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SOIXANTIÈME CHAPITRE

CHAPTER 60

Conversations échangées entre Kṛṣṇa et Rukmiṇī

Talks Between Kṛṣṇa and Rukmiṇī

Un jour que Śrī Kṛṣṇa, Dieu, la Personne Suprême, Lui qui accorde le savoir à tous les vivants, depuis Brahmā jusqu’à l’insignifiante fourmi, Se trouvait dans la chambre de Rukmiṇī, celle-ci et ses servantes se consacraient à Lui. Les servantes, à l’aide de cāmaras, éventaient Kṛṣṇa assis sur le lit de Rukmiṇī.

Once upon a time, Lord Kṛṣṇa, the Supreme Personality of Godhead, the bestower of all knowledge upon all living entities, from Brahmā to the insignificant ant, was sitting in the bedroom of Rukmiṇī, who was engaged in the service of the Lord along with her assistant maidservants. Kṛṣṇa was sitting on the bedstead of Rukmiṇī, and the maidservants were fanning Him with cāmaras (yak-tail fly whisks).

Les rapports qu’échangeait Kṛṣṇa avec Rukmiṇī en tant qu’Époux idéal manifestent la perfection suprême de Dieu, la Personne Souveraine. De nombreux philosophes avancent un concept de la Vérité Absolue selon lequel Dieu ne peut Se livrer à tel ou tel acte. Les mêmes nient l’Apparition du Seigneur, ou de la Vérité Suprême et Absolue, dans la forme humaine. Mais la réalité est tout autre : Dieu ne peut être limité par ce que perçoivent nos sens imparfaits. Il est la Personne Suprême, toute-puissante et omniprésente ; par Sa volonté souveraine, il peut créer, maintenir et annihiler la manifestation cosmique tout entière, mais aussi bien descendre sur Terre comme un homme ordinaire, pour remplir la plus haute mission. Comme l’enseigne la Bhagavad-gītā, chaque fois que s’entache d’imperfections l’accomplissement du devoir de l’homme, le Seigneur descend. Ce n’est pas une puissance extérieure qui Le force d’apparaître, mais Il descend de par Sa puissance interne propre, afin de rétablir le juste critère de la fonction humaine, en même temps que pour détruire les éléments qui perturbent la marche progressive de la civilisation. Et c’est en conformité avec ce principe des Divertissements absolus que le Seigneur descendit, dans Sa Forme éternelle de Śrī Kṛṣṇa, au sein de la dynastie des Yadus.

Lord Kṛṣṇa’s dealings with Rukmiṇī as a perfect husband are a perfect manifestation of the supreme perfection of the Personality of Godhead. There are many philosophers who propound a concept of the Absolute Truth in which God cannot do this or that. They deny the incarnation of God, or the Supreme Absolute Truth in human form. But actually the fact is different: God cannot be subject to our imperfect sensual activities. He is the all-powerful, omnipresent Personality of Godhead, and by His supreme will He can not only create, maintain and annihilate the whole cosmic manifestation but can also descend as an ordinary human being to execute the highest mission. As stated in the Bhagavad-gītā, whenever there are discrepancies in the discharge of human occupational duties, He descends. He is not forced to appear by any external agency, but He descends by His own internal potency in order to reestablish the standard functions of human activities and simultaneously annihilate the disturbing elements in the progressive march of human civilization. In accordance with this principle of the transcendental pastimes of the Supreme Personality of Godhead, He descended in His eternal form as Śrī Kṛṣṇa in the dynasty of the Yadus.

Le palais de Rukmiṇī déployait dans ses moindres détails un merveilleux raffinement. De nombreux dais, au plafond, étaient décorés de lacets de perles, et le palais tout entier s’illuminait de l’éclat de joyaux précieux. On pouvait y voir de nombreux vergers fleuris de mallikās et de cāmelis, fleurs tenues en Inde pour les plus aromatiques, qui poussaient en bouquets épanouis et nombreux, rehaussant la beauté du palais. Par petits groupes, des abeilles, qu’attirait le parfum exquis des fleurs, se rassemblaient en bourdonnant autour des arbres. La nuit, un plaisant clair de lune filtrait à travers les fenêtres ajourées. On voyait, nombreux, des arbres pārijātas lourdement chargés de fleurs, dont la douce brise répandait la fragrance tout alentour. À l’intérieur brûlait l’encens, dont les fumées exquises s’échappaient par les volets. Dans la chambre de Rukmiṇī, des matelas couverts de draps blancs comme l’écume du lait, dont la couche avait aussi la douceur. Śrī Kṛṣṇa y prenait plaisir au service de Rukmiṇī et de ses servantes.

The palace of Rukmiṇī was wonderfully furnished. Hanging from the ceiling were many canopies with laces bedecked with pearl garlands, and the whole palace was illuminated by the effulgence of valuable jewels. There were many flower groves of mallikā and cāmeli, which are considered the most fragrant flowers in India. There were many clusters of these plants, with blooming flowers enhancing the beauty of the palace. And because of the exquisite fragrance of the flowers, little groups of humming bees gathered around the trees, and at night the pleasing moonshine glittered through the network of holes in the windows. There were many heavily flowered trees of pārijāta, and the mild wind stirred the fragrance of the flowers all around. Incense burned within the walls of the palace, and the fragrant smoke leaked out of the window shutters. Within the room were mattresses covered with white bedsheets; the bedding was as soft and white as milk foam. In this situation, Lord Śrī Kṛṣṇa sat very comfortably and enjoyed the service of Rukmiṇījī, who was assisted by her maidservants.

Avec quelle ardeur Rukmiṇī saisissait-elle la chance de servir Dieu, la Personne Suprême, en tant que son époux. Comme elle veut Le servir elle-même, elle prend de la main d’une servante le cāmara, dont le manche est d’or, décoré et incrusté de joyaux précieux ; il resplendit davantage encore dans sa main, aux doigts ornés de bagues serties de gemmes. À ses chevilles, des pierres précieuses et des clochettes, tintant avec grande douceur entre les plis de son sari. Sa poitrine un peu haute enduite de kuṅkuma et de safran, le reflet de cette couleur rougeâtre ajoutait à sa beauté. Au bas de sa taille, une large ceinture de dentelle ornée de pierreries, et à son cou, un médaillon de grand éclat. Engagé au service de Śrī Kṛṣṇa, son corps merveilleux, bien qu’elle fût alors d’âge à avoir des fils déjà bien grands, ne trouvait pas d’égal dans les trois mondes. À voir son visage merveilleux, il semble que cheveux bouclés, merveilleux pendants d’oreilles, sourire, collier d’or, tout cela est assemblé pour verser des pluies de nectar, et prouver sans conteste que Rukmiṇī est la déesse de la fortune originelle – et nulle autre –, celle qui toujours sert les pieds pareils-au-lotus de Nārāyaṇa.

Rukmiṇī was very eager to get the opportunity to serve her husband, the Supreme Personality of Godhead. She therefore wanted to serve the Lord personally and took the handle of the cāmara from the hand of a maidservant and began to move the fan. The handle of the cāmara was made of gold and bedecked with valuable jewels, and it became more beautiful when taken by Rukmiṇī because all of her fingers were beautifully set with jeweled rings. Her legs were decorated with jeweled ankle bells, which rang very softly between the pleats of her sari. Rukmiṇī’s raised breasts were smeared with kuṅkuma and saffron; thus her beauty was enhanced by the reflection of the reddish color emanating from her covered breasts. Her high hips were decorated with a jeweled lace girdle, and a locket of great effulgence hung on her neck. Above all, because she was engaged in the service of Lord Kṛṣṇa – although at that time she was old enough to have grown-up sons – her beautiful body was beyond compare in the three worlds. When we take account of her beautiful face, it appears that the curling hair on her head, the beautiful earrings on her ears, her smiling mouth and her necklace of gold all combined to shower rains of nectar, and thus it was definitely proven that Rukmiṇī was none other than the original goddess of fortune, who is always engaged in the service of the lotus feet of Nārāyaṇa.

Les Divertissements de Kṛṣṇa et de Rukmiṇī à Dvārakā sont acceptés, par les grandes autorités. en la matière, comme la manifestation de ceux de Nārāyaṇa et de Lakṣmī, à la haute opulence. Les Divertissements de Rādhā et Kṛṣṇa à Vṛndāvana, simples et pastoraux, diffèrent de ceux de Dvārakā, raffinés et citadins. Le caractère, les qualités de Rukmiṇī brillaient de façon inaccoutumée, à la grande satisfaction de Kṛṣṇa.

The pastimes of Kṛṣṇa and Rukmiṇī in Dvārakā are accepted by great authorities as manifestations of those of Nārāyaṇa and Lakṣmī, which are of an exalted opulence. The pastimes of Rādhā and Kṛṣṇa in Vṛndāvana are simple and rural, distinguished from the polished urban characteristics of those of Dvārakā. The characteristics of Rukmiṇī were unusually bright, and Kṛṣṇa was very much satisfied with her behavior.

