Skip to main content

QUATRE-VINGTIÈME CHAPITRE

CHAPTER 80

La rencontre de Śrī Kṛṣṇa et du brāhmaṇa Sudāmā

The Meeting of Lord Kṛṣṇa with Sudāmā Brāhmaṇa

Le roi Parīkṣit écoutait des lèvres de Śukadeva Gosvāmī le récit des Divertissements de Śrī Kṛṣṇa et de Śrī Balarāma. Toutes ces narrations procurent un plaisir sublime à quiconque les entend ; aussi Mahārāja Parīkṣit s’adressa-t-il en ces termes à Śukadeva Gosvāmī : « Mon Seigneur aimé, Dieu, la Personne Suprême, nul autre que Śrī Kṛṣṇa, confère aux êtres et la libération et l’amour de Dieu, simultanément. Quiconque devient dévot du Seigneur atteint tout naturellement la libération, sans avoir à fournir d’efforts séparés dans ce but. Le Seigneur est sans limites, si bien que Ses Divertissements et Ses Actes, liés à la création, au maintien et à la destruction de la manifestation cosmique tout entière, le sont également. Je désire donc entendre le récit d’autres de Ses Divertissements, dont tu ne m’aurais point encore parlé. Ô maître, les âmes conditionnées en ce monde connaissent toutes la frustration dans leur recherche du bonheur à travers la satisfaction des sens. Ces désirs de jouissance matérielle transpercent continuellement leur cœur ; mais me voilà aujourd’hui à même de comprendre comment l’écoute des Divertissements de Śrī Kṛṣṇa a le pouvoir de mettre fin à l’emprise des influences matérielles, qui incitent l’être à poursuivre le plaisir des sens dans toutes ses activités. Je pense qu’aucun homme d’intelligence ne peut rejeter cette voie, celle de l’écoute répétée des Divertissements absolus du Seigneur Suprême ; car cette pratique toute simple donne de baigner à jamais dans le bonheur spirituel, effaçant toute trace d’attrait pour la satisfaction des sens matériels. »

King Parīkṣit was hearing the narrations of the pastimes of Lord Kṛṣṇa and Lord Balarāma from Śukadeva Gosvāmī. These pastimes are all transcendentally pleasurable to hear, and Mahārāja Parīkṣit addressed Śukadeva Gosvāmī as follows: “My dear lord, the Supreme Personality of Godhead, Kṛṣṇa, is the bestower of both liberation and love of God simultaneously. Anyone who becomes a devotee of the Lord automatically attains liberation without having to make a separate attempt. Because the Lord is unlimited, His pastimes and activities for creating, maintaining and destroying the whole cosmic manifestation are also unlimited. I therefore wish to hear about other pastimes of His which you may not have described as yet. My dear master, the conditioned souls within this material world are frustrated by searching out the pleasure of happiness derived from sense gratification. Such desires for material enjoyment are always piercing the hearts of conditioned souls. But I am actually experiencing how the transcendental topics of Lord Kṛṣṇa’s pastimes can relieve one from being affected by such material activities of sense gratification. I think that no intelligent person can reject this method of hearing the transcendental pastimes of the Lord again and again; simply by hearing, one can remain always steeped in transcendental pleasure. Thus one will not be attracted by material sense gratification.”

Dans ces propos, adressés à Śukadeva Gosvāmī, Mahārāja Parīkṣit a fait usage de deux mots particulièrement importants : viṣaṇṇa et viśeṣa-jña. Viṣaṇṇa signifie « morose. » Les matérialistes inventent mille et mille moyens de trouver la satisfaction totale, mais en vérité, ils demeurent tous moroses. Certains rétorqueront qu’on voit aussi des spiritualistes demeurer moroses, et c’est pourquoi Parīkṣit Mahārāja a précisément utilisé le mot viśeṣa-jña. On distingue deux sortes de spiritualistes : les impersonnalistes et les personnalistes ; or, viśeṣa-jña désigne les personnalistes, qui portent leur intérêt vers la variété spirituelle. Les bhaktas deviennent jubilants en écoutant les descriptions des Actes personnels du Seigneur Suprême, alors que les impersonnalistes, en vérité davantage attirés par l’aspect impersonnel du Seigneur, ne connaissent qu’un attrait superficiel pour Ses Actes personnels. De sorte que même s’ils viennent au contact des Divertissements de Kṛṣṇa, parce qu’ils manquent de réaliser tout le bénéfice s’attachant à leur écoute, ils demeurent moroses, au même titre que les matérialistes enlisés dans leurs actes intéressés.

In this statement, Mahārāja Parīkṣit has used two important words: viṣaṇṇa and viśeṣa-jña. Viṣaṇṇa means “morose.” Materialistic people invent many ways and means to become fully satisfied, but actually they remain morose. The point may be raised that sometimes transcendentalists also remain morose. Parīkṣit Mahārāja, however, has used the word viśeṣa-jña. There are two kinds of transcendentalists, namely the impersonalists and the personalists. Viśeṣa-jña refers to the personalists, who are interested in transcendental variegatedness. The devotees become jubilant by hearing the descriptions of the personal activities of the Supreme Lord, whereas the impersonalists, who are actually more attracted by the impersonal feature of the Lord, are only superficially attracted by the Lord’s personal activities. As such, in spite of coming in contact with the pastimes of the Lord, the impersonalists do not fully realize the benefit to be derived, and thus they become just as morose as the materialists do in pursuing their fruitive activities.

