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CINQUANTE-DEUXIÈME CHAPITRE

CHAPTER 52

Kṛṣṇa fuit le champ de bataille

Kṛṣṇa, the Raṇacora

Quand Mucukunda, l’illustre descendant de la dynastie d’Īkṣvāku, eut reçu la faveur de Śrī Kṛṣṇa, il entreprit dans la caverne une marche circulaire autour du Seigneur, et sortit. Quelle ne fut pas sa surprise ! Devant lui, il voyait des hommes, des arbres…, réduits à une taille ridicule. Mucukunda comprit qu’il s’était réveillé dans l’âge de Kali. Aussi, sans laisser détourner son attention, se dirigea-t-il vers le nord. Il parvint à une montagne connue sous le nom de Gandhamādana, où on trouvait nombre d’arbres précieux, comme le santal, et d’autres, fleuris ; leur arôme mettait en joie le cœur de celui qui atteignait ces lieux. Mucukunda pensa que cette région serait propice à l’accomplissement d’austérités pour le reste de son existence. On peut la situer dans la partie la plus septentrionale des Himalayas, où se tient la demeure de Nara-Nārāyaṇa. Encore aujourd’hui, ces lieux existent et sont connus sous le nom de Badarikāśrama. Parvenu donc à Badarikāśrama, Mucukunda, oubliant joies et peines ainsi que toutes les dualités de ce monde, s’engagea dans l’adoration de Śrī Kṛṣṇa. Ce dernier, quant à Lui, avait repris le chemin de Mathurā, où Il combattit et fit périr un à un tous les soldats de Kālayavana. Puis, Il rassembla en guise de butin toutes les richesses dont s’ornaient les cadavres, et qui, chargées sous Sa direction sur des chars à bœufs par des hercules, furent transportées jusqu’à Dvārakā.

When Mucukunda, the celebrated descendant of the Ikṣvāku dynasty, was favored by Lord Kṛṣṇa, he circumambulated the Lord within the cave and then came out. On coming out of the cave, Mucukunda saw that the human species had surprisingly been reduced in stature to pygmy size. Similarly, the trees had also been far reduced in size, and Mucukunda could immediately understand that the current age was Kali-yuga. Therefore, without diverting his attention, he began to travel north. Eventually he reached the mountain known as Gandhamādana, where there were many trees, such as sandalwood and other flowering trees, whose fragrance made anyone who reached them joyful. He decided to remain in that Gandhamādana Mountain region to execute austerities and penances for the rest of his life. It appears that this place is situated in the northernmost part of the Himalayan Mountains, where the abode of Nara-Nārāyaṇa is situated. This place is still existing and is called Badarikāśrama. In Badarikāśrama he engaged himself in the worship of Lord Kṛṣṇa, tolerating all kinds of pains and pleasures and the other dualities of this material world. Lord Kṛṣṇa returned to the vicinity of Mathurā, where He fought with the soldiers of Kālayavana and killed them one after another. After this, He collected all the booty from the dead bodies, and under His direction it was loaded on bullock carts and brought back to Dvārakā.

Entre temps, Jarāsandha avait de nouveau attaqué Mathurā, cette fois à l’aide de divisions militaires plus lourdes : vingt-trois akṣauhiṇīs.

Meanwhile, Jarāsandha again attacked Mathurā, this time with bigger divisions of soldiers, numbering twenty-three akṣauhiṇīs.

Il fallait sauver Mathurā du dix-huitième assaut. Mais Kṛṣṇa voulait éviter les morts inutiles, et avait à S’occuper d’autres affaires, de grande importance également. C’est pourquoi Il abandonna le champ de bataille sans combattre. Non, Kṛṣṇa ne connaissait pas la crainte, mais Il jouait le rôle d’un homme ordinaire, effrayé à la vue du nombre prodigieux des guerriers de Jarāsandha et de ses grandes ressources. Sans arme, Kṛṣṇa fuit le champ de bataille. Bien que Ses pieds aient la douceur fragile des pétales du lotus, Il parcourt à pied une fort longue distance.