On se souvient que Nārada Muni avait offert une fleur pārijāta à Rukmiṇī. Satyabhāmā, jalouse, avait aussitôt demandé la même chose à Kṛṣṇa. Et même, elle ne se sentit apaisée que par la promesse d’un arbre entier. Kṛṣṇa tint cette promesse. À la suite de quoi Il s’attendit à ce que Rukmiṇī à son tour Lui fasse une requête. La reine, toutefois, ne dit rien de l’incident, car elle avait l’esprit grave et se trouvait satisfaite du service qu’elle offrait au Seigneur. Mais Kṛṣṇa voulait contempler courroucé son merveilleux visage. Il possédait plus de 16 000 femmes, et n’en montrait pas moins à chacune d’entre elles autant d’affection ; et, Il Lui arrivait de créer entre Lui et Son épouse une situation telle que cette dernière en venait à L’invectiver, manifestant une irritation causée par l’amour, à laquelle le Seigneur prenait plaisir. Ne pouvant trouver en Rukmiṇī, si grande dévote, toujours engagée à Son service, aucune faute, Il se mit à lui parler, souriant et plein d’amour. Rukmiṇī étant fille de Bhīṣmaka, un roi puissant, Kṛṣṇa s’adressa à elle non par son nom mais par le titre de princesse : « Princesse aimée, une chose Me surprend fort. Nombreux furent les grands personnages, appartenant à l’ordre royal, qui ont désiré t’épouser. Si tous n’étaient pas rois ils possédaient cependant opulence et richesse, propres à l’ordre royal ; tous avaient de bonnes manières, étaient érudits, célèbres parmi les rois, beaux aussi bien dans leurs traits physiques que par leurs qualités, libéraux, fort puissants et avancés en tous points. Ils n’étaient en rien indignes de toi ; et de plus, ni ton père ni ton frère n’avaient d’objection à leur opposer. Au contraire, ils donnèrent à Śiśupāla leur parole d’honneur qu’il aurait ta main. Et ce grand roi te convoitait si fort, était si fou de ta beauté, que s’il t’avait épousée, Je crois bien que jamais il ne t’aurait quittée, comme ton plus fidèle serviteur.

Kṛṣṇa had experienced that when Rukmiṇī was offered a pārijāta flower by Nārada Muni, Satyabhāmā had become envious of her co-wife and had immediately demanded a similar flower from Kṛṣṇa. In fact, she could not be pacified until she was promised the whole tree. And Kṛṣṇa actually fulfilled His promise: He brought the tree down to the earth planet from the heavenly kingdom. After this episode, Kṛṣṇa expected that because Satyabhāmā had been rewarded with a full tree of pārijāta, Rukmiṇī would also demand something. Rukmiṇī did not mention anything of the incident, however, for she was grave and simply satisfied in her service. Kṛṣṇa wanted to see her a bit irritated, and therefore He schemed to see the beautiful face of Rukmiṇī in an irritated condition. Although Kṛṣṇa had more than 16,100 wives, He used to behave with each of them with familial affection; He would create a particular situation between Himself and His wife in which the wife would criticize Him in the irritation of love, and Kṛṣṇa would enjoy this. In this case, because Kṛṣṇa could not find any fault with Rukmiṇī, for she was very grave and always engaged in His service, He smilingly, in great love, began to speak to her just to provoke her loving anger. Rukmiṇī was the daughter of Bhīṣmaka, a powerful king. Thus Kṛṣṇa did not address her as Rukmiṇī; He addressed her this time as the princess. “My dear princess, it is very surprising. Many great personalities in the royal order wanted to marry you. Although not all of them were kings, all possessed the opulence and riches of the kingly order; they were well behaved, learned, famous among kings, beautiful in their bodily features and personal qualifications, liberal, very powerful in strength and advanced in every respect. They were not unfit in any way, and over and above that, your father and your brother had no objection to such a marriage. On the contrary, they gave their word of honor that you would be married with Śiśupāla. Indeed, the marriage was sanctioned by both your parents. Śiśupāla was a great king and was so lusty and mad after your beauty that if he had married you I think he would always have remained with you just like your faithful servant.

« Comparé à Śiśupāla, à ses qualités personnelles, Je ne suis rien. Et tu pourras toi-même t’en rendre compte. Je suis surpris que tu l’aies rejeté pour M’accepter, Moi qui lui suis bien inférieur. Car Je M’estime tout à fait indigne d’être ton époux, toi si belle, sobre, grave et exaltée. Puis-Je te demander la raison qui t’a conduite à M’accepter ? À présent, certes, Je peux M’adresser à toi comme à Ma merveilleuse femme, mais il faut pourtant que tu saches Ma véritable position : Je suis inférieur à tous ces princes qui ont désiré t’épouser.

“In comparison to Śiśupāla, with his personal qualities, I am nothing. And you may personally realize it. I am surprised that you rejected the marriage with Śiśupāla and accepted Me, who am inferior in comparison to Śiśupāla. I think Myself completely unfit to be your husband because you are so beautiful, sober, grave and exalted. May I inquire from you the reason that induced you to accept Me? Now, of course, I may address you as My beautiful wife, but still I may inform you of My actual position – that I am inferior to all those princes who wanted to marry you.

« Tout d’abord, sache-le, Ma peur de Jarāsandha était si grande que n’osant point vivre sur la terre, J’ai fait construire cette demeure sur les eaux de l’océan. Voilà ce que Je n’ai pas coutume de révéler d’ordinaire, mais tu dois le savoir, Je ne suis pas très héroïque : bien au contraire, Je suis un lâche, qui a peur de tous. Ma sécurité est précaire, car les grands rois de ce monde Me sont tous hostiles. Cette hostilité, Je l’ai Moi-même engendrée en M’opposant à eux de diverses manières. Encore une de Mes fautes : assis sur le trône de Dvārakā, Je n’y ai point de droit direct. J’ai conquis le royaume en faisant périr Mon oncle maternel, Kaṁsa, mais la royauté aurait dû aller à Mon grand-père. Ainsi, Je n’ai nul droit à posséder un royaume. Mon existence n’a pas de but fixe, de sorte qu’on ne Me comprend pas très bien. Quel est le but ultime de Ma vie ? Tous savent que J’étais un jeune pâtre à Vṛndāvana. Ils attendaient que Je suive les traces de Mon père adoptif, Nanda Mahārāja, que Je sois fidèle à Śrīmati Rādhārāṇī, à toutes ses amies du village de Vṛndāvana. Mais voilà que, soudain, Je les quitte. Je voulais devenir un prince célèbre, et Je ne pouvais ni avoir de royaume ni exercer le pouvoir d’un prince. Tout cela égare ceux qui cherchent le but de Mon existence : suis-Je un jeune pâtre ou un prince, le fils de Nanda Mahārāja ou le fils de Vasudeva ? Comme Je n’ai pas de but fixe, on Me traite parfois de vagabond. Comment as-tu fait pour choisir comme époux ce vagabond ?

“First of all, you may know that I was so much afraid of Jarāsandha that I could not dare live on the land, and thus I have constructed this house within the water of the sea. It is not My business to disclose this secret to others, but you must know that I am not very heroic; I am a coward and am afraid of My enemies. Still I am not safe, because all the great kings of the land are inimical to Me. I have personally created this inimical feeling by fighting with them in many ways. Another fault is that although I am on the throne of Dvārakā, I have no immediate claim. Although I got a kingdom by killing My maternal uncle, Kaṁsa, the kingdom was to go to My grandfather; so actually I have no possession of a kingdom. Besides that, I have no fixed aim in life. People cannot understand Me very well. What is the ultimate goal of My life? They know very well that I was a cowherd boy in Vṛndāvana. People expected that I would follow in the footsteps of My foster father, Nanda Mahārāja, and be faithful to Śrīmatī Rādhārāṇī and all Her friends in the village of Vṛndāvana. But all of a sudden I left them. I wanted to become a famous prince. Still I could not have any kingdom, nor could I rule as a prince. People are bewildered about My ultimate goal of life; they do not know whether I am a cowherd boy or a prince, whether I am the son of Nanda Mahārāja or the son of Vasudeva. Because I have no fixed aim in life, people may call Me a vagabond. Therefore, I am surprised that you could select such a vagabond husband.

« Je n’ai pas non plus de bonnes manières, selon la norme sociale. Un homme devrait se contenter d’une seule femme ; et Moi J’en ai épousé plus de 16 000, et ne peux toutes les satisfaire ; cette manière d’agir avec elles n’est pas des meilleures et, Je le sais, tu en es consciente. Souvent, Je crée une situation qui met Mes épouses dans le malheur. Mon enfance s’est passée dans un village, et Je suis bien ignorant des manières de la ville. Je ne sais pas comment plaire à Mes épouses par de douces paroles ou une attitude agréable. Et on a bien vu que toute femme qui suit Ma voie, ou qui par Moi se laisse attirer, finit délaissée, pleurant, le reste de ses jours. À Vṛndāvana, nombreuses sont les gopīs que J’ai charmées, puis abandonnées : privées de Moi, elles continuent de vivre, certes, mais ne cessent pas de pleurer. Selon Akrūra et Uddhava, depuis que J’ai quitté Vṛndāvana, tous Mes amis les pâtres, les gopīs, Rādhārāṇī et Mon père adoptif, Nanda Mahārāja, versent sans cesse des larmes pour Moi. J’ai quitté Vṛndāvana pour toujours, et Je vis auprès des reines de Dvārakā, mais sans Me conduire avec elles comme il convient. Il est facile de voir combien Je suis instable, et qu’on ne peut guère compter sur un époux comme Moi. Celle qui est attirée par Moi se prépare une existence de deuil.