Le roi Parīkṣit poursuivit : « L’aptitude à la parole ne peut être parfaite que par la description des Attributs spirituels et absolus du Seigneur. L’aptitude à se servir de ses mains n’est féconde que dans la mesure où on l’utilise pour le service du Seigneur. Et de même, le mental ne peut être apaisé que lorsqu’on l’emplit de pensées de Kṛṣṇa, en pleine conscience de Sa Personne. Il ne s’agit nullement de devenir un grand penseur, mais tout simplement de comprendre que Kṛṣṇa, la Vérité Absolue, Se trouve partout présent, sous Son aspect « localisé » de Paramātmā. Il suffit que l’on songe à l’omniprésence de Kṛṣṇa en tant que le Paramātmā, jusqu’au cœur de l’atome, pour conférer la plénitude à toutes les fonctions du mental : le penser, le sentir et le vouloir. Le parfait dévot du Seigneur ne voit pas l’Univers de la matière tel qu’il apparaît aux yeux matériels, mais perçoit partout la présence de Son Seigneur adoré dans Sa Forme de Paramātmā « .

King Parīkṣit continued, “The ability to talk can be perfected only by describing the transcendental qualities of the Lord. The ability to work with one’s hands can be successful only when one engages himself in the service of the Lord with those hands. Similarly, one’s mind can be peaceful only when one simply thinks of Kṛṣṇa in full Kṛṣṇa consciousness. This does not mean that one has to have very great thinking power: one has to understand simply that Kṛṣṇa, the Absolute Truth, is all-pervasive by His localized aspect of Paramātmā. If one can simply think that Kṛṣṇa, as Paramātmā, is everywhere, even within the atom, then one can perfect the thinking, feeling and willing functions of his mind. The perfect devotee does not see the material world as it appears to material eyes, for he sees everywhere the presence of his worshipable Lord in His Paramātmā feature.”

Mahārāja Parīkṣit dit encore que la fonction de l’oreille se trouve parfaitement remplie lorsqu’on l’engage dans l’écoute des Actes sublimes du Seigneur. Et que la tête trouve sa pleine utilité lorsqu’elle s’incline devant le Seigneur et Son représentant. En vérité, le Seigneur est représenté dans le cœur de chacun, c’est un fait ; aussi le bhakta hautement réalisé offre-t-il ses respects à chaque être vivant, tenant chaque corps pour un temple du Seigneur. Mais il n’est pas possible à tous les hommes d’acquérir dès l’abord une telle vision, en propre celle du bhakta de premier ordre. Le bhakta de second ordre peut, quant à lui, considérer les autres vaiṣṇavas, ou dévots du Seigneur, comme des représentants de Kṛṣṇa ; et le néophyte, le bhakta de troisième ordre, au seuil de la réalisation spirituelle, peut se prosterner devant la Mūrti dans le temple et devant le maître spirituel, qui est une manifestation directe du Seigneur Suprême. Mais aux trois niveaux – néophyte, intermédiaire et parfait –, on peut faire le meilleur usage de sa tête en l’inclinant devant le Seigneur ou Ses représentants, et de même des yeux, en voyant le Seigneur et Son représentant. Ainsi, chacun peut élever les fonctions des différentes parties de son corps jusqu’au niveau de la plus haute perfection, simplement en les engageant au service de Dieu ou de Ses agents. Même si l’on est incapable d’en faire plus, on aura tout avantage à se prosterner devant eux, et à boire le caraṇāmṛta, l’eau qui a baigné les pieds pareils-au-lotus du Seigneur ou de Son dévot.

Mahārāja Parīkṣit continued by saying that the function of the ear can be perfected simply by engagement in hearing the transcendental activities of the Lord, and the function of the head can be fully utilized when the head is engaged in bowing down before the Lord and His representative. That the Lord is represented in everyone’s heart is a fact, and therefore the highly advanced devotee offers his respects to every living entity, considering that the body is the temple of the Lord. But it is not possible for all men to come to that stage of life immediately, because that stage is for the first-class devotee. The second-class devotee can consider the Vaiṣṇavas, or the devotees of the Lord, to be representatives of Kṛṣṇa, and the devotee who is just beginning, the neophyte or third-class devotee, can bow his head before the Deity in the temple and before the spiritual master, who is the direct manifestation of the Supreme Personality of Godhead. Therefore, in the neophyte stage, in the intermediate stage or in the fully advanced, perfected stage, one can make the function of the head perfect by bowing down before the Lord or His representative. Similarly, one can perfect the function of the eyes by seeing the Lord and His representative. In this way, everyone can elevate the functions of the different parts of his body to the highest perfectional stage simply by engaging them in the service of the Lord or His representative. If one is able to do nothing more, he can simply bow down before the Lord and His representative and drink the caraṇāmṛta, the water which has washed the lotus feet of the Lord or His devotee.

À ces mots de Mahārāja Parīkṣit, traduisant sa profonde réalisation de la philosophie vaiṣṇava, Śukadeva Gosvāmī fut envahi par l’extase dévotionnelle. Il se trouvait déjà engagé à décrire les Activités du Seigneur, si bien que lorsque Mahārāja Parīkṣit le pria de poursuivre sa narration, c’est avec grand plaisir qu’il s’exécuta, continuant le récit du Śrīmad-Bhāgavatam.

On hearing these statements of Mahārāja Parīkṣit’s, Śukadeva Gosvāmī was overwhelmed with devotional ecstasy because of King Parīkṣit’s advanced understanding of the Vaiṣṇava philosophy. Śukadeva Gosvāmī was already engaged in describing the activities of the Lord, and when asked by Mahārāja Parīkṣit to describe them further, he continued to narrate Śrīmad-Bhāgavatam with great pleasure.