Lord Śrī Kṛṣṇa wanted to save Mathurā from the eighteenth attack of the great military divisions of King Jarāsandha. To prevent further killing of soldiers and to attend to other important business, Lord Kṛṣṇa left the battlefield without fighting. Actually He was not at all afraid, but He pretended to be an ordinary human being frightened by the immense quantity of soldiers and resources of Jarāsandha. Without any weapons Kṛṣṇa left the battlefield. Although His lotus feet were as soft as the petals of a lotus flower, He proceeded for a very long distance on foot.

Cette fois, Jarāsandha pense que Kṛṣṇa et Balarāma, terrorisés par sa puissance, fuient le champ de bataille. Et il Les suit, escorté de tous ses chars, de tous ses chevaux et de toute son infanterie. Croyant voir en Eux des hommes comme les autres, il veut prendre la mesure de Leurs Actes. On désigne parfois Kṛṣṇa sous le Nom de Raṇacora, Celui qui a quitté le champ de bataille. En Inde, notamment dans la province du Gujarat, on trouve de nombreux temples de Kṛṣṇa dits temples de Raṇacorajī. D’ordinaire, un roi qui a quitté le champ de bataille sans combattre est qualifié de lâche ; mais Kṛṣṇa en a fait un de Ses Divertissements, digne de l’adoration des bhaktas. Les asuras cherchent toujours à mesurer la puissance et l’opulence de Kṛṣṇa ; non les bhaktas, qui préfèrent s’abandonner à Lui et L’adorer. En marchant sur les traces des purs bhaktas, il nous sera donné de savoir que Kṛṣṇa, Raṇacorajī, ne S’est pas enfui du champ de bataille poussé par la peur, mais bien parce qu’Il poursuivait quelqu’autre but. Ce but, comme il sera révélé, était de répondre à un message intime de Rukmiṇī, celle qui deviendra Sa première épouse. En quittant le champ de bataille, Kṛṣṇa déploya en vérité l’une de Ses six excellences. Il est suprême en puissance, en richesse, en renommée, en sagesse, en beauté et, de même, en renoncement. Le Śrīmad-Bhāgavatam dit clairement qu’Il renonça, en quittant le champ de bataille, à user des puissances militaires considérables qui Le soutenaient. D’autre part, même sans milice, Il aurait pu à Lui seul vaincre l’armée de Jarāsandha comme Il l’avait déjà fait à dix-sept reprises. Pour ces raisons, le départ. de Kṛṣṇa nous donne un exemple de Son excellence dans le renoncement.

This time, Jarāsandha thought that Kṛṣṇa and Balarāma were very much afraid of his military strength and were fleeing the battlefield. He followed Them with all his chariots, horses and infantry. He thought Kṛṣṇa and Balarāma to be ordinary human beings, and he was trying to measure the activities of the Lord. Due to this pastime Kṛṣṇa is known as Raṇacora, which means “one who has left the battlefield.” In India, especially in Gujarat, there are many temples of Kṛṣṇa known as temples of Raṇacorajī. Ordinarily, if a king leaves the battlefield without fighting he is called a coward, but when Kṛṣṇa enacts this pastime, leaving the battlefield without fighting, He is worshiped by the devotees. A demon always tries to measure the opulence of Kṛṣṇa, whereas a devotee never tries to measure His strength and opulence but always surrenders unto Him and worships Him. By following in the footsteps of pure devotees, we can know that Kṛṣṇa, the Raṇacorajī, left the battlefield not because He was afraid but because He had some other purpose. The purpose, as it will be revealed, was to attend to a confidential letter sent by Rukmiṇī, His future first wife. Kṛṣṇa’s leaving the battlefield is a display of one of His six opulences. Kṛṣṇa is the supreme powerful, the supreme wealthy, the supreme famous, the supreme wise and the supreme beautiful; similarly, He is the supreme renouncer. Śrīmad-Bhāgavatam clearly states that He left the battlefield in spite of having ample military strength. Even without His militia, He alone would have been sufficient to defeat the army of Jarāsandha, as He had done seventeen times before. Therefore, His leaving the battlefield is an example of His supermost opulence, renunciation.