“Besides this, I am not very much polished, even in social etiquette. A person should be satisfied with one wife, but you see that I have married many times, and I have more than sixteen thousand wives. I cannot please all of them as a polished husband. My behavior with them is not very nice, and I know that you are very conscious of it. I sometimes create a situation with My wives which is not very happy. Because I was trained in a village in My childhood, I am not well acquainted with the etiquette of urban life. I do not know the way to please a wife with nice words and behavior. And from practical experience it is found that any woman who follows My way or becomes attracted to Me is ultimately left to cry for the rest of her life. In Vṛndāvana, many gopīs were attracted to Me, and now I have left them, and they are living but are simply crying for Me in separation. I have heard from Akrūra and Uddhava that since I left Vṛndāvana all My cowherd boyfriends, the gopīs and Rādhārāṇī, and My foster father, Nanda Mahārāja, are simply crying constantly for Me. I have left Vṛndāvana for good and am now engaged with the queens in Dvārakā, but I am not well behaved with any of you. So you can very easily understand that I have no steadiness of character; I am not a very reliable husband. The net result of being attracted to Me is to acquire a life of bereavement only.

« Ma chère et belle princesse, il te faut savoir aussi que Je n’ai pas un sou. Dès Ma naissance, Je fus porté, sans le sou, à la maison de Nanda Mahārāja, où Je fus élevé comme un jeune pâtre. Mon père adoptif possédait des centaines et des milliers de vaches, mais pas une ne M’appartenait. J’avais seulement la charge de les soigner. Or, même ici, à Dvārakā, rien ne M’appartient, Je n’ai jamais un sou. Ce pourquoi Je ne saurais Me lamenter, car avant d’y venir Je n’avais rien non plus. Remarque aussi que Mes dévots ne sont pas gens de grande opulence ; eux aussi sont pauvres en richesses de ce monde. Les gens riches ne portent aucun intérêt au service de dévotion, à la Conscience de Kṛṣṇa. Au contraire, un sans-le-sou, par nécessité ou par le jeu des circonstances, peut s’intéresser à Moi. Mais les hommes infatués de leur richesse ne tirent pas avantage de la Conscience de Kṛṣṇa même quand leur est offerte la compagnie de Mes dévots. En d’autres mots, seuls les pauvres Me portent quelque intérêt. Voilà pourquoi Je pense que tu n’as pas fait un choix très judicieux. Tu sembles fort intelligente, tu as été élevée dans les règles par ton père et ton frère, mais tu n’en as pas moins commis une erreur de taille dans le choix d’un compagnon d’existence.

“My dear beautiful princess, you may also know that I am always penniless. Just after My birth, I was carried penniless to the house of Nanda Mahārāja, and I was raised just like a cowherd boy. Although My foster father possessed many hundreds of thousands of cows, I was not the proprietor of even one of them. I was simply entrusted with taking care of them and tending them, but I was not the proprietor. Here also I am not the proprietor of anything but am always penniless. There is no cause to lament for such a penniless condition; I possessed nothing in the past, so why should I lament that I do not possess anything at present? You may note also that My devotees are not very opulent; they also are very poor in worldly goods. Persons who are very rich, possessing worldly wealth, are not interested in devotion to Me, or Kṛṣṇa consciousness. On the contrary, when a person becomes penniless, whether by force or by circumstances, he may become interested in Me if he gets the proper opportunity. Persons who are proud of their riches, even if they are offered association with My devotees, do not take advantage of consciousness of Me. In other words, the poorer class of men may have some interest in Me, but rich men have no interest. I think, therefore, that your selection of Me was not very intelligent. You appear very intelligent, trained by your father and brother, but ultimately you have made a great mistake in selecting your life’s companion.

« Mais peu importe, et mieux vaut tard que jamais. Je te laisse désormais libre de choisir un mari digne de toi, vraiment ton égal en opulence, tradition familiale, richesse, beauté, éducation. Tes erreurs seront alors oubliées. Tu peux désormais tracer le chemin de ton propre intérêt. Selon l’usage, on ne célèbre pas de mariage entre personnes de position différente. Chère fille du roi de Vidarbha, Je pense que ton mariage avec Moi n’a pas été mûrement réfléchi, et que tu as fait un mauvais choix. Tu avais entendu glorifier Ma grandeur : mais Je n’ai jamais été rien d’autre qu’un mendiant ; tu n’as rien vu de Ma vraie nature, de Ma véritable position, quand tu M’as choisi pour époux. Grande erreur ! Encore une fois, choisis l’un des grands princes kṣatriyas, accepte un autre compagnon de ta vie, après M’avoir rejeté. Mieux vaut tard que jamais. »

“But there is no harm; the mistake can still be rectified, and it is better late than never. You are at liberty to select a suitable husband who is actually an equal to you in opulence, family tradition, wealth, beauty, education – in all respects. Whatever mistakes you may have made may be forgotten. Now you may chalk out your own lucrative path of life. Usually a person does not establish a marital relationship with a person who is either higher or lower than his position. My dear daughter of the king of Vidarbha, I think you did not consider very sagaciously before your marriage. Thus you made a wrong selection by choosing Me as your husband. You mistakenly heard about My having very exalted character, although factually I was nothing more than a beggar. Without seeing Me and My actual position, simply by hearing about Me, you selected Me as your husband. That was not very rightly done. Therefore, since it is better late than never, I advise you to now select one of the great kṣatriya princes and accept him as your life’s companion, and you may reject Me.”

Kṛṣṇa proposait à Rukmiṇī la séparation alors qu’elle avait de nombreux enfants déjà grands. C’était bien inattendu, car la culture védique n’admet pas le divorce. Et comment Rukmiṇī l’eut-elle accepté à un âge si avancé, alors que déjà elle avait de nombreux enfants mariés. Chaque mot de Kṛṣṇa semblait une folie, qui laissait Rukmiṇī dans la plus grande surprise. Elle était simple, et à l’idée d’être séparée de son Seigneur, l’angoisse grandissait en elle.

Kṛṣṇa was proposing that Rukmiṇī divorce Him at a time when Rukmiṇī already had many grown-up children. Therefore Kṛṣṇa’s whole proposition appeared to be something unexpected because according to the Vedic culture there was no such thing as separation of husband and wife by divorce. Nor was it possible for Rukmiṇī to choose a new husband at her advanced age, when she had many married sons. To Rukmiṇī every one of Kṛṣṇa’s proposals appeared crazy, and she was surprised that Kṛṣṇa could say such things. Simple as she was, her anxiety was increasing more and more at the thought of separation from Kṛṣṇa.

Kṛṣṇa poursuivit : « Il faut également que tu songes à ta prochaine vie. Choisis donc quelqu’un qui pourra t’aider à la fois dans cette existence et dans la suivante. Pour Ma part, J’en suis bien incapable. Chère et belle princesse, tu sais que les princes, y compris Śiśupāla, Śālva, Jarāsandha, Dantavakra et même ton frère aîné Rukmī, sont tous Mes ennemis et Me haïssent du fond de leur cœur. Pleins d’orgueil à cause de leurs possessions en ce monde, ils n’ont jamais eu le moindre regard pour qui se présentait à eux. Si J’ai consenti à te ravir comme tu le désirais, c’est pour leur donner une leçon. Mais Je n’ai pas vraiment d’amour pour toi, qui M’aimais avant même notre mariage.

Kṛṣṇa continued: “After all, you have to prepare yourself for your next life. I therefore advise that you select someone who can help you in both this life and the next, for I am completely unable to help. My dear beautiful princess, you know that all the members of the princely order, including Śiśupāla, Śālva, Jarāsandha, Dantavakra and even your elder brother Rukmī, are My enemies; they do not like Me at all. They hate Me from the cores of their hearts. All these princes were very much puffed up with their worldly possessions and did not care a fig for anyone who came before them. In order to teach them some lessons, I agreed to kidnap you according to your desire; otherwise I actually have no love for you, although you loved Me even before the marriage.

Je te l’ai déjà dit, la vie familiale, l’amour entre mari et femme ne m’intéressent guère. Par nature, Je n’ai pas de goût pour l’épouse, les enfants, le foyer et l’opulence familiale. De même que Mes dévots, Je n’accorde guère d’importance à ces possessions mondaines. En vérité, seule M’intéresse la réalisation spirituelle, car elle seule M’apporte le plaisir. » Sur ces mots, Śrī Kṛṣṇa S’arrêta brusquement de parler.

“As I have already explained, I am not very much interested in family life or love between husband and wife. By nature, I am not very fond of family life, wife, children, home and opulences. As My devotees are always neglectful of all these worldly possessions, I am also like that. Actually, I am interested in self-realization; that gives Me pleasure, and not this family life.” After submitting His statement, Lord Kṛṣṇa suddenly stopped.