Kṛṣṇa avait un très bon ami brāhmaṇa. Parfait dans son statut, il jouissait d’un très haut savoir spirituel, et de ce fait, n’éprouvait aucun attrait pour les plaisirs de ce monde. Ainsi avait-il atteint la suprême maîtrise de ses sens et vivait-il dans la plus parfaite sérénité. Ce qui revient à dire qu’il était un bhakta accompli, car à moins d’être établi dans la dévotion absolue, nul n’a accès au plus haut niveau du savoir, où, selon la Bhagavad-gītā, l’être s’abandonne à Dieu, la Personne Suprême. En d’autres mots, quiconque a abandonné sa vie au service du Seigneur est parvenu au niveau du savoir parfait, dont le fruit réside dans le détachement des voies matérialistes de l’existence. Ce dénuement implique une parfaite maîtrise des sens, qui d’ordinaire se tournent toujours vers les plaisirs matériels. Les sens du bhakta deviennent ainsi purifiés, et engagés au service du Seigneur. Voilà qui couvre le champ complet du service de dévotion.

There was a very nice brāhmaṇa friend of Lord Kṛṣṇa. As a perfect brāhmaṇa, he was very elevated in transcendental knowledge, and because of his advanced knowledge, he was not at all attached to material enjoyment. Therefore he was very peaceful and had achieved supreme control over his senses. This means that the brāhmaṇa was a perfect devotee, because unless one is a perfect devotee he cannot achieve the highest standard of knowledge. It is stated in the Bhagavad-gītā that a person who has come to the perfection of knowledge surrenders unto the Supreme Personality of Godhead. In other words, any person who has surrendered his life for the service of the Supreme Personality of Godhead has come to the point of perfect knowledge. The result of perfect knowledge is that one becomes detached from the materialistic way of life. This detachment means complete control of the senses, which are always attracted by material enjoyment. The senses of the devotee become purified, and in that stage the senses are engaged in the service of the Lord. That is the complete field of devotional service.

Bien que l’ami brāhmaṇa de Śrī Kṛṣṇa fût un gṛhastha, il ne s’affairait point à amasser des biens en vue d’une existence confortable ; il se trouvait satisfait de ce qui lui venait naturellement selon sa destinée. Et tel est bien le signe du parfait savoir. L’homme à la connaissance achevée sait que nul ne peut connaître un bonheur supérieur à celui qui lui est dévolu. En ce monde, chacun se voit appelé à souffrir dans une certaine mesure et à jouir de la vie dans une autre. La somme de joies et peines que chacun doit connaître est déterminée à l’avance, et nul ne peut accroître ou décroître les plaisirs ou les souffrances liés à l’existence matérielle. Notre brāhmaṇa, donc, ne s’employait pas à rechercher un plus grand bonheur matériel, mais utilisait son temps pour progresser dans la Conscience de Kṛṣṇa. Selon toute apparence, il vivait dans la pauvreté, sans les moyens de s’offrir, à lui-même ou à sa femme, des vêtements respectables, ni de se nourrir convenablement ; ils étaient tous deux plutôt maigres. La femme n’accordait pas une grande importance à son confort personnel, mais se sentait concernée par son époux, un brāhmaṇa si vertueux. Elle tremblait du fait de sa santé fragile, et bien que répugnant à dicter sa conduite à son époux, elle lui adressa ces mots :

Although the brāhmaṇa friend of Lord Kṛṣṇa was a householder, he was not busy accumulating wealth for very comfortable living; therefore he was satisfied by the income which automatically came to him according to his destiny. This is the sign of perfect knowledge. A man in perfect knowledge knows that one cannot be happier than he is destined to be. In this material world, everyone is destined to suffer a certain amount of distress and enjoy a certain amount of happiness. The amount of happiness and distress is already predestined for every living entity. No one can increase or decrease the happiness of the materialistic way of life. The brāhmaṇa, therefore, did not exert himself for more material happiness; instead, he used his time for advancement of Kṛṣṇa consciousness. Externally he appeared very poor because he had no rich clothes and could not provide rich clothes for his wife. Because their material condition was not very opulent, they were not even eating sufficiently, and thus both he and his wife appeared very thin. The wife was not anxious for her personal comfort, but she felt concerned for her husband, who was such a pious brāhmaṇa. She trembled due to her weak health, and although she did not like to dictate to her husband, she spoke as follows.

« Mon cher seigneur, je sais que Śrī Kṛṣṇa, l’Époux de la déesse de la fortune, est ton ami intime. Tu es en outre Son dévot, et Il est toujours prêt à aider Son fidèle serviteur. Même si tu penses n’offrir en réalité aucun service dévotieux au Seigneur, tu Lui es quand même tout entier soumis, et Il protège toujours les âmes soumises. De plus, je sais que Śrī Kṛṣṇa représente le modèle personnifié de la culture védique. Il Se montre toujours favorable à la culture brahmanique et couvre de Sa bonté les brāhmaṇas qualifiés. Tu es l’homme le plus fortuné, car tu as pour ami le Seigneur Souverain. Śrī Kṛṣṇa représente le seul refuge pour ceux qui comme toi se sont tout entiers abandonnés à Lui. Tu es un saint, un érudit, et maître de tes sens. Dans ces circonstances, Śrī Kṛṣṇa est ton seul refuge. Va donc vers Lui, je t’en prie. Je suis certaine qu’Il comprendra aussitôt dans quel état de pauvreté tu te trouves. N’oublie pas que tu es également un chef de famille : sans moyens financiers, ta condition est en détresse. Mais sitôt que le Seigneur comprendra ta position, Il t’offrira certes des richesses suffisantes pour vivre confortablement. Śrī Kṛṣṇa gouverne maintenant les dynasties Bhoja, Vṛṣṇi et Andhaka et j’ai entendu dire qu’Il ne quitte jamais Sa capitale, Dvārakā, aucune de Ses occupations ne L’appelant à l’extérieur. Il est si bon et si libéral qu’aussitôt Il donne tout, Sa propre Personne même, à quiconque s’abandonne à Lui. Et s’Il Se montre ainsi prêt à Se donner en Personne à Son dévot, il n’y a certes rien d’extraordinaire pour Lui à accorder quelques richesses matérielles ! Certes, Il n’accorde point grande richesse à Son dévot si celui-ci n’est pas bien établi dans la voie dévotionnelle, mais je crois qu’Il doit bien savoir avec quelle fermeté tu pratiques le service de dévotion. Il n’hésitera donc pas à t’accorder quelques bénéfices matériels pour te permettre de faire face aux besoins de l’existence. »