Quand Ils eurent, suivis de l’armée ennemie, parcouru de très longues distances, les deux Frères donnèrent des signes de lassitude. Et pour soulager Leur fatigue, Ils gravirent une très haute montagne, dont le sommet s’élevait à plusieurs milliers de mètres au-dessus du niveau de la mer, et qu’on connaissait sous le nom de Pravarṣaṇa, à cause des pluies constantes qui s’abattaient sur elle. Les derniers pics en étaient toujours coiffés par les nuages d’Indra. Jarāsandha, convaincu que les deux Frères, effrayés de sa puissance, S’étaient cachés au sommet de la montagne, s’efforça tout d’abord de Les y retrouver ; il Les chercha pendant longtemps, mais en vain, et décida pour finir d’un piège : il Les ferait périr en allumant un feu autour du pic de la montagne. Tout autour, il répandit de l’huile qu’il enflamma. L’incendie montait, toujours plus haut, et Kṛṣṇa et Balarāma sautèrent du sommet jusqu’au sol – une hauteur de cent quarante-deux kilomètres –, échappant ainsi aux flammes sans que Jarāsandha, dans l’embrasement général, pût Les voir. Il conclut que les deux Frères avaient été réduits en cendres ; inutile donc de poursuivre le combat. Croyant voir tous ses efforts couronnés de succès, Jarāsandha quitta la ville de Mathurā, et repartit dans son royaume, Magadha. Kṛṣṇa et Balarāma, de Leur côté, gagnèrent Dvārakā, la ville entourée par la mer.

After traversing a very long distance, the brothers pretended to become tired. To mitigate Their weariness, They climbed up a mountain many miles above sea level. This mountain was called Pravarṣaṇa due to constant rain, for the peak was always covered with clouds sent by Indra. Jarāsandha took it for granted that the two brothers were afraid of his military power and had hidden Themselves at the top of the mountain. First he tried to find Them, searching for a long time, but when he failed he decided to trap and kill Them by setting fires around the peak. He therefore surrounded the peak with firewood and set it ablaze. As the fire spread more and more, Kṛṣṇa and Balarāma jumped from the top of the mountain down to the ground – a distance of eighty-eight miles. Thus, while the peak was burning up, Kṛṣṇa and Balarāma escaped, unseen by Jarāsandha or his men. Jarāsandha concluded that the two brothers had burned to ashes and that there was no need of further fighting. Thinking himself successful in his efforts, he left the city of Mathurā and returned to his home in the kingdom of Magadha. Gradually Kṛṣṇa and Balarāma reached the city of Dvārakā, which was surrounded by the sea.

Dans les temps qui suivirent, Śrī Balarāma épousa Revatī, la fille du roi Raivata, gouverneur de la province d’Ānarta. Ces faits sont relatés dans le neuvième Chant du Śrīmad-Bhāgavatam. Baladeva marié, à Son tour Kṛṣṇa épousa Rukmiṇī, fille du roi Bhīṣmaka, gouverneur de la province de Vidarbha. De même que Kṛṣṇa est Dieu, la Personne Suprême, Vāsudeva, Rukmiṇī est la suprême déesse de la fortune, Mahā-Lakṣmī. Selon l’autorité du Caitanya-caritāmṛta, les émanations de Kṛṣṇa et de Śrīmatī Rādhārāṇī sont simultanées : Kṛṣṇa Se multiplie en d’innombrables Formes viṣṇu-tattvas, Śrīmatī Rādhārāṇī, par Sa puissance interne, en d’innombrables formes śakti-tattvas, qui sont les multiples déesses de la fortune.