Śukadeva Gosvāmī, dont l’autorité spirituelle est grande, souligne que Kṛṣṇa passait presque tout Son temps auprès de Rukmiṇī, laquelle tirait quelque vanité de cette grande fortune. Or, le Seigneur n’aime pas que Ses bhaktas s’enorgueillissent. Dès que l’un d’eux tombe dans la vanité, Kṛṣṇa, par quelque biais, le rabaisse. Ainsi, Il prononça des paroles bien dures à l’oreille de Rukmiṇī. Elle fut contrainte de penser que malgré la faveur dont elle jouissait, Kṛṣṇa pouvait la quitter à tout instant.

The great authority Śukadeva Gosvāmī remarks that Kṛṣṇa almost always passed His time with Rukmiṇī, and Rukmiṇī was a bit proud to be so fortunate that Kṛṣṇa never left her even for a moment. Kṛṣṇa, however, does not like any of His devotees to be proud. As soon as a devotee becomes so, by some tactic He cuts down that pride. In this case also, Kṛṣṇa said many things which were hard for Rukmiṇī to hear. She could only conclude that although she was proud of her position, Kṛṣṇa could be separated from her at any moment.

Elle avait conscience que son époux n’était pas un homme ordinaire, mais était Dieu, la Personne Suprême, le Maître des trois mondes. Et maintenant, elle avait peur, peur d’être séparée de Lui, car jamais auparavant Il ne lui avait parlé de la sorte. Cette peur lui causa un grand trouble, et son cœur se mit à palpiter. Sans répondre un seul mot, elle se mit simplement à pleurer, dans une grande angoisse, et comme noyée dans un océan de tristesse. En silence, elle gratta le sol des ongles de ses orteils, qui y laissaient un reflet rouge. Des larmes roses coulaient de ses yeux, se mêlaient au fard sombre de ses paupières, et tombaient, lavant sur sa poitrine le kuṅkuma et le safran. La gorge étranglée par l’angoisse, incapable de prononcer un seul mot, elle gardait la tête inclinée vers le sol et demeurait là, plantée. Sous l’extrême souffrance, elle perdit tout pouvoir de raisonner ; elle devint faible, et en un instant son corps s’amaigrit au point que les bracelets tombèrent de ses bras. Elle laissa choir le cāmara dont elle éventait Kṛṣṇa. Puis son cerveau et sa mémoire se brouillèrent, et elle perdit conscience. Ses cheveux joliment peignés se répandirent, et elle tomba, raidie tel un bananier abattu par une tornade.

Rukmiṇī was conscious that her husband was not an ordinary human being. He was the Supreme Personality of Godhead, the master of the three worlds. By the way He was speaking, she was afraid of being separated from the Lord, for she had never heard such harsh words from Kṛṣṇa before. Thus she became perplexed with fear of separation, and her heart began to palpitate. Without replying to a word of Kṛṣṇa’s statement, she simply cried in great anxiety, as if drowning in an ocean of grief. She silently scratched the floor with her toenails, which reflected reddish light on the floor. The tears from her eyes mixed with the black cosmetic ointment from her eyelids and dropped down, washing the kuṅkuma and saffron from her breasts. Choked up on account of great anxiety, unable to speak even a word, she kept her head downward and remained standing just like a stick. Due to extremely painful fear and lamentation, she lost all her powers of reason and became weak, her body losing so much weight that the bangles on her wrists became slack. The cāmara with which she was serving Kṛṣṇa immediately fell from her hand. Her brain and memory became puzzled, and she lost consciousness. The nicely combed hair on her head scattered here and there, and she fell down straight, like a banana tree cut down by a whirlwind.

Ainsi, Rukmiṇī n’avait pas pris pour une plaisanterie les paroles de Śrī Kṛṣṇa, ce qui Le frappa aussitôt. Lui, qui porte par nature une grande affection à Ses dévots, sentit Son cœur s’adoucir devant la détresse de Rukmiṇī, et sur l’instant, lui montra Sa miséricorde. La relation unissant Kṛṣṇa à Rukmiṇī était celle de Lakṣmī et Nārāyaṇa ; aussi le Seigneur apparut devant elle dans Sa manifestation de Nārāyaṇa, à quatre bras. Se levant de la couche, Il lui prit les poignets, la releva, puis, plaçant Ses mains rafraîchissantes sur son visage, lissa ses cheveux épars ; de Sa main, Il sécha sa poitrine. Il voyait l’intensité de son amour et l’étreignit.

Lord Kṛṣṇa immediately realized that Rukmiṇī had not taken His words in a joking spirit. She had taken them very seriously, and in her extreme anxiety over immediate separation from Him, she had fallen into this condition. Lord Śrī Kṛṣṇa is naturally very affectionate toward His devotees, and when He saw Rukmiṇī’s condition, His heart immediately softened. At once He became merciful to her. The relationship between Rukmiṇī and Kṛṣṇa was like that between Lakṣmī and Nārāyaṇa; therefore, Kṛṣṇa appeared before Rukmiṇī in His four-handed manifestation of Nārāyaṇa. He got down from the bedstead, lifted her up by her hands and, placing His cooling hands on her face, smoothed the scattered hair on her head. Lord Kṛṣṇa dried the wet breasts of Rukmiṇījī with His hand. Understanding the seriousness of Rukmiṇī’s love for Him, He embraced her to His chest.

Dieu, la Personne Suprême, habile dans l’art de présenter un sujet de façon raisonnable, de façon à ce qu’on le comprenne, voulut retirer l’effet de Ses premières paroles. Pour tous les bhaktas, Il est le seul secours : Il sait parfaitement comment les satisfaire. Rukmiṇī n’avait pu percer à jour Ses paroles espiègles, et désireux d’effacer sa confusion, Il reprit :

The Supreme Personality is expert in putting a thing reasonably for one’s understanding, and thus He tried to retract all that He had said before. He is the only resort for all devotees, and so He knows very well how to satisfy His pure devotees. Kṛṣṇa understood that Rukmiṇī could not follow the statements He had made in a joking way. To counteract her confusion, He spoke as follows.

« Chère fille du roi Vidarbha, Ma chère Rukmiṇī, aie la bonté de ne pas mal Me comprendre. Ne sois pas ainsi cruelle envers Moi. Je sais que tu es sincèrement et sérieusement attachée à Moi, toi Mon éternelle compagne. Les paroles qui t’ont si fortement affectée n’ont rien de véridique. Je voulais seulement t’irriter un peu, et M’attendais à ce que tu répondes à Mes plaisanteries. Hélas, tu les as prises au sérieux ; J’en suis tout contrit. Je M’attendais à voir tes lèvres rouges trembler de colère, à t’entendre Me gronder sévèrement. Ô perfection de l’amour, jamais je n’ai pensé te voir si mal. Je croyais te voir fixer sur Moi tes yeux papillotants, pleins de vengeance, et pouvoir contempler la beauté de ton visage en courroux.

“My dear daughter of King Vidarbha, My dear Rukmiṇī, please do not misunderstand Me. Don’t be unkind to Me like this. I know that you are sincerely and seriously attached to Me; you are My eternal companion. The words which have affected you so much are not factual. I wanted to irritate you a bit, and I was expecting you to make counteranswers to those joking words. Unfortunately, you have taken them seriously; I am very sorry for it. I expected that your red lips would tremble in anger when you heard My statement and that you would chastise Me with many words. O perfection of love, I never expected that your condition would be like this. I expected that you would cast your blinking glance upon Me in retaliation and that I would thus be able to see your beautiful face in that angry mood.

« Ma chère et belle épouse, tu le sais, nous sommes gens de famille. Tant d’activités nous absorbent, dans la condition de gṛhasthas, que nous aspirons au moment où nous pouvons ensemble prendre plaisir à quelques plaisanteries. C’est là le jeu le plus cher aux gens mariés. Car, les gṛhasthas travaillent très dur jour et nuit, mais la fatigue de toute une journée de labeur s’efface aussitôt que mari et femme se rencontrent et se plaisent à jouir de la vie. » Śrī Kṛṣṇa voulait Se présenter tel un gṛhastha ordinaire, qui prend plaisir à échanger des paroles espiègles avec son épouse. C’est donc plusieurs fois qu’Il demanda à Rukmiṇī de ne pas prendre Ses paroles au sérieux.

“My dear beautiful wife, you know that because we are householders we are always busy in many household affairs and long for a time when we can enjoy some joking words between us. That is our ultimate gain in household life.” Actually, householders work very hard day and night, but all fatigue of the day’s labor is minimized as soon as they meet, husband and wife together, and enjoy life in many ways. Lord Kṛṣṇa wanted to exhibit Himself as being like an ordinary householder who delights himself by exchanging joking words with his wife. He therefore repeatedly requested Rukmiṇī not to take those words very seriously.