“My dear lord, I know that Lord Kṛṣṇa, the husband of the goddess of fortune, is your personal friend. You are also a devotee of Lord Kṛṣṇa, and He is always ready to help His devotee. Even if you think that you are not rendering any devotional service to the Lord, still you are surrendered to Him, and the Lord is the protector of the surrendered soul. Moreover, I know that Lord Kṛṣṇa is the ideal personality of Vedic culture. He is always in favor of brahminical culture and is very kind to the qualified brāhmaṇas. You are the most fortunate person because you have as your friend the Supreme Personality of Godhead. Lord Kṛṣṇa is the only shelter for personalities like you because you are fully surrendered unto Him. You are saintly, learned and fully in control of your senses. Under the circumstances, Lord Kṛṣṇa is your only shelter. Please, therefore, go to Him. I am sure that He will immediately understand your impoverished position. You are a householder; therefore without money you are in distress. But as soon as He understands your position, He will certainly give you sufficient riches so that you can live very comfortably. Lord Kṛṣṇa is now the king of the Bhoja, Vṛṣṇi and Andhaka dynasties, and I have heard that He never leaves His capital city, Dvārakā. He is living there without outside engagements. He is so kind and liberal that He immediately gives everything, even His personal self, to any person who surrenders unto Him. Since He is prepared to give Himself personally to His devotee, there is nothing wonderful in giving some material riches. Of course, He does not give much material wealth to His devotee if the devotee is not very much fixed, but I think that in your case He knows perfectly well how much you are fixed in devotional service. Therefore He will not hesitate to award you some material benefit for the bare necessities of life.”

Ainsi, l’épouse du brāhmaṇa l’implora encore et encore, avec beaucoup d’humilité et de soumission, de se rendre chez Kṛṣṇa. Le brāhmaṇa se disait qu’il n’avait nul besoin de demander quelque bienfait matériel que ce soit à Kṛṣṇa, mais il était poussé par les sollicitations répétées de son épouse. De plus, il songea : « Si je vais là-bas, je pourrai voir le Seigneur en Personne. Ce sera une grande chance, même si je ne Lui demande rien. » Lorsqu’il se fut décidé à aller voir Kṛṣṇa, il demanda à son épouse si elle avait quelque chose dans la maison qu’il puisse offrir au Seigneur, son ami. L’épouse réunit aussitôt quatre poignées de riz en lamelle auprès de ses amies voisines et les emballa dans un petit carré de tissu, une espèce de mouchoir, qu’elle ferma par un nœud. Sans attendre, le brāhmaṇa prit le présent et se dirigea vers Dvārakā pour voir son Seigneur. Tout au long du chemin, il était absorbé dans la pensée qu’il allait pouvoir contempler l’habitat de Śrī Kṛṣṇa ; rien d’autre n’occupait son cœur que Kṛṣṇa.

In this way, the wife of the brāhmaṇa again and again requested, in great humility and submission, that he go to Lord Kṛṣṇa. The brāhmaṇa thought that there was no need to ask any material benefit from Lord Śrī Kṛṣṇa, but he was induced by the repeated requests of his wife. Moreover, he thought, “If I go there I shall be able to see the Lord personally. That will be a great opportunity, even if I don’t ask any material benefit from Him.” When he had decided to go to Kṛṣṇa, he asked his wife if she had anything in the home that he could offer to Kṛṣṇa, because he must take some presentation for his friend. The wife immediately collected four palmfuls of chipped rice from her neighborhood friends and tied it in a small cloth, like a handkerchief, and gave it to her husband to present to Kṛṣṇa. Without waiting any longer, the brāhmaṇa took the presentation and proceeded toward Dvārakā to see his Lord. He was absorbed in the thought of how he would be able to see Lord Kṛṣṇa. He had no thought within his heart other than Kṛṣṇa.

Il était bien sûr difficile de pénétrer dans les palais des rois de la dynastie Yadu, mais les brāhmaṇas avaient droit de visite. Lorsque l’ami brāhmaṇa de Śrī Kṛṣṇa parvint à destination, il dut, avec d’autres brāhmaṇas, traverser trois camps militaires, chacun protégé de grands portails. Il se trouva ensuite devant seize mille grands palais, quartiers résidentiels des reines de Śrī Kṛṣṇa. Le brāhmaṇa pénètre dans l’un, absolument somptueux. Il se sent aussitôt nager dans l’océan de la félicité spirituelle, plongeant puis remontant à la surface de cet océan sublime dans un mouvement ininterrompu.

It was of course very difficult to reach the palaces of the kings of the Yadu dynasty, but brāhmaṇas were allowed to visit. When the brāhmaṇa friend of Lord Kṛṣṇa went there, he, along with other brāhmaṇas, had to pass through three military encampments. In each camp there were very big gates, and he also had to pass through them. After the gates and the camps, there were sixteen thousand big palaces, the residential quarters of the sixteen thousand queens of Lord Kṛṣṇa. The brāhmaṇa entered one palace which was very gorgeously decorated. When he entered this beautiful palace, he felt that he was swimming in the ocean of transcendental pleasure. He felt himself constantly diving and surfacing in that transcendental ocean.

