le brāhmaṇa vit sa condition devenue si opulente, il ne put déterminer la cause de ce changement soudain. Il se mit donc à en considérer avec gravité les raisons.

When the brāhmaṇa entered his personal apartment in the palace, he saw that it was not an apartment but the residence of the king of heaven. The palace was surrounded by many columns of jewels. The couches and the bedsteads were made of ivory and bedecked with gold and jewels, and the bedding was as white as the foam of milk and as soft as a lotus. There were many whisks hanging from golden rods, and many golden thrones with sitting cushions as soft as lotus flowers. In various places there were velvet and silken canopies with laces of pearls hanging all around. The structure of the building stood on excellent transparent marble, with engravings made of emerald stones. All the women in the palace carried lamps made of valuable jewels. The flames and the jewels combined to produce a wonderfully brilliant light. When the brāhmaṇa saw his position suddenly changed to one of opulence, and when he could not determine the cause for such a sudden change, he began to consider very gravely how it had happened.

Il songea : « Depuis le tout début de mon existence, je n’ai connu que la pauvreté extrême ; qu’est-ce qui aurait donc bien pu m’apporter une si grande et si soudaine opulence ? Je ne peux voir de cause autre que le regard plein de miséricorde de mon ami Kṛṣṇa, le Chef de la dynastie Yadu. Certes, toutes ces merveilles sont le gage de la miséricorde immotivée de Śrī Kṛṣṇa. Époux de la déesse de la fortune, le Seigneur Se suffit à Lui-même, et toujours jouit pleinement des six excellences. Il peut percer le mental de Son dévot et en combler somptueusement tous les désirs. Tous ces traits appartiennent en propre à mon ami, Śrī Kṛṣṇa. Mon bel ami au teint sombre, Kṛṣṇa, Se montre bien plus libéral encore que le nuage, capable le remplir d’eau le grand océan. Évitant de perturber de ses eaux le cultivateur pendant le jour, le nuage, à seule fin de le satisfaire, apporte la nuit sa pluie généreuse. Mais à son réveil, le cultivateur pense encore qu’il n’a point assez plu. De même, le Seigneur comble les désirs de tous les êtres, selon leur position respective ; mais celui qui ne vit pas dans la Conscience de Kṛṣṇa tient tous les dons du Seigneur pour insuffisants. Le Seigneur, par contre, lorsqu’Il reçoit fût-ce la plus petite chose de Son dévot, offerte avec amour et dévotion, y voit un présent de valeur. Et j’en suis l’exemple vivant ! Je Lui ai simplement offert un peu de riz, et voilà qu’en échange Il m’a accordé des richesses plus considérables encore que celles dont jouit le souverain des planètes édéniques. »

He thus began to think, “From the beginning of my life I have been extremely poverty-stricken, so what could be the cause of such great and sudden opulence? I do not find any cause other than the all-merciful glance of my friend Lord Kṛṣṇa, the chief of the Yadu dynasty. Certainly these are gifts of Lord Kṛṣṇa’s causeless mercy. The Lord is self-sufficient, the husband of the goddess of fortune, and thus He is always full with six opulences. He can understand the mind of His devotee, and He sumptuously fulfills the devotee’s desires. All these are acts of my friend Lord Kṛṣṇa. My beautiful dark friend Kṛṣṇa is far more liberal than the cloud, which can fill the great ocean with water. Without disturbing the cultivator with rain during the day, the cloud brings liberal rain at night just to satisfy him. And yet when the cultivator wakes up in the morning, he thinks that it has not rained enough. Similarly, the Lord fulfills the desire of everyone according to his position, yet one who is not in Kṛṣṇa consciousness considers all the gifts of the Lord to be less than his desire. On the other hand, when the Lord receives a little thing in love and affection from His devotee, He considers it a great and valuable gift. I am a vivid example of this: I simply offered Him a morsel of chipped rice, and in exchange He has given me opulences greater than those of the king of heaven.”