Lorsque Śrī Kṛṣṇa l’eut apaisé par Ses mots doux, elle comprit l’intention du Seigneur derrière Ses paroles. Peu à peu, toute crainte d’être séparée de Lui s’évanouit, et elle, naturellement souriante, se mit à contempler avec joie Son visage. « Ô cher Seigneur aux yeux pareils-au-lotus, dit-elle, Tu avais bien raison d’affirmer que Toi et moi ne formons pas un bon couple. Car je ne peux me hausser à Ton niveau, Toi qui es le Réservoir de toutes qualités, le Sans-mesure, Dieu, la Personne Suprême ! Comment pourrais-je donc être digne de Toi ? Comment pourrais-je me comparer à Toi, Maître de toutes grandeurs, Maître des trois guṇas et Objet d’adoration pour d’aussi grands devas que Brahmā et Śiva. Pour moi, je ne suis qu’un produit des trois guṇas, qui font obstacle au progrès sur le chemin du service de dévotion. Quand et où pourrais-je donc être une épouse digne de Toi ? Ô cher Époux, Tu as dit juste quand Tu as affirmé avoir pris refuge dans les eaux de l’océan par peur des rois. Mais qui donc est le roi de ce monde matériel ? Je ne pense pas que ce soit l’un de ceux que nous connaissons. Non, ce sont bien plutôt les trois guṇas, qui contrôlent le monde. Quant à Toi, sis dans le cœur de chacun, ils ne T’affectent pas – ce point est hors de doute.

In this way, when Lord Kṛṣṇa pacified Rukmiṇī by His sweet words, she could understand that what He had formerly said was not actually meant seriously but was spoken to evoke some joking pleasure between themselves. She was therefore pacified by hearing the words of Kṛṣṇa. Gradually she was freed from all fear of separation from Him, and she began to look at His face very cheerfully with her naturally smiling face. She said, “My dear lotus-eyed Lord, Your statement that we are not a fit combination is completely right. It is not possible for me to come to an equal level with You, for You are the reservoir of all qualities, the unlimited Supreme Personality of Godhead. How can I be a fit match for You? There is no possibility of comparison with You, who are the master of all greatness, the controller of the three qualities and the object of worship for great demigods like Brahmā and Lord Śiva. As far as I am concerned, I am a product of the three modes of material nature, which impede the progressive advancement of devotional service. When and where can I be a fit match for You? My dear husband, You have rightly said that You have taken shelter in the water of the sea as if You were afraid of the kings. But who are the kings of this material world? I do not think that the so-called royal families are kings of the material world. The kings of the material world are the three modes of material nature, who are actually its controllers. You are situated in the core of everyone’s heart, where You remain completely aloof from the touch of the three modes of material nature, and there is no doubt about it.

« Tu fus toujours hostile aux rois de ce monde ? Ce sont, je pense, les sens. Leur puissance est la plus formidable, et ils tiennent tous les êtres sous leur contrôle. Et certes, envers ces sens matériels, Tu entretiens l’hostilité, car jamais Je ne Te vis souffrir leur joug. Bien plutôt, Tu en es le Maître, Hṛṣīkeśa.

“You say You always maintain enmity with the worldly kings. But who are the worldly kings? I think the worldly kings are the senses. They are most formidable, and they control everyone. Certainly You maintain enmity with these material senses. You are never under the control of the senses; rather, You are the controller of the senses, Hṛṣīkeśa.

Ô cher Seigneur, Tu as dit que tout pouvoir royal Te faisait défaut : cela aussi est vrai. Tes serviteurs, ceux qui s’attachent à Tes pieds pareils-au-lotus, rejettent eux aussi la suprématie en ce monde, car ils tiennent toute position matérielle comme appartenant à la région la plus sombre et faisant obstacle au progrès de l’illumination spirituelle. Si Tes serviteurs n’ont point d’attrait pour la puissance en ce monde, que dire de Toi ? Mon cher Seigneur, lorsque Tu dis que Tu n’agis pas tel un homme ordinaire, avec un but particulier dans l’existence, cela est aussi vrai. Même Tes grands dévots et serviteurs, à la sagesse renommée, demeurent en telle condition que nul ne peut soupçonner le but de leur existence. La société humaine les tient pour des fous et des cyniques. Le but qu’ils donnent à leur existence demeure un mystère pour l’homme du commun. Jamais le plus bas des hommes ne pourra connaître Ta Personne ou celle de Ton serviteur. Tout homme impur ne peut même imaginer les Divertissements que Tu échanges avec Tes dévots. Ô Toi sans limites, si les activités et les efforts de Tes dévots demeurent dans l’ombre aux yeux de l’homme du commun, que dire des Tiens ? Toutes sortes d’énergies et de perfections sont à Ton service et restent sous Ta protection.

“My dear Lord, You have said that You are bereft of all royal power, and that is also correct. Not only are You bereft of supremacy over the material world, but even Your servants, those who have some attachment to Your lotus feet, also give up supremacy over the material world because they consider the material position to be the darkest region, which checks the progress of spiritual enlightenment. Your servants do not like material supremacy, so what to speak of You? My dear Lord, Your statement that You do not act as an ordinary person with a particular aim in life is also perfectly correct. Even Your great devotees and servants, known as great sages and saintly persons, remain in such a state that no one can get any clue as to the aim of their lives. Human society considers them crazy and cynical. Their aim of life remains a mystery to the common human being; the lowest of mankind can know neither You nor Your servants. A contaminated human being cannot even imagine the pastimes of You and Your devotees. O unlimited one, when the activities and endeavors of Your devotees remain a mystery to the common human beings, how can Your motives and endeavors be understood by them? All kinds of energies and opulences are engaged in Your service, but still they rest at Your shelter.

« Tu T’es décrit comme sans un sou, mais est-ce pauvreté ? Puisque rien n’existe en dehors de Toi, qui es tout, quel besoin aurais-Tu de posséder quoi que ce soit ? Au contraire des autres, Tu n’as rien à obtenir. Toutes contradictions s’effacent en Toi, car Tu es absolu. Tu ne possèdes rien, mais nul n’est plus riche que Toi ; Tu es absolu, et ces contradictions n’en sont pas pour Toi. Les Vedas l’enseignent : si Tu ne possèdes pas de mains et de jambes matérielles, Tu n’en acceptes pas moins tout objet que les bhaktas T’offrent avec dévotion. Tu n’as d’yeux ni d’oreilles matériels, et pourtant Tu vois toutes choses, Tu entends tout. Et si Tu ne possèdes rien, les grands devas, qui acceptent d’autrui adoration et prière n’en viennent pas moins à Tes pieds pour T’adorer et solliciter Ta miséricorde. Comment donc pourrais-Tu être compté parmi les pauvres ?

“You have described Yourself as penniless, but this condition is not poverty. Since there is nothing in existence but You, You do not need to possess anything – You Yourself are everything. Unlike others, You do not require to purchase anything extraneously. With You all contrary things can be adjusted because You are absolute. You do not possess anything, but no one is richer than You. In the material world, no one can be rich without possessing. Since Your Lordship is absolute, You can adjust the contradiction of possessing nothing but at the same time being the richest. In the Vedas it is stated that although You have no material hands and legs, You accept everything offered in devotion by the devotees. You have no material eyes and ears, but still You can see and hear everything everywhere. Although You do not possess anything, the great demigods who accept prayers and worship from others come and worship You to solicit Your mercy. How can You be categorized among the poor?

« Ô cher Seigneur, Tu as affirmé encore que les membres les plus riches de la société humaine ne Te portent pas leur adoration. Cela aussi est vrai, car ceux qui s’enorgueillissent de leurs possessions matérielles pensent d’abord à en faire usage pour le plaisir des sens. Dès qu’un pauvre devient riche, comme il ignore la bonne façon d’utiliser une fortune acquise si durement, il dresse des plans pour satisfaire ses sens. Sous l’emprise de l’énergie externe, il croit que dans le plaisir des sens son argent est employé comme il convient, et néglige ainsi Ton service absolu. Ô cher Seigneur, les êtres qui ne possèdent rien, as-Tu dit, Te sont très chers ; car renonçant à tout, Ton dévot ne désire que Toi. Ainsi le grand sage Nārada Muni ! Il ne possède rien et ne T’en est pas moins infiniment cher.

“My dear Lord, You have also stated that the richest section of human society does not worship You. This is also correct, because persons who are puffed up with material possessions think of utilizing their property for sense gratification. When a poverty-stricken man becomes rich, he makes a program for sense gratification due to his ignorance of how to utilize his hard-earned money. Under the spell of the external energy, he thinks that his money is properly employed in sense gratification, and thus he neglects to render You transcendental service. My dear Lord, You have stated that persons who possess nothing are very dear to You; renouncing everything, Your devotee wants to possess You only. I see, therefore, that a great sage like Nārada Muni, who does not possess any material property, is still very dear to You. And such persons do not care for anything but Your Lordship.

« Ô Seigneur, Tu as affirmé que seul atteint le succès un mariage entre gens égaux quant au statut social, à la beauté, la richesse, la puissance, l’influence et le renoncement. Mais tout cela, c’est Toi seul qui l’accordes, par Ta grâce, Toi la Source suprême, parfaite, de toutes les excellences. Quiconque mène un train de vie opulent Te le doit. Comme l’énonce le Vedānta-sūtra : janmādy asya yataḥ, Tu es la Source suprême de qui tout émane, le Réservoir de tous plaisirs. Ceux qui jouissent du savoir ne désirent donc que T’atteindre, rien d’autre ne saurait les satisfaire. Pour connaître Ta faveur, ils renoncent à tout, fût-ce à l’absolue réalisation du Brahman. Tu es le But ultime de l’existence, le Réservoir où gisent tous les intérêts des êtres vivants. Ceux dont les motifs sont vraiment bons ne désirent que Ta Personne, et pour Elle abandonnent tout. Voilà qui les rend dignes de connaître Ta compagnie. Dans la société des serviteurs et du Servi que forme la Conscience de Kṛṣṇa, nul ne se trouve soumis aux plaisirs et aux douleurs qui caractérisent les sociétés matérialistes, lesquelles ont pour moteur l’attraction sexuelle. Chaque homme et chaque femme doit donc aspirer à en devenir membre. Tu es Dieu, la Personne Suprême, et nul ne peut T’égaler ou Te dépasser : aussi le système social le plus parfait est-il celui dont Tu formes le centre, servi en tant que l’Être Suprême, par tous, Tes serviteurs. Dans une société dont les structures sont ainsi parfaites chacun peut, éternellement, connaître bonheur et félicité.