À ce moment, Kṛṣṇa Se trouvait assis sur le lit de la reine Rukmiṇī. Bien qu’une distance considérable les sépare encore, le Seigneur peut voir au loin le brāhmaṇa et reconnaître en lui Son intime. Il quitte aussitôt Son siège et S’avance pour recevoir Son ami brāhmaṇa. Parvenu auprès de lui, Il l’étreint de Ses deux bras. Śrī Kṛṣṇa est le Réservoir de tous les plaisirs spirituels, et pourtant Il éprouve à ce moment une satisfaction profonde à étreindre le pauvre brāhmaṇa, lui Son ami très cher. Śrī Kṛṣṇa le fait asseoir sur Son propre divan et lui apporte personnellement toutes sortes de fruits et de boissons, comme l’exige la réception d’un invité vénérable. Le Seigneur Śrī Kṛṣṇa est infiniment pur, mais jouant le rôle d’un homme ordinaire, Il lave sans hésiter les pieds du brāhmaṇa, puis, pour Sa propre purification, asperge Sa tête de l’eau ainsi utilisée. Le Seigneur enduit ensuite le corps du brāhmaṇa de différentes sortes de pulpes parfumées, celles du santal, de l’aguru, du safran… Il fait brûler plusieurs sortes d’encens odorants, puis, comme le veut la coutume, offre l’ārati au brāhmaṇa, au moyen de lampes allumées. Après cet accueil approprié, et après que le brāhmaṇa eut honoré nourriture et boisson, Kṛṣṇa dit : « Mon cher ami, quelle heureuse fortune que tu sois venu ici ! »

At that time, Lord Kṛṣṇa was sitting on the bedstead of Queen Rukmiṇī. Even from a considerable distance He could see the brāhmaṇa coming to His home, and He could recognize him as His friend. Lord Kṛṣṇa immediately left His seat and came forward to receive His brāhmaṇa friend and, upon reaching him, embraced the brāhmaṇa with His two arms. Lord Kṛṣṇa is the reservoir of all transcendental pleasure, yet He Himself felt great pleasure upon embracing the poor brāhmaṇa because He was meeting His very dear friend. Lord Kṛṣṇa had him seated on His own bedstead and personally brought all kinds of fruits and drinks to offer him, as is proper in receiving a worshipable guest. Lord Śrī Kṛṣṇa is the supreme pure, but because He was playing the role of an ordinary human being, He immediately washed the brāhmaṇa’s feet and, for His own purification, sprinkled the water onto His head. After this the Lord smeared the body of the brāhmaṇa with different kinds of scented pulp, such as sandalwood, aguru and saffron. He immediately burned several kinds of scented incense and, as is usual, offered him ārati with burning lamps. After thus offering him an adequate welcome and after the brāhmaṇa had taken food and drink, Lord Kṛṣṇa said, “My dear friend, it is a great fortune that you have come here.”

Le brāhmaṇa, vu sa pauvreté, n’était pas bien vêtu : ses habits étaient déchirés et sales, et son corps bien maigre. Il ne semblait pas très propre, et de par sa faible constitution, on voyait distinctement ses os. La déesse de la fortune, Rukmiṇī-devī, se mit en personne à l’éventer d’un cāmara, mais les autres femmes du palais furent quant à elles surprises de voir comment Śrī Kṛṣṇa recevait ce brāhmaṇa. Elles s’étonnaient devant l’ardeur déployée par le Seigneur en vue d’accueillir ce visiteur particulier.

Elles s’interrogèrent donc sur les raisons qui pouvaient pousser Śrī Kṛṣṇa à recevoir personnellement un brāhmaṇa si pauvre, mal vêtu, ni bien mis ni très propre ; mais dans un même temps, elles réalisaient qu’il ne pouvait être un homme du commun. Elles savaient qu’il avait dû accomplir dans le passé de glorieux actes de vertu ; sinon, pourquoi Śrī Kṛṣṇa, l’Époux de la déesse de la fortune, prenait-Il tant soin de lui ? Elles étaient encore plus ébahies de voir le brāhmaṇa assis sur le divan du Seigneur, et combien plus encore de voir Kṛṣṇa l’étreindre comme Il étreint Son Frère aîné, Balarāmajī, car Il n’avait coutume d’étreindre que Rukmiṇī ou Balarāma, et nul autre.

The brāhmaṇa, being very poor, was not dressed nicely; his clothing was torn and dirty, and his body was very lean and thin. He appeared not very clean, and because of his weak body, his bones were distinctly visible. The goddess of fortune Rukmiṇī-devī personally began to fan him with the cāmara fan, but the other women in the palace were astonished at Lord Kṛṣṇa’s behavior in receiving the brāhmaṇa in that way. They were surprised to see how eager Lord Kṛṣṇa was to welcome this particular brāhmaṇa. They wondered how Lord Kṛṣṇa could personally receive a brāhmaṇa who was poor, not very neat or clean, and poorly dressed; but at the same time they could realize that the brāhmaṇa was not an ordinary living being. They knew that he must have performed great pious activities; otherwise why was Lord Kṛṣṇa, the husband of the goddess of fortune, taking care of him so much? They were still more surprised to see that the brāhmaṇa was seated on the bedstead of Lord Kṛṣṇa. They were especially surprised to see that Lord Kṛṣṇa had embraced him exactly as He embraced His elder brother, Balarāmajī, because Lord Kṛṣṇa used to embrace only Rukmiṇī or Balarāma, and no one else.