Le Seigneur n’a en fait nul besoin de ce que Lui offre Son dévot. Il Se suffit entièrement à Lui-même. Quand le bhakta Lui fait une offrande, celle-ci agit en fait dans le sens de son propre intérêt, car tout ce qu’il présente à Kṛṣṇa lui revient des millions de fois. Nul ne perd à donner au Seigneur, mais y gagne plutôt à l’infini.

What the devotee actually offers the Lord is not needed by the Lord, for He is self-sufficient. If the devotee offers something to the Lord, it acts for his own interest because whatever a devotee offers the Lord comes back in a quantity a million times greater than what was offered. One does not become a loser by giving to the Lord; one becomes a gainer by millions of times.

Se sentant grandement obligé envers Śrī Kṛṣṇa, le brāhmaṇa pensa : « Je prie de toujours avoir l’amitié de Kṛṣṇa, de toujours m’engager dans Son service, et de m’abandonner tout entier à Lui avec amour et dévotion, vie après vie. Je n’aspire à aucune richesse matérielle. Mon seul désir est de ne point oublier Son service. Je souhaite simplement pouvoir vivre en la compagnie de Ses purs dévots. Puisse mon mental et mes actes toujours se trouver engagés à Son service. Le Seigneur Suprême, Śrī Kṛṣṇa, le Non-né, sait trop bien que de nombreux personnages ont chu de leur haute position en raison d’une opulence extravagante. Voilà pourquoi, même lorsque Son dévot Lui demande quelque bien matériel, le Seigneur ne le lui accorde pas toujours. Il prend grand soin de Ses dévots. Le Seigneur n’octroie point de richesses à un bhakta qui n’a pas encore atteint la maturité dans son service de dévotion, car il risque, confronté à une grande opulence, de choir de sa position, ceci du fait qu’il vit encore dans ce monde. Telle est une autre manifestation de la miséricorde immotivée du Seigneur envers Ses dévots. Son intérêt premier réside en ce que le bhakta ne choie point ; Il est tel un père qui veut le bien de ses enfants et qui, par suite, ne met pas beaucoup de richesses dans les mains d’un fils non encore mûr, mais qui, lorsque ce même fils a grandi et sait gérer ses biens, lui donne tout son trésor. »

The brāhmaṇa, feeling great obligation to Kṛṣṇa, thought, “I pray to have the friendship of Lord Kṛṣṇa and to engage in His service, and to surrender fully unto Him in love and affection, life after life. I do not want any opulence. I only desire not to forget His service. I simply wish to be associated with His pure devotees. May my mind and activities be always engaged in His service. The unborn Supreme Personality of Godhead, Kṛṣṇa, knows that many great personalities have fallen from their positions because of extravagant opulence. Therefore, even when His devotee asks for some opulence from Him, the Lord sometimes does not give it. He is very cautious about His devotees. Because a devotee in an immature position of devotional service may, if offered great opulence, fall from his position due to being in the material world, the Lord does not offer opulence to him. This is another manifestation of the causeless mercy of the Lord upon His devotee. His first interest is that the devotee not fall. He is exactly like a well-wishing father who does not give much wealth into the hand of his immature son, but who, when the son is grown up and knows how to spend money, gives him the whole treasury house.”