Following this, Śrī Balarāma married Revatī, daughter of King Raivata, ruler of Ānarta Province. This is explained in the Ninth Canto of Śrīmad-Bhāgavatam. After the marriage of Baladeva, Kṛṣṇa married Rukmiṇī. Rukmiṇī was the daughter of King Bhīṣmaka, ruler of the province known as Vidarbha. Just as Kṛṣṇa is the Supreme Personality of Godhead, Vāsudeva, Rukmiṇī is the supreme goddess of fortune, Mahā-Lakṣmī. According to the authority of the Caitanya-caritāmṛta, the expansion of Kṛṣṇa and that of Śrīmatī Rādhārāṇī are simultaneous: Kṛṣṇa expands Himself into various viṣṇu-tattva forms, and Śrīmatī Rādhārāṇī expands Herself into various śakti-tattva forms, by Her internal potency, as multiforms of the goddess of fortune.

Les règles védiques admettent huit sortes de mariages : la meilleure procédure veut que les parents des futurs conjoints décident eux-mêmes de la date du mariage. Puis, quand il s’agit d’époux royaux, le fiancé se rend dans la demeure de sa future épouse, où, en présence des brāhmaṇas, des prêtres et des proches, il la reçoit comme un don de charité. Il existe d’autres formes de mariage, celles des Gāndharvas et des Rākṣasas par exemple. Rukmiṇī fut unie à Kṛṣṇa dans le style Rākṣasa, par enlèvement : Il l’emporta au nez de Ses rivaux, Śiśupāla, Jarāsandha, Śālva et d’autres. Rukmiṇī était offerte à Śiśupāla lorsque Kṛṣṇa l’arracha dans l’aire même du mariage, tout comme Garuḍa ravit aux asuras le pot de nectar. Rukmiṇī, fille unique du roi Bhīṣmaka, resplendissait d’une exquise beauté. On l’appelait aussi Rucirānanā : « celle dont le beau visage s’épanouit comme une fleur de lotus. »

According to Vedic convention, there are eight kinds of marriage. In the first-class marriage system, the parents of the bride and bridegroom arrange the marriage date. Then, in royal style, the bridegroom goes to the house of the bride, and in the presence of brāhmaṇas, priests and relatives, the bride is given in charity to the bridegroom. Besides this, there are other systems, such as the gāndharva and rākṣasa marriages. Kṛṣṇa married Rukmiṇī according to the rākṣasa system, kidnapping her in the presence of His many rivals, like Śiśupāla, Jarāsandha and Śālva. While Rukmiṇī was being given in charity to Śiśupāla, Kṛṣṇa snatched her from the marriage arena exactly as Garuḍa snatched a pot of nectar from the demigods. Rukmiṇī, the only daughter of King Bhīṣmaka, was exquisitely beautiful. She was known as Rucirānanā, which means “one who has a beautiful face expanded like a lotus flower.”

Les dévots de Kṛṣṇa brûlent toujours du désir d’entendre les Actes sublimes du Seigneur. Le combat, l’enlèvement, la fuite, tous Ses Actes, situés au niveau absolu, sont sublimes, immatériels, et les bhaktas éprouvent un immense intérêt spirituel à les écouter. Le pur bhakta ne fait aucun partage entre les Activités du Seigneur, il ne prétend pas que certaines doivent être entendues et d’autres évitées. Il existe cependant des prétendus bhaktas, appelés prākṛta-sahajiyās, qui portent le plus grand intérêt à la rāsa-līlā de Kṛṣṇa avec les gopīs, et négligent Ses luttes et Ses combats. Preuve d’ignorance : au niveau absolu, où elles se situent, Son hostilité envers Ses ennemis et Son amitié envers les gopīs sont d’un égal sublime. Les Divertissements sublimes de Kṛṣṇa que décrit le Śrīmad-Bhāgavatam sont goûtés par les purs bhaktas à travers une écoute soumise. Pour rien ils n’en négligeraient le moindre détail.