Après avoir bien reçu le brāhmaṇa, et l’avoir assis sur Son propre divan, garni de coussins moelleux, Śrī Kṛṣṇa dit : « Mon cher ami, tu es doué d’une intelligence des plus élevées, et tu connais fort bien les principes de la vie spirituelle. J’imagine qu’à la fin de tes études à l’āśrama de notre maître, après que tu l’aies suffisamment rémunéré, tu es retourné chez toi pour prendre une épouse digne de ta personne. Je sais très bien que tu n’as jamais été attaché aux voies matérialistes de l’existence, non plus que tu n’aspirais à la richesse, en sorte que tu te trouves aujourd’hui dans le besoin. Rares en ce monde ceux qui n’éprouvent aucun attrait pour l’opulence matérielle. Ceux-là ne manifestent pas le moindre désir d’accumuler des richesses ou de prospérer dans la satisfaction des sens ; néanmoins, ils amassent parfois de l’argent à seule fin de vivre en gṛhasthas exemplaires, et de montrer, en distribuant leurs richesses comme il convient, comment devenir un chef de famille modèle en même temps qu’un grand bhakta. Il faut voir ces gṛhasthas exemplaires comme marchant sur Mes traces. J’espère, cher ami, que tu te souviens de tous ces jours de notre vie écolière, lorsque toi et Moi vivions ensemble à l’āśrama de notre maître. En vérité, tout le savoir que toi et Moi avons reçu dans notre vie nous fut donné lors de nos études.

After the brāhmaṇa had been received nicely and seated on Lord Kṛṣṇa’s own cushioned bed, he and Kṛṣṇa took each other’s hands and began to talk about their early life, when they had both lived under the protection of the gurukula (a boarding school). Lord Kṛṣṇa said, “My dear brāhmaṇa friend, you are a most intelligent personality, and you know very well the principles of religious life. I believe that after you finished your education at the house of our teacher and after you sufficiently remunerated him, you must have gone back to your home and accepted a suitable wife. I know very well that from the beginning you were not at all attached to the materialistic way of life, nor did you desire to be very opulent materially, and therefore you are in need of money. In this material world, persons who are not attached to material opulence are very rarely found. Such unattached persons haven’t the least desire to accumulate wealth and prosperity for sense gratification, but sometimes they are found to collect money just to exhibit the exemplary life of a householder. They show how by proper distribution of wealth one can become an ideal householder and at the same time a great devotee. Such ideal householders are to be considered followers of My footsteps. I hope, My dear brāhmaṇa friend, that you remember all those days of our school life when you and I were living together at the boarding school. Actually, whatever knowledge you and I received in life was accumulated in our student life.

« Si un homme reçoit une éducation suffisante au cours de ses études sous la direction d’un maître qualifié, sa vie se verra couronnée de succès. Il pourra aisément traverser l’océan de l’ignorance et surmonter l’emprise de l’énergie illusoire. Mon cher ami, chacun doit tenir son père pour son premier maître, car par la miséricorde du père on obtient ce corps. Le père est donc le précepteur naturel. Le guide suivant est le maître spirituel, celui qui nous initie au savoir absolu, et il doit être adoré au même titre que Moi.

« La personne du maître spirituel n’est pas forcément unique. Le précepteur qui instruit le disciple porte le nom de śikṣā-guru, et celui qui l’initie de dīkṣā-guru. Tous deux Me représentent. Plusieurs maîtres spirituels peuvent instruire un même disciple, mais un seul doit l’initier. L’être humain qui sait tirer profit de ces guides et qui, ayant reçu de leurs lèvres une connaissance adéquate, franchit l’océan de l’existence matérielle, de cet homme on dira qu’il a fait bon usage de sa forme humaine. Il réalise de façon tangible que l’intérêt ultime de l’existence, perceptible seulement à travers la forme humaine, consiste à atteindre la perfection spirituelle pour pouvoir être promu au Royaume de Dieu, en notre demeure originelle.

“If a man is sufficiently educated in student life under the guidance of a proper teacher, his life becomes successful in the future. He can very easily cross over the ocean of nescience, and he is not subject to the influence of the illusory energy. My dear friend, everyone should consider his father to be his first teacher because by the mercy of one’s father one gets this body. The father is therefore the natural spiritual master. Our next spiritual master is he who initiates us into transcendental knowledge, and he is to be worshiped as much as I am. The spiritual master may be more than one. The spiritual master who instructs the disciple about spiritual matters is called the śikṣā-guru, and the spiritual master who initiates the disciple is called the dīkṣā-guru. Both of them are My representatives. There may be many spiritual masters who instruct, but the initiator spiritual master is one. A human being who takes advantage of these spiritual masters and, receiving proper knowledge from them, crosses the ocean of material existence is to be understood as having properly utilized his human form of life. He has practical knowledge that the ultimate interest of life, which is to be gained only in this human form, is to achieve spiritual perfection and thus be transferred back home, back to Godhead.

« Cher ami, Je suis le Paramātmā, l’Âme Suprême sise dans le cœur de chacun, et c’est Ma volonté expresse que les hommes observent les principes du varṇāśrama-dharma. Comme Je l’ai enseigné dans la Bhagavad-gītā, la société doit être divisée en quatre varṇas, selon les attributs et les actes de chacun. Et de même, chaque homme doit diviser sa vie en quatre parties. La première sera consacrée aux études, l’étudiant devant se qualifier par l’assimilation de connaissances adéquates et l’observance du vœu de brahmacarya, tout entier dévoué au service du maître spirituel et renonçant aux plaisirs des sens. Le brahmacārī doit mener une vie d’austérité et de pénitence.

« La seconde tranche de la vie est celle du gṛhastha, de la vie conjugale, qui permet de jouir de façon restreinte des plaisirs de ce monde. Mais nul ne doit pour autant passer le troisième quart de sa vie au sein de la famille ; il faut alors reprendre les austérités pratiquées lors du brahmacarya, et ainsi trancher ses attaches à la vie de famille. Puis, une fois dégagé de ces liens matériels, on doit pénétrer dans la quatrième phase de l’existence, et accepter le sannyāsa.