Ainsi, le brāhmaṇa érudit conclut que toute opulence reçue du Seigneur ne devrait jamais être utilisée pour satisfaire l’extravagance de ses sens, mais uniquement pour le service du Seigneur. Le brāhmaṇa accepta donc sa nouvelle condition, mais dans un esprit de renoncement, détaché de tout sentiment de jouissance matérielle ; ainsi vécut-il en grande paix avec son épouse, jouissant de tous ses nouveaux avantages en les acceptant comme le prasāda du Seigneur. Il prit également plaisir à déguster divers mets d’abord offerts au Seigneur. De même, si par la grâce de Kṛṣṇa nous nous voyons bénis d’excellences telles que la richesse, le renom, le pouvoir, l’éducation ou la beauté en ce monde, il va de notre devoir de les tenir pour autant de dons du Seigneur, qu’il ne faut utiliser que pour Son service, et certes non pour la satisfaction de nos sens. Le brāhmaṇa érudit demeura donc dans cette position, et au lieu de se dégrader en raison de son opulence peu commune, son amour et son affection pour Śrī Kṛṣṇa grandirent jour après jour. L’opulence matérielle peut être cause de dégradation aussi bien que d’élévation, selon l’usage que l’on en fait. Si elle sert le plaisir des sens, elle devient cause de dégradation, alors que si on l’emploie dans le service du Seigneur, elle favorise l’élévation.

The learned brāhmaṇa thus concluded that whatever opulences he had received from the Lord should be used not for his extravagant sense gratification but for the service of the Lord. The brāhmaṇa accepted his newly acquired opulence, but he did so in a spirit of renunciation, remaining unattached to sense gratification, and thus he lived very peacefully with his wife, enjoying all the facilities of opulence as the prasādam of the Lord. He enjoyed varieties of food by offering it to the Lord and then taking it as prasādam. Similarly, if by the grace of the Lord we get such opulences as material wealth, fame, power, education and beauty, it is our duty to consider that they are all gifts of the Lord and must be used for His service, not for our sense enjoyment. The learned brāhmaṇa remained in that position, and thus his love and affection for Lord Kṛṣṇa increased day after day; it did not deteriorate due to great opulence. Material opulence can be the cause of degradation and also the cause of elevation, according to the purposes for which it is used. If opulence is used for sense gratification it is the cause of degradation, and if used for the service of the Lord it is the cause of elevation.

L’attitude de Śrī Kṛṣṇa envers Sudāmā Vipra révèle à l’évidence que Dieu, la Personne Suprême, Se montre infiniment satisfait de toute personne en possession des qualités brahmaniques. Un brāhmaṇa qualifié tel Sudāmā Vipra est tout naturellement un dévot de Kṛṣṇa. C’est pourquoi il est dit : brāhmaṇo vaiṣṇavaḥ, « Un brāhmaṇa est un vaiṣṇava. » Et encore : brāhmaṇaḥ paṇḍitaḥ ; le mot paṇḍita désigne un homme d’une haute érudition. Un brāhmaṇa ne saurait être sot ou ignorant. On distingue donc deux sortes de brāhmaṇas : les vaiṣṇavas et les paṇḍitas. Les simples érudits sont qualifiés de paṇḍitas, car ils n’appartiennent pas encore aux dévots du Seigneur, les vaiṣṇavas. Śrī Kṛṣṇa ne leur porte aucune affection particulière. Le simple fait d’être un brāhmaṇa érudit ne suffit point à attirer Dieu, la Personne Suprême. Un brāhmaṇa doit non seulement être parfaitement qualifié, selon les exigences scripturaires, qu’on trouve entre autres, dans la Śrīmad Bhagavad-gītā et le Śrīmad-Bhāgavatam, mais aussi porter sa dévotion à Śrī Kṛṣṇa. L’exemple vivant en est Sudāmā Vipra. Il était un brāhmaṇa qualifié, détaché de toute forme de satisfaction sensorielle, et en même temps un grand dévot de Śrī Kṛṣṇa. Celui-ci, Bénéficiaire de tout sacrifice et pénitence, chérit tout particulièrement un brāhmaṇa tel Sudāmā Vipra ; nous avons d’ailleurs pu voir, par le comportement de Śrī Kṛṣṇa, combien Il aime un tel brāhmaṇa. En conclusion, le degré ultime de la perfection humaine consiste à devenir un brāhmaṇa vaiṣṇava comme Sudāmā Vipra.