Devotees of Kṛṣṇa are always eager to hear about the transcendental activities of the Lord. His activities of fighting, kidnapping and running away from the battlefield are all transcendental, being on the absolute platform, and devotees take a transcendental interest in hearing of them. The pure devotee does not make the distinction that some activities of the Lord should be heard and others avoided. There is, however, a class of so-called devotees known as prākṛta-sahajiyās who are very interested in hearing about Kṛṣṇa’s rāsa-līlā with the gopīs but not about His fighting with His enemies. They do not know that His bellicose activities and His friendly activities with the gopīs are equally transcendental, being on the absolute platform. All the transcendental pastimes of Kṛṣṇa described in Śrīmad-Bhāgavatam are relished by pure devotees through submissive aural reception. They do not reject even a drop.

Mais comment se fit donc le mariage de Kṛṣṇa et de Rukmiṇī ? Le roi de Vidarbha, Mahārāja Bhīṣmaka, était plein des plus hautes qualités. Père de cinq fils, il n’avait qu’une fille. Son premier fils s’appelait Rukmī, le second Rukmaratha, le troisième Rukmabāhu, le quatrième Rukmamālī et le cinquième Rukmakeśa. Leur sœur avait reçu le nom de Rukmiṇī. Belle et chaste, elle convenait parfaitement à Śrī Kṛṣṇa. Des saints et des sages comme Nārada Muni et d’autres venaient souvent visiter le roi Bhīṣmaka dans son palais. Tout naturellement, Rukmiṇī eut l’occasion de s’entretenir avec eux, et ainsi apprit à connaître Kṛṣṇa. Elle connut Ses six excellences, et ce qu’elle entendait de Lui suffit à faire naître en elle le désir de s’abandonner à Ses pieds pareils-au-lotus et de devenir Son épouse. Kṛṣṇa Lui aussi avait entendu parler de Rukmiṇī : réservoir de toutes qualités sublimes, l’intelligence, l’esprit libéral, l’exquise beauté, la vertu. Il pensa qu’elle était digne de devenir Son épouse. Toute la famille du roi Bhīṣmaka et ses proches décidèrent eux aussi que Rukmiṇī devrait être donnée en mariage à Kṛṣṇa. Mais son frère aîné, Rukmī, sans tenir compte de l’avis général, intrigua pour qu’elle épouse Śiśupāla, un ennemi juré de Kṛṣṇa. Lorsque la belle Rukmiṇī, aux yeux de jade, apprit son nouveau destin, elle se sentit envahie de tristesse. Mais elle était fille de roi et connaissait les voies de la diplomatie. Pourquoi s’abandonner à une vaine tristesse ? Plutôt passer à l’action sans tarder. Après avoir pesé la question, elle décida de faire parvenir un message à Kṛṣṇa afin de n’être pas trompée, elle choisit pour émissaire un brāhmaṇa qualifié. Un véritable brāhmaṇa est toujours fidèle à sa parole et dévoué à Viṣṇu. Aussitôt, il partit pour Dvārakā.

The story of Kṛṣṇa’s marriage with Rukmiṇī is described as follows. The King of Vidarbha, Mahārāja Bhīṣmaka, was very qualified and devoted. He had five sons and only one daughter. The first son was known as Rukmī; the second, Rukmaratha; the third, Rukmabāhu; the fourth, Rukmakeśa; and the fifth, Rukmamālī. The brothers had one young sister, Rukmiṇī. She was beautiful and chaste and was meant to be married to Lord Kṛṣṇa. Many saintly persons and sages like Nārada Muni used to visit the palace of King Bhīṣmaka. Naturally Rukmiṇī had a chance to talk with them, and in this way she obtained information about Kṛṣṇa. She was informed about the six opulences of Kṛṣṇa, and simply by hearing about Him she desired to surrender herself to His lotus feet and become His wife. Kṛṣṇa had also heard of Rukmiṇī. She was the reservoir of all transcendental qualities: intelligence, auspicious physical features, liberal-mindedness, exquisite beauty and righteous behavior. Kṛṣṇa therefore decided that she was fit to be His wife. All of the relatives of King Bhīṣmaka decided that Rukmiṇī should be given in marriage to Kṛṣṇa. But her elder brother Rukmī, despite the desire of the others, arranged for her marriage with Śiśupāla, a determined enemy of Kṛṣṇa. When the black-eyed, beautiful Rukmiṇī heard of the settlement, she immediately became very morose. However, being a king’s daughter, she understood political diplomacy and decided that there was no use in simply being morose. Some steps should be taken immediately. After some deliberation, she decided to send a message to Kṛṣṇa, and so that she might not be deceived, she selected a qualified brāhmaṇa as her messenger. Such a qualified brāhmaṇa is always truthful and is a devotee of Viṣṇu. Without delay, she sent the brāhmaṇa to Dvārakā.