“My dear Lord, You have stated that a marriage between persons equal in social standing, beauty, riches, strength, influence and renunciation can be a suitable match. But this status of life can be possible only by Your grace. You are the supreme perfectional source of all opulences. Whatever opulent status one may have is all derived from You. As described in the Vedānta-sūtra, janmādy asya yataḥ – You are the supreme source from which everything emanates, the reservoir of all pleasures. Therefore, persons endowed with knowledge desire only to achieve You, and nothing else. To achieve Your favor, they give up everything – even the transcendental realization of Brahman. You are the supreme, ultimate goal of life. You are the reservoir of all interests of the living entities. Those who are actually well motivated desire only You, and for this reason they give up everything to attain success. They therefore deserve to associate with You. In the society of the servitors and served in Kṛṣṇa consciousness, one is not subjected to the pains and pleasures of material society, which functions according to sex attraction. Therefore everyone, whether man or woman, should seek to be an associate in Your society of servitors and served. You are the Supreme Personality of Godhead; no one can excel You, nor can anyone come up to an equal level with You. The perfect social system is that in which You remain in the center, being served as the Supreme, and all others engage as Your servitors. In such a perfectly constructed society, everyone can remain eternally happy and blissful.

« Ô Seigneur, seuls les mendiants, as-Tu dit, font l’éloge de Tes gloires, et cela aussi est vrai. Mais qui sont ces mendiants ? Tous de hauts bhaktas, des êtres libérés, des sannyāsīs. Tous, grandes âmes et dévots de Ta Personne, n’ont d’autre occupation que de Te glorifier. Ils sont prêts à pardonner même la pire offense. Ces prétendus mendiants accomplissent en fait leur progrès spirituel dans l’existence, tolérant toutes sortes de tribulations en ce monde. Mon cher Époux, si je T’ai accepté pour tel, ne crois pas que ce soit par inexpérience : je n’ai fait que marcher sur les traces de toutes ces grandes âmes. J’ai suivi la voie de ces grands mendiants et décidé d’abandonner mon existence à Tes pieds pareils-au-lotus.

“My Lord, You have stated that only the beggars praise Your glories, and that is also perfectly correct. But who are those beggars? Those beggars are all exalted devotees, liberated personalities and those in the renounced order of life. They are all great souls and devotees who have no other business than to glorify You. Such great souls forgive even the worst offenders. These so-called beggars execute their spiritual advancement in life, tolerating all tribulations in the material world. My dear husband, do not think that I accepted You as my husband out of my inexperience; actually, I followed all these great souls. I followed the path of these great beggars and decided to surrender my life unto Your lotus feet.

« Tu es sans un sou, as-Tu encore affirmé, et c’est bien vrai. Tu Te donnes tout entier à ces grandes âmes, ces grands bhaktas. Forte de ce savoir, j’ai refusé même des personnages aussi élevés que Brahmājī et le roi Indra. Ô Seigneur, le Temps, grand parmi les grands, n’agit que sous Ton ordre. Telle est sa puissance qu’en un instant il peut dévaster n’importe quelle partie de la création. Tout cela bien considéré, J’ai pensé que Jarāsandha, Śiśupāla et les autres princes de leur rang, qui tous désiraient ma main, n’étaient guère que de minuscules insectes.

“You have said that You are penniless, and that is correct, for You distribute Yourself completely to these great souls and devotees. Knowing this fact perfectly well, I rejected even such great personalities as Lord Brahmā and King Indra. My Lord, the great time factor acts under Your direction only. The time factor is so great and powerful that within moments it can effect devastation anywhere within the creation. Considering all these factors, I thought Jarāsandha, Śiśupāla and similar princes who wanted to marry me to be no more important than ordinary insects.

« Ô cher et tout-puissant Fils de Vasudeva, dire que c’est la crainte de tous les grands princes qui T’a fait prendre refuge dans les eaux de l’océan, c’est parole convenable, mais que contredit mon expérience auprès de Toi. Car je sais bien comment Tu m’as enlevée, par force, devant ces mêmes princes ; je sais comment le jour de mon mariage, Tu les as tous aisément écartés, sans rien faire d’autre que pincer la corde de Ton arc, pour m’accorder le refuge de Tes pieds pareils-au-lotus. Je garde encore vif le souvenir de mon enlèvement. Tu m’as prise comme un lion s’empare de force de sa proie, écartant d’un regard tous les autres animaux.

“My dear all-powerful son of Vasudeva, Your statement that You have taken shelter within the water of the ocean out of fear of all the great princes, is quite unsuitable, for my experience with You contradicts this. I have actually seen that You kidnapped me forcibly in the presence of all these princes. At the time of my marriage ceremony, simply by giving a jerk to the string of Your bow, You very easily drove the others away and kindly gave me shelter at Your lotus feet. I still remember vividly how You kidnapped me in the same way that a lion forcibly takes its share of hunted booty, driving away all small animals within the twinkling of an eye.

« Mon cher Seigneur aux yeux pareils-au-lotus, je ne peux Te comprendre lorsque Tu affirmes que les femmes – et les hommes – qui ont pris refuge sous Tes pieds pareils-au-lotus passent leurs jours dans le deuil. L’histoire du monde nous montre que les princes tels Aṅga, Pṛthu, Bharata, Yayāti et Gaya, tous grands empereurs de la planète, de si haut rang qu’ils ne connaissaient nul rival, renoncèrent, pour s’attirer la faveur de Tes pieds pareils-au-lotus, à leurs hautes positions, et se rendirent dans la forêt y pratiquer ascèse et pénitence. Comment, prise de plein gré, une telle position – accepter Tes pieds pareils-au-lotus comme le Tout de ce qui est – leur vaudrait-elle deuil et lamentation ?

“My dear lotus-eyed Lord, I cannot understand Your statement that women and other persons who have taken shelter under Your lotus feet pass their days only in bereavement. From the history of the world we can see that princes like Aṅga, Pṛthu, Bharata, Yayāti and Gaya were all great emperors of the world, and there were no competitors to their exalted positions. But in order to achieve the favor of Your lotus feet, they renounced their exalted positions and entered the forest to practice penances and austerities. When they voluntarily accepted such a position, accepting Your lotus feet as all in all, does it mean that they were in lamentation and bereavement?

« Ô cher Seigneur, Tu m’as conseillé de choisir parmi les princes un autre époux et de me séparer de Ta compagnie. Mais, mon cher Seigneur, j’ai parfaite connaissance du fait que Tu es le Réservoir de toutes les qualités. De grands saints comme Nārada Muni s’absorbent éternellement dans la glorification de Tes traits spirituels et absolus. Or, quiconque prend simplement refuge auprès d’un tel saint s’affranchit aussitôt de toutes souillures matérielles ; et celui qui vient ainsi au contact direct de Ton service, se voit accorder toutes les bénédictions de la déesse de la fortune. S’il en est ainsi, quelle femme au monde, ayant une seule fois entendu chanter Tes gloires de source autorisée, ayant d’une manière ou d’une autre goûté au nectar de Tes pieds pareils-au-lotus, peut être assez sotte pour consentir à épouser un être de ce monde, où l’on craint sans cesse mort, maladie, vieillesse et renaissance ? Voilà pourquoi j’ai accepté Tes pieds pareils-au-lotus, non pas de façon inconsidérée, mais après mûre réflexion. Ô cher Seigneur, Toi le Maître des trois mondes, Tu peux combler tous les désirs de tous Tes dévots, en ce monde et dans l’autre, car de chacun Tu es l’Âme Suprême. Je T’ai donc choisi pour époux, Te tenant pour le seul convenable. Tu peux me jeter dans n’importe laquelle des formes d’existence, selon le karma de mes actes intéressés, je n’en ai nul souci. Mon seul désir est de toujours pouvoir me tenir à Tes pieds pareils-au-lotus, car Tu peux délivrer Tes dévots de l’existence matérielle, illusoire, Toi toujours prêt à Te donner à eux.