It is evident from Lord Kṛṣṇa’s dealings with Sudāmā Vipra that the Supreme Personality of Godhead is very, very pleased with a person who possesses brahminical qualities. A qualified brāhmaṇa like Sudāmā Vipra is naturally a devotee of Lord Kṛṣṇa. Therefore it is said, brāhmaṇo vaiṣṇavaḥ: a brāhmaṇa is a Vaiṣṇava. Or sometimes it is said, brāhmaṇaḥ paṇḍitaḥ. Paṇḍita means a highly learned person. A brāhmaṇa cannot be foolish or uneducated. Therefore there are two divisions of brāhmaṇas, namely Vaiṣṇavas and paṇḍitas. Those who are simply learned are paṇḍitas but not yet devotees of the Lord, or Vaiṣṇavas. Lord Kṛṣṇa is not especially pleased with them. Simply the qualification of being a learned brāhmaṇa is not sufficient to attract the Supreme Personality of Godhead. Not only must a brāhmaṇa be well qualified according to the requirements stated in scriptures such as Śrīmad Bhagavad-gītā and Śrīmad-Bhāgavatam, but at the same time he must be a devotee of Lord Kṛṣṇa. The vivid example is Sudāmā Vipra. He was a qualified brāhmaṇa, unattached to all sorts of material sense enjoyment, and at the same time he was a great devotee of Lord Kṛṣṇa. Lord Kṛṣṇa, the enjoyer of all sacrifices and penances, is very fond of a brāhmaṇa like Sudāmā Vipra, and we have seen by the actual behavior of Lord Kṛṣṇa how much He adores such a brāhmaṇa. Therefore, the ideal stage of human perfection is to become a brāhmaṇa Vaiṣṇava like Sudāmā Vipra.

Sudāmā réalisa que même si Kṛṣṇa ne peut être conquis, Il consent cependant à ce que Ses dévots Le conquièrent. Il réalisa l’immense bonté que le Seigneur lui avait montrée et, toujours en samādhi, il méditait sans fin sur Kṛṣṇa. Par ce contact constant avec Lui, quelques ténèbres de souillure matérielle qui avaient pu demeurer en son cœur se dissipèrent tout à fait. Et peu après, il se vit élevé au monde spirituel, but de tous les saints ayant atteint la perfection de l’existence.

Sudāmā Vipra realized that although Lord Kṛṣṇa is unconquerable, He nevertheless agrees to be conquered by His devotees. He realized how kind Lord Kṛṣṇa was to him, and he was always in trance, constantly thinking of Kṛṣṇa. By such constant association with Lord Kṛṣṇa, whatever darkness of material contamination remained within his heart was completely cleared away, and very shortly he was transferred to the spiritual kingdom, which is the goal of all saintly persons in the perfectional stage of life.

Śukadeva Gosvāmī a souligné le fait que tous ceux qui écouteront l’histoire de Sudāmā Vipra et de Śrī Kṛṣṇa sauront l’affection que Ce dernier porte à Ses dévots brāhmaṇas, comme Sudāmā. C’est pourquoi quiconque écoute ce récit verra peu à peu se développer en lui les qualités de Sudāmā Vipra, pour enfin retourner au Royaume spirituel de Śrī Kṛṣṇa.

Śukadeva Gosvāmī has stated that all persons who hear this history of Sudāmā Vipra and Lord Kṛṣṇa will know how affectionate Lord Kṛṣṇa is to brāhmaṇa devotees like Sudāmā. Therefore anyone who hears this history gradually becomes as qualified as Sudāmā Vipra, and he is thus transferred to the spiritual kingdom of Lord Kṛṣṇa.

Ainsi s’achèvent les enseignements de Bhaktivedanta pour le quatre-vingt-et-unième chapitre du Livre de Kṛṣṇa, intitulé: « Śrī Kṛṣṇa bénit le brāhmaṇa Sudāmā ».

Thus ends the Bhaktivedanta purport of the eighty-first chapter of Kṛṣṇa, “The Brāhmaṇa Sudāmā Blessed by Lord Kṛṣṇa.”