Lorsque le brāhmaṇa fut aux portes de Dvārakā, le garde le conduisit devant Kṛṣṇa, qui siégeait sur un trône d’or. Pour avoir été choisi comme messager de Rukmiṇī, le brāhmaṇa eut la fortune de pouvoir contempler Dieu, la Personne Suprême, Śrī Kṛṣṇa, la Cause originelle de toutes les causes. Le brāhmaṇa est le maître spirituel de tous les varṇas. Śrī Kṛṣṇa, pour enseigner à tous l’étiquette védique du respect des brāhmaṇas, Se leva aussitôt et lui offrit Son trône. Lorsque le brāhmaṇa eut pris place, Śrī Kṛṣṇa l’adora avec les gestes mêmes qu’ont les devas devant Lui. Ainsi, Il enseignait à tous qu’adorer Son dévot a plus de valeur qu’adorer Sa propre Personne.

Reaching the gate of Dvārakā, the brāhmaṇa informed the doorkeeper of his arrival, and the doorkeeper led him to the place where Kṛṣṇa was sitting on a golden throne. Since the brāhmaṇa had the opportunity to be Rukmiṇī’s messenger, he was fortunate enough to see the Supreme Personality of Godhead Kṛṣṇa, the original cause of all causes. A brāhmaṇa is the spiritual teacher of all the social divisions. Lord Śrī Kṛṣṇa, in order to teach everyone the Vedic etiquette of how to respect a brāhmaṇa, immediately got up and offered him His throne. When the brāhmaṇa was seated on the golden throne, Lord Śrī Kṛṣṇa began to worship him exactly as the demigods worship Kṛṣṇa. In this way, He taught everyone that worshiping His devotee is more valuable than worshiping Him.

Au moment convenable, le brāhmaṇa prit son bain, ses repas, puis s’allongea sur un lit recouvert de douces soieries. Comme il se reposait, Śrī Kṛṣṇa S’approcha du lit en silence, et, avec le plus grand respect, posa sur Ses genoux les jambes du brāhmaṇa, qu’Il Se mit à masser. Ainsi parut Kṛṣṇa aux regards du brāhmaṇa. « Cher brāhmaṇa, lui dit-Il, J’espère que tu observes avec aisance les principes de la religion et que ton mental se trouve dans une perpétuelle sérénité. » Les membres des différents varṇas exercent des professions différentes, et celui qui s’enquiert du bien-être de son interlocuteur doit, pour ne pas le troubler, le faire en s’inquiétant d’abord de son occupation. La paix du mental est nécessaire au développement des qualités de véracité, propreté, équanimité, maîtrise de soi et tolérance. Car, par la connaissance des causes premières et de leur application pratique dans l’existence, l’homme devient convaincu quant à la nature de la Vérité Absolue. Le messager brāhmaṇa savait que Kṛṣṇa était Dieu, la Personne Suprême, mais il En accepta malgré tout le service respectueux, par souci d’observer les règles védiques. Dans Son rôle d’être humain, Kṛṣṇa appartenait aux kṣatriyas. Pour cela, et aussi à cause de Son jeune âge, Son devoir Lui enjoignait de faire montre de respect à l’égard du brāhmaṇa.