“My dear Lord, You have advised me that I can still select another from the princely order and divorce myself from Your companionship. But, my dear Lord, it is perfectly well known to me that You are the reservoir of all good qualities. Great saintly persons like Nārada Muni are always engaged simply in glorifying Your transcendental characteristics. Someone who simply takes shelter of such a saintly person immediately becomes freed from all material contamination. And when he comes in direct contact with Your service, the goddess of fortune agrees to bestow all her blessings. Under the circumstances, what woman who has once heard of Your glories from authoritative sources and has somehow or other relished the nectarean fragrance of Your lotus feet would be foolish enough to agree to marry someone of this material world, who is always afraid of death, disease, old age and rebirth? I have therefore accepted Your lotus feet not without consideration but after mature and deliberate decision. My dear Lord, You are the master of the three worlds. You can fulfill all the desires of all Your devotees in this world and the next because You are the Supreme Soul of everyone. I have therefore selected You as my husband, considering You to be the only fit personality. You may throw me in any species of life according to the reactions of my fruitive activities, and I haven’t the least concern for this. My only ambition is that I may always remain fast to Your lotus feet, for You can deliver Your devotees from illusory material existence and are always prepared to distribute Yourself to Your devotees.

« Ô cher Seigneur, Tu m’as désigné des princes, comme Śiśupāla, Jarāsandha ou Dantavakra ; mais quelle est donc leur position en ce monde ? Sans cesse ils sont absorbés en des tâches épuisantes pour assurer la vie de leur famille, tels des bœufs tournant jour et nuit le pressoir à huile. Pour cela on les compare également aux ânes, aux bêtes de somme. On les méprise tels des chiens, et des chats ils ont l’avarice. Ils se sont vendus comme esclaves à leurs épouses. Une femme de mauvaise fortune, qui n’a jamais entendu Tes gloires, acceptera peut-être un tel homme pour époux, mais certes jamais celle qui apprit à Te connaître, Toi que louent les habitants de cette planète, et aussi les grands devas comme Brahmā et Śiva ; jamais autre que Toi n’obtiendra sa main. L’homme de ce monde n’est qu’un corps mort. L’être vivant y est couvert du corps, de rien d’autre qu’un sac de peau décorée d’une barbe et de moustaches, de poils, d’ongles sur le bout des doigts et de cheveux sur la tête. Dans ce sac ainsi orné, des paquets de muscles, d’os, des flaques de sang, toujours mêlés à l’excrément, l’urine, le mucus, la bile et l’air pollué, tout cela formant le délice des germes et des insectes ! L’insensée accepte pour époux ce corps mort et, dans son erreur grotesque, lui porte son amour, lui devenu son cher compagnon. Commettrait-elle cette erreur si elle avait jamais goûté la saveur d’éternelle félicité de Tes pieds pareils-au-lotus ?

“My dear Lord, You have advised me to select one of the princes such as Śiśupāla, Jarāsandha or Dantavakra, but what is their position in this world? They are always engaged in hard labor to maintain their household life, just like the bulls working hard day and night with an oil-pressing machine. They are compared to asses, beasts of burden. They are always dishonored like dogs, and they are miserly like cats. They have sold themselves like slaves to their wives. Any unfortunate woman who has never heard of Your glories may accept such a man as her husband, but a woman who has learned about You – that You are praised not only in this world but in the halls of the great demigods like Lord Brahmā and Lord Śiva – will not accept anyone besides You as her husband. A man within this material world is just a dead body. In fact, superficially, the living entity is covered by this body, which is nothing but a bag of skin decorated with a beard and mustache, hairs on the body, nails on the fingers, and hairs on the head. Within this decorated bag are bunches of muscles, bundles of bones, and pools of blood, always mixed with stool, urine, mucus, bile and polluted air and enjoyed by different kinds of insects and germs. A foolish woman accepts such a dead body as her husband and, in sheer misunderstanding, loves him as her dear companion. This is possible only because such a woman has never relished the ever-blissful fragrance of Your lotus feet.

« Mon cher Époux, aux yeux pareils-au-lotus, satisfait en Toi-même, peu T’importent ma beauté ou mes qualités. Aussi, je ne m’étonne pas qu’en Toi ne se trouve nul attachement pour moi. Qu’importe la position et la beauté d’une femme : si grandes soient-elles, Tu ne peux T’y sentir lié. Ainsi, que Tu me sois ou non attaché, puisse ma dévotion et mon attention être toujours présents à Tes pieds pareils-au-lotus. Tu as créé la Passion : aussi, quand Tu me jettes un regard passionné, je le reçois comme la plus grande bénédiction de mon existence. Mon ambition ne réclame que le bon augure de semblables moments. »

“My dear lotus-eyed husband, You are self-satisfied. You do not care whether or not I am beautiful or qualified; You are not at all concerned about it. Therefore Your nonattachment for me is not at all astonishing; it is quite natural. You cannot be attached to any woman, however exalted her position and beauty. Whether You are attached to me or not, may my devotion and attention be always engaged at Your lotus feet. The material mode of passion is also Your creation, so when You passionately glance upon me, I accept it as the greatest boon of my life. I am ambitious only for such auspicious moments.”

Point par point, Rukmiṇī avait répondu aux paroles dont Kṛṣṇa S’était servi pour provoquer sa colère amoureuse. Kṛṣṇa l’entendit et reprit : « Ma chère et chaste épouse, Ma chère princesse, J’attendais de toi semblables explications ; tous ces propos narquois, bien éloignés de Mes véritables sentiments, n’avaient pas d’autre but. Il est atteint. Tu as donné de Mes paroles des explications merveilleuses, et véridiques, que J’approuve. Ô Rukmiṇī, à la beauté sans égale, tu es Mon épouse la plus chère. Grande est Ma satisfaction quand Je vois quel amour intense tu Me portes. Sois-en sûre, Je t’en prie, quelles que soient tes ambitions, tes désirs, tout ce que tu attends de Moi te sera toujours accordé. Je demeure à jamais ton serviteur. Et il est bien vrai que Mes dévots, Mes amis et serviteurs les plus chers, sont libres de toute souillure matérielle, même s’ils ne veulent en rien implorer de Moi cette libération. Car ils ne désirent jamais rien de Moi, si ce n’est de Me servir. Cependant, puisqu’ils dépendent tout entiers de Ma Personne, s’il arrive qu’ils Me fassent une demande quelconque, elle ne saurait être d’ordre matériel. Leurs ambitions et désirs, au lieu de les lier à la matière, deviennent pour eux source de libération.

After hearing Rukmiṇī’s statement and her clarification of each and every word He had used to arouse her anger of love toward Him, Kṛṣṇa addressed Rukmiṇī as follows: “My dear chaste wife, My dear princess, I expected such an explanation from you, and only for this purpose did I speak all those joking words, so that you might be cheated of the real point of view. Now My purpose has been served. The wonderful explanation you have given of My every word is completely factual and approved by Me. O most beautiful Rukmiṇī, you are My dearmost wife. I am greatly pleased to understand how much love you have for Me. Please take it for granted that no matter what ambition and desire you might have and no matter what you might expect from Me, I am always at your service. And it is a fact also that My devotees, My dearmost friends and servitors, are always free from material contamination, even though they are not inclined to ask Me for such liberation. My devotees never desire anything from Me except to be engaged in My service. And yet because they are completely dependent upon Me, even if they are found to ask something from Me, that is not material. Such ambitions and desires, instead of becoming the cause of material bondage, become the source of liberation from this material world.

« Ma chère épouse, chaste et vertueuse, J’ai mis à l’épreuve ta chasteté, ton amour pour ton Époux, épreuve passée avec le plus grand succès. J’ai voulu te troubler, par des paroles qui ne s’accordent guère avec ce que tu es ; Me voilà maintenant surpris de voir que rien de ta dévotion pour Moi n’a perdu de sa force initiale. Ô chère épouse, c’est Moi qui accorde aux êtres toutes bénédictions, et même la libération de ce monde de matière ; et c’est Moi seul encore qui peut mettre un terme à l’existence matérielle pour rappeler auprès de Moi l’âme conditionnée, de retour en sa demeure originelle.

« Ceux dont la dévotion pour Moi est impure M’adorent pour obtenir quelque bienfait matériel, pour se garder dans un monde de bonheur matériel, culminant avec le plaisir sexuel. Ceux qui endurent de sévères austérités à seule fin de connaître ce bonheur, certes ils sont recouverts de l’illusion de mon énergie externe. Oui, ceux qui ne s’engagent dans Mon service de dévotion que dans un but matériel, pour donner quelque plaisir à leurs sens, sont des plus sots. Le bonheur matériel basé sur la vie sexuelle, on le trouve jusque dans les formes de vie les plus abominables, celles du porc ou du chien. Nul, pour un bonheur accessible même dans des conditions d’existence infernale, ne devrait M’approcher. Mieux vaut, si l’on n’aspire qu’au bonheur de ce monde, sans désir pour Ma Personne, demeurer dans cette condition infernale. »

“My dear chaste and pious wife, I have tested, on the basis of strict chastity, your love for your husband, and you have passed the examination most successfully. I have purposely agitated you by speaking many words not applicable to your character, but I am surprised to see that not a pinch of your devotion to Me has been deviated from its fixed position. My dear wife, I am the bestower of all benedictions, even up to the standard of liberation from this material world, and it is I only who can stop the continuation of material existence and call one back home, back to Godhead. One whose devotion for Me is adulterated worships Me for some material benefit, just to keep himself in the world of material happiness, culminating in the pleasure of sex life. One who engages himself in severe penances and austerities just to attain this material happiness is certainly under the illusion of My external energy. Persons who are engaged in My devotional service simply for the purpose of material gain and sense gratification are certainly very foolish, for material happiness based on sex life is available in the most abominable species of life, such as the hogs and dogs. No one should try to approach Me for such happiness, which is available even if one is put into a hellish condition of life. It is better, therefore, for persons who are simply after material happiness and not after Me to remain in that hellish condition.”