“My dear friend, I am Paramātmā, the Supersoul present in everyone’s heart, and it is My direct order that human society follow the principles of varṇa and āśrama. As I have stated in the Bhagavad-gītā, human society should be divided into four varṇas, according to quality and action. Similarly, everyone should divide his life into four parts. One should utilize the first part of life in becoming a bona fide student, receiving adequate knowledge and keeping oneself in the vow of brahmacarya, so that one may completely devote his life for the service of the spiritual master without indulging in sense gratification. A brahmacārī is meant to lead a life of austerities and penance. The householder is meant to live a regulated life of sense gratification, but no one should remain a householder for the third stage of life. In that stage, one has to return to the austerities and penances formerly practiced in brahmacārī life and thus relieve himself of the attachment to household life. After being relieved of his attachments to the materialistic way of life, one may accept the order of sannyāsa.

« En tant qu’Âme Suprême de tous les êtres, sis en leur cœur, J’observe chacun de leurs actes à chaque étape de leur vie. Quel que soit l’āśrama où il se situe, celui que Je vois remplir avec sérieux et sincérité les devoirs désignés par son maître spirituel, et dédier ainsi son existence à le servir, celui-là Me devient infiniment cher. Quant au brahmacarya, si l’on peut s’y fixer sous les directives du maître spirituel, c’est une excellente chose ; mais si le brahmacārī ressent l’appel de la chair, il doit prendre congé de son guru après l’avoir satisfait suivant ses nobles désirs. La coutume védique veut qu’un présent soit alors offert au maître spirituel : le guru-dakṣiṇā. Le disciple adoptera ensuite la vie de famille, et prendra épouse selon les rites religieux. »

“As the Supersoul of the living entities, I sit in everyone’s heart and observe everyone’s activity in every stage and order of life. Regardless of which stage one is in, when I see that one is engaged seriously and sincerely in discharging the duties ordered by the spiritual master and is thus dedicating his life to the service of the spiritual master, that person becomes most dear to Me. As far as the life of brahmacarya is concerned, if one can continue the life of a brahmacārī under the direction of a spiritual master, that is extremely good; but if in brahmacārī life one feels sex impulses, he should take leave of his spiritual master, satisfying him according to the guru’s desire. According to the Vedic system, a gift is offered to the spiritual master, which is called guru-dakṣiṇā. Then the disciple should take to householder life and accept a wife according to religious rites.”

Ces instructions données par Śrī Kṛṣṇa au cours de Son entretien avec Son ami le brāhmaṇa érudit sont précieuses pour l’humanité. Toute civilisation qui néglige de promouvoir l’institution des varṇas et āśramas n’est en fait qu’une société animale, si sophistiquée soit-elle ! L’assouvissement des désirs charnels entre partenaires non mariés n’est jamais acceptable dans la société humaine. Car, l’homme doit ou adhérer rigoureusement aux principes du brahmacarya, ou bien, avec la permission de son maître spirituel, se marier. Le célibat souillé de rapports sexuels n’est rien moins que de l’animalité. Les animaux, en effet, ne connaissent point l’institution du mariage.

These instructions given by Lord Kṛṣṇa while talking with His friend the learned brāhmaṇa are very good for the guidance of human society. A system of human civilization that does not promote varṇa and āśrama is nothing but a polished animal society. Indulgence in sex life by a man or woman living single is never acceptable in human society. A man should strictly follow the principles of brahmacārī life or, with the permission of the spiritual master, should get married. Single life with illicit sex is animal life, for the animals have no such institution as marriage.

Or, la société moderne ne favorise certes pas l’accomplissement de la mission humaine, qui n’est autre que de retourner à Dieu, en notre demeure éternelle. Afin de répondre à cette mission, il nous faut adhérer avec conscience et rigueur aux principes du varṇāśrama-dharma. Lorsque les hommes modèlent indirectement leur existence sur cette institution, sans être guidés par une autorité spirituelle, ils sèment le désordre, et privent la société de toute paix ou prospérité.

Modern society does not aim at fulfilling the mission of human life, which is to go back home, back to Godhead. To fulfill this mission, the system of varṇa and āśrama must be followed. When the system is followed rigidly and consciously, it fulfills this mission, but when followed indirectly, without the guidance of superior authority, it simply creates a disturbing condition in human society, and there is no peace and prosperity.

Śrī Kṛṣṇa poursuivit : « Cher ami, tu te souviens, Je pense, des activités qui marquèrent notre vie étudiante. Ainsi, peut-être te rappelles-tu du jour où sur l’ordre de l’épouse de notre guru, nous allâmes ramasser du bois. Ramassant le bois sec, nous pénétrâmes dans l’épaisse forêt et nous y perdîmes. Un tourbillon de poussière nous surprit, puis survinrent les nuages, les éclairs, et le tonnerre retentissant. Se coucha alors le soleil, nous laissant égarés dans la jungle ténébreuse. Des pluies torrentielles inondèrent le sol, et nous fûmes incapables de retrouver le chemin de l’āśrama. Tu te souviens sans doute de cette pluie d’orage – plutôt un déluge en fait –, des gouttes acérées et des volées de poussière, qui nous infligèrent tant de souffrances. Quelque direction que nous prissions s’avérait accroître notre égarement. Dans cette condition de détresse, nous nous prîmes par la main, et tentèrent de retrouver notre chemin. C’est ainsi que s’écoula la nuit entière. Tôt le matin, lorsque notre gurudeva apprit notre absence, il se mit à notre recherche en compagnie d’autres de ses disciples, et lorsqu’ils nous trouvèrent dans la jungle, nous sombrions dans une profonde désolation.