La souillure de ce monde de matière est si profonde en les êtres conditionnés qu’ils travaillent très dur, jour et nuit, pour obtenir quelque bonheur matériel. Toute la parade de religiosité, d’austérité, de pénitence, d’humanitarisme, de philanthropie, de politique, de science…, à laquelle ils se prêtent n’a pour but que d’obtenir quelque bienfait matériel. Et pour un succès plus rapide dans cette voie, les matérialistes vouent en général leur adoration à différents devas ; ensorcelés par leurs inclinations matérielles, ils adoptent parfois le service de dévotion offert au Seigneur. Il arrive même que si une personne sert avec sincérité le Seigneur, tout en maintenant quelque ambition matérielle, Kṛṣṇa, par un effet de Sa grande bonté, la prive de ces sources de bonheur matériel. Alors, privé de recourir aux plaisirs de ce monde, le bhakta s’engage tout entier dans le service de dévotion pur.

Material contamination is so strong that everyone is working very hard day and night for material happiness. The show of religion, austerity, penance, humanitarianism, philanthropy, politics, science – everything is aimed at realizing some material benefit. For the immediate success of material benefit, materialistic persons generally worship different demigods, and under the spell of material propensities they sometimes take to the devotional service of the Lord. But sometimes it so happens that if a person sincerely serves the Lord and at the same time maintains material ambitions, the Lord very kindly removes the sources of material happiness. Not finding any recourse in material happiness, the devotee then engages himself absolutely in pure devotional service.

Śrī Kṛṣṇa poursuivit : « Ô chère, ô meilleure d’entre les reines, il est clair à Mes yeux que tu ne nourris nulle ambition matérielle : ton seul dessein est de Me servir, et depuis longtemps tu te trouves absorbée dans Mon service de dévotion pur et sans mélange. Un tel service de dévotion, pur et exemplaire, a le pouvoir non seulement d’accorder au bhakta la libération de ce monde, mais encore de l’élever au Royaume spirituel, où il Me servira éternellement. Ceux qui sont trop attachés au plaisir matériel ne peuvent M’offrir un tel service. Les femmes dont le cœur est souillé, plein de désirs matériels, inventent force moyens de donner à leurs sens le plaisir tout en montrant une façade très dévouée à Ma Personne.

Lord Kṛṣṇa continued: “My dear best of queens, I clearly understand that you have no material ambition; your only purpose is to serve Me, and you have long been engaged in unalloyed service. Exemplary unalloyed devotional service not only can bestow upon the devotee liberation from this material world, but it also promotes him to the spiritual world to be eternally engaged in My service. Persons too much addicted to material happiness cannot render such service. Women whose hearts are polluted and full of material desires devise various means of sense gratification while outwardly showing themselves to be great devotees.

« Toi que J’aime et que J’honore, bien que Je possède des épouses par milliers, Je ne pense pas qu’aucune d’entre elles puisse M’aimer d’un amour plus grand que le tien. La preuve : tu ne M’avais jamais vu avant notre mariage ; tu avais seulement entendu parler de Ma Personne. Or ta foi en Moi n’en fut pas moins ferme, et en présence de nombreux princes, qualifiés, riches et beaux, tu as maintenu ton choix, Me préférant à eux. Tu les as tous négligés ; avec délicatesse, tu M’as envoyé une lettre secrète, pour M’inviter à te ravir. Rukmī, ton frère aîné, comme Je t’enlevais, protesta violemment, et voulut s’opposer à Moi. Il fut vaincu et disgracié sans merci. Puis lors du mariage d’Aniruddha, pendant que nous jouions tous aux échecs, une controverse eut lieu, qui provoqua une lutte entre Rukmī et Mon frère aîné, Balarāma. Celui-ci finit par mettre à mort ton frère. J’ai été surpris de n’entendre aucune protestation sortir de tes lèvres. Anxieuse seulement à l’idée que tu pouvais être séparée de Moi, tu as tout enduré sans dire mot. Par ce silence, ô chère épouse, tu M’as gagné pour l’éternité ; c’est à jamais que Je te suis soumis. Quand tu envoyas ton messager vers Moi, pour que Je t’enlève, Je vins tard, et tout le temps de Mon absence le monde entier te parut vide. Tu pensas que ton corps merveilleux ne devait être touché par personne d’autre, et croyant que Je ne viendrais pas, tu décidas de te suicider, d’en finir d’un coup avec ce corps. Ma chère Rukmiṇī, un tel amour pour Ma Personne, si grand, si haut, demeurera à jamais en Mon âme. Car comment pourrais-Je te rendre ta pure dévotion ? »

“My dear honored wife, although I have thousands of wives, I do not think that any one of them can love Me more than you. The practical proof of your extraordinary position is that although you had never seen Me before our marriage and you had simply heard about Me from a third person, still, your faith in Me was so much fixed that even in the presence of many qualified, rich and beautiful men of the royal order, you did not select any one of them as your husband but insisted on having Me. You neglected all the princes present, and very politely you sent Me a confidential letter inviting Me to kidnap you. While I was kidnapping you, your elder brother Rukmī violently protested and fought with Me. As a result of the fight, I defeated him mercilessly and disfigured his body. At the time of Aniruddha’s marriage, when we were all playing chess, there was another fight with your brother Rukmī on a controversial verbal point, and My elder brother, Balarāma, finally killed him. I was surprised to see that you did not utter even a word of protest over this incident. Because of your great anxiety that you might be separated from Me, you suffered all the consequences without speaking even a word. As the result of this great silence, My dear wife, you have purchased Me for all time; I have come eternally under your control. You sent your messenger inviting Me to kidnap you, and when you found that there was a little delay in My arriving on the spot, you saw the whole world as vacant. At that time you concluded that your beautiful body was not fit to be touched by anyone else; therefore, thinking that I was not coming, you decided to commit suicide and immediately end that body. My dear Rukmiṇī, such great and exalted love for Me will always remain within My soul. As far as I am concerned, it is not within My power to repay you for your unalloyed devotion to Me.”

Dieu, la Personne Suprême, Śrī Kṛṣṇa, n’a certes que faire d’être l’époux, le fils ou le père de qui que ce soit, car tout Lui appartient et chacun se trouve sous Son contrôle. Il est ātmārāma, satisfait en Lui-même ; Il peut par Lui-même connaître tout plaisir, sans intervention extérieure. Mais lorsqu’Il descend en ce monde et y joue le rôle d’un être humain, Il se fait – à la perfection – soit époux, soit fils, ami ou ennemi. Ainsi, jouant le rôle du parfait Époux des reines de Dvārakā, notamment Rukmiṇījī, Il prit plaisir à l’amour conjugal, de façon parfaite.

The Supreme Personality of Godhead, Kṛṣṇa, certainly has no business being anyone’s husband or son or father, because everything belongs to Him and everyone is under His control. He does not require anyone’s help for His satisfaction. He is ātmārāma, self-satisfied; He can derive all pleasure by Himself, without anyone’s help. But when the Lord descends to play the part of a human being, He plays a role either as a husband, son, friend or enemy in full perfection. As such, when He was playing as the perfect husband of the queens, especially of Rukmiṇījī, He enjoyed conjugal love in complete perfection.

Selon la culture védique, la polygamie est permise, mais les épouses ne doivent pas être mal traitées. En d’autres termes, un homme peut prendre plusieurs épouses à la seule condition qu’il soit capable, en homme de famille idéal, de les satisfaire toutes également. Śrī Kṛṣṇa est le Précepteur du monde ; ainsi, bien qu’Il n’eût aucun besoin d’une épouse, Il Se multiplia en autant de Formes qu’Il avait pris d’épouses et vécut avec chacune d’entre elles en mari idéal, observant les principes régulateurs, les règles et les engagements prescrits par les Vedas, les lois et la tradition sociale. Pour chacune de Ses 16 108 femmes, Il entretint simultanément différents palais, avec différentes ambiances. Ainsi, le Seigneur, bien qu’unique, Se déploya en tant que 16 108 chefs de famille idéals.

According to Vedic culture, although polygamy is allowed, none of one’s wives should be ill-treated. In other words, one may take many wives only if he is able to satisfy all of them equally as an ideal householder; otherwise it is not allowed. Lord Kṛṣṇa is the world teacher; therefore, even though He had no need for a wife, He expanded Himself into as many forms as He had wives, and He lived with them as an ideal householder, observing the regulative principles, rules and commitments in accordance with the Vedic injunctions and the social laws and customs of society. For each of His 16,108 wives, He simultaneously maintained different palaces, different establishments and different atmospheres. Thus the Lord, although one, exhibited Himself as 16,108 ideal householders.

Ainsi s’achèvent les enseignements de Bhaktivedanta pour le soixantième chapitre du Livre de Kṛṣṇa, intitulé: « Conversations échangées entre Kṛṣṇa et Rukmiṇī ».

Thus ends the Bhaktivedanta purport of the sixtieth chapter of Kṛṣṇa, “Talks Between Kṛṣṇa and Rukmiṇī.”