Kṛṣṇa continued to talk with His brāhmaṇa friend: “My dear friend, I think you remember our activities during the days when we were living as students. You may remember that once we went to collect fuel from the forest on the order of the guru’s wife. While collecting the dried wood, we entered the dense forest and by chance became lost. There was an unexpected dust storm and then clouds and lightning in the sky and the explosive sound of thunder. Then sunset came, and we were lost in the dark jungle. After this, there was severe rainfall; the whole ground was overflooded with water, and we could not trace out the way to return to our guru’s āśrama. You may remember that heavy rainfall – it was not actually rainfall but a sort of devastation. On account of the dust storm and the heavy rain, we began to feel greatly pained, and in whichever direction we turned we were bewildered. In that distressed condition, we took each other’s hand and tried to find our way out. We passed the whole night in that way, and early in the morning, when our absence became known to our gurudeva, he sent his other disciples to search us out. He also came with them, and when they reached us in the jungle they found us very much distressed.

« Animé d’une grande compassion, notre gurudeva dit : “Mes chers garçons, il est merveilleux que vous ayez pour moi enduré tant de tourments. Le commun des hommes préfère prendre soin de son propre corps d’abord et avant tout, mais si puissantes votre foi et votre bonté pour votre guru que, négligeant tout souci de confort personnel, vous avez pour lui pris tant de peine. Grande est ma joie de voir que de vrais disciples comme vous sont prêts à tolérer toutes sortes de désagréments pour la satisfaction de leur maître spirituel. Car c’est bien ainsi qu’un disciple qualifié s’acquitte de sa dette envers lui. Il va par ailleurs du devoir du disciple de vouer sa vie au service de son maître spirituel. Ô chers disciples, meilleurs des deux-fois-nés, mon bonheur ne connaît pas de bornes devant vos actions. Je vous bénis : puissent tous vos désirs et ambitions être comblés. Puisse le savoir des Vedas, dont je vous ai livré la clé, demeurer à jamais en vos mémoires afin qu’à chaque instant vous puissiez vous souvenir de leurs enseignements et les citer sans difficulté. Vous ne connaîtrez ainsi de déception ni dans cette vie ni dans l’autre.”

“With great compassion our gurudeva said, ‘My dear boys, it is very wonderful that you have suffered so much trouble for me. Everyone likes to take care of his body as the first consideration, but you are so good and faithful to your guru that without caring for bodily comforts you have taken so much trouble for me. I am glad to see that bona fide students like you will undergo any kind of trouble for the satisfaction of the spiritual master. That is the way for a bona fide disciple to become free from his debt to the spiritual master. It is the duty of the disciple to dedicate his life to the service of the spiritual master. My dear best of the twice-born, I am greatly pleased by your acts, and I bless you: May all your desires and ambitions be fulfilled. May the understanding of the Vedas which you have learned from me always continue to remain within your memory, so that at every moment you can remember the teachings of the Vedas and quote their instructions without difficulty. Thus you will never be disappointed in this life or the next.’”

Śrī Kṛṣṇa poursuivit : « Mon cher ami, tu te souviens peut-être que survinrent bon nombre de tels incidents alors que nous demeurions à l’āśrama de notre guru. Nous pouvons tous deux réaliser que privé des bénédictions du maître spirituel, nul ne peut connaître le bonheur. Par sa miséricorde ainsi que par ses bénédictions, on peut obtenir paix et prospérité, et remplir sa mission d’homme. »

Kṛṣṇa continued, “My dear friend, you may remember that many such incidents occurred while we were in the āśrama of our spiritual master. Both of us can realize that without the blessings of the spiritual master no one can be happy. By the mercy of the spiritual master and by his blessings, one can achieve peace and prosperity and be able to fulfill the mission of human life.”

À ces mots de Kṛṣṇa, l’érudit brāhmaṇa répondit : « Ô cher Kṛṣṇa, Tu es le Seigneur Suprême, et de tous le Maître spirituel. Pour avoir eu l’immense fortune de vivre en Ta compagnie sous le toit de notre guru, j’estime à présent n’avoir à répondre à aucun des devoirs prescrits par les Vedas. Ô Seigneur, les hymnes védiques, les cérémonies rituelles, les actes de piété, ainsi que toute autre nécessité liée à la poursuite de la perfection humaine, et comprenant l’acquisition des richesses, la satisfaction des sens et la libération, tous tirent leur origine d’une même source : Ta Personne Souveraine. Toutes les différentes voies d’existence n’ont pour but ultime que de connaître Ta Personne. Pour ainsi dire, elles représentent les différentes parties de Ta Forme spirituelle et absolue. Et pourtant, Tu jouas le rôle d’un brahmacārī et vécus en notre compagnie sous le toit du guru. Si Tu T’es ainsi livré à ces Divertissements, ce n’est que pour Ton plaisir ; sinon, rien ne T’obligeait à accepter la position d’un être humain. »

On hearing this, the learned brāhmaṇa replied, “My dear Kṛṣṇa, You are the Supreme Lord and the supreme spiritual master of everyone, and since I was fortunate enough to live with You in the house of our guru, I think I have nothing more to do in the matter of prescribed Vedic duties. My dear Lord, the Vedic hymns, ritualistic ceremonies, religious activities and all other necessities for the perfection of human life, including economic development, sense gratification and liberation, are all derived from one source: Your supreme personality. All the different processes of life are ultimately meant for understanding Your personality. In other words, they are the different parts of Your transcendental form. And yet You played the role of a student and lived with us in the house of the guru. This means that You adopted all these pastimes for Your pleasure only; otherwise there was no need for Your playing the role of a human being.”

Ainsi s’achèvent les enseignements de Bhaktivedanta pour le quatre-vingtième chapitre du Livre de Kṛṣṇa, intitulé: « La rencontre de Śrī Kṛṣṇa et du brāhmaṇa Sudāmā  ».

Thus ends the Bhaktivedanta purport of the eightieth chapter of Kṛṣṇa, “The Meeting of Lord Kṛṣṇa with Sudāmā Brāhmaṇa.”