In due time, the brāhmaṇa took his bath, accepted his meals and lay down to rest on a bedstead completely bedecked with soft silk. As he was resting, Lord Śrī Kṛṣṇa silently approached and, with great respect, put the brāhmaṇa’s legs on His lap and began to massage them. In this way, Kṛṣṇa appeared before the brāhmaṇa and said, “My dear brāhmaṇa, I hope that you are executing the religious principles without difficulty and that your mind is always peaceful.” Different classes of people in the social system are engaged in various professions, and when one inquires as to the well-being of a particular person, he should do so on the basis of that person’s occupation. Therefore, when one inquires as to the welfare of a brāhmaṇa, the questions should be worded according to his condition of life so as not to disturb him. A peaceful mind is the basis for becoming truthful, clean, equipoised, self-controlled and tolerant. Thus by attaining knowledge and knowing its practical application in life, one becomes convinced about the Absolute Truth. The brāhmaṇa knew Kṛṣṇa to be the Supreme Personality of Godhead, and still he accepted the respectful service of the Lord on the grounds of Vedic social convention. Lord Śrī Kṛṣṇa was playing just like a human being. Because He belonged to the kṣatriya division of the social system and was a young boy, it was His duty to show respect to such a brāhmaṇa.

Śrī Kṛṣṇa poursuivit : « Ô le meilleur des brāhmaṇas, reste dans la satisfaction, car le brāhmaṇa toujours satisfait en lui-même ne dévie jamais de son devoir prescrit ; et par là, par l’adhérence en toutes circonstances au devoir prescrit, comme chacun, mais de façon privilégiée, il peut atteindre la plus haute perfection, le niveau où tous les désirs sont comblés. Même avec l’opulence d’Indra, roi des planètes édéniques, l’insatisfait devra inéluctablement transmigrer d’une planète à une autre, sans jamais connaître le bonheur ; mais celui dont le mental baigne dans la paix vivra heureux n’importe où, même privé de sa haute position. »

Lord Kṛṣṇa continued: “O best of all the brāhmaṇas, you should always remain satisfied, for if a brāhmaṇa is always self-satisfied he will not deviate from his prescribed duties; and simply by sticking to one’s prescribed duties, everyone, especially a brāhmaṇa, can attain the highest perfection of all desires. Even if a person is as opulent as the king of heaven, Indra, if he is not satisfied he inevitably has to transmigrate from one planet to another. Such a person can never be happy under any circumstances; but if one’s mind is satisfied, even if he is bereft of all possessions, he can be happy living anywhere.”

Ces instructions de Kṛṣṇa au brāhmaṇa sont lourdes de sens. Elles rappellent qu’un véritable brāhmaṇa, en aucune circonstance, ne doit être troublé. Dans notre âge, dans le kali-yuga, les prétendus brāhmaṇas ont accepté la basse position des śūdras, ou pire encore, sans vouloir pour autant abandonner leur titre et leur réputation. Mais, à vrai dire, le brāhmaṇa qualifié s’en tient toujours à ses devoirs propres et n’acceptera jamais ceux du śūdra. Que dire alors des devoirs du moins que śūdra ? Les Écritures authentiques permettent qu’un brāhmaṇa, dans des circonstances difficiles, assume les devoirs d’un kṣatriya ou même d’un vaiśya, mais jamais d’un śūdra. Śrī Kṛṣṇa proclamait ainsi que jamais un brāhmaṇa, s’il observe avec scrupules les principes religieux propres à son varṇa, ne sera troublé devant des conditions d’existence défavorables. Pour conclure, Il ajouta : « J’offre Mon hommage respectueux aux brāhmaṇas et aux vaiṣṇavas, car les premiers trouvent toujours en eux-mêmes la satisfaction et les seconds sont engagés sans cesse en des actes bénéfiques pour la société des hommes. Brāhmaṇas et vaiṣṇavas sont les meilleurs amis des hommes ; tous deux sont libres de tout égoïsme et leur mental baigne constamment dans la sérénité. »

This instruction by Kṛṣṇa to the brāhmaṇa is very significant. The purport is that a true brāhmaṇa should not be disturbed in any situation. In this modern age, Kali-yuga, the so-called brāhmaṇas have accepted the abominable position of śūdras or less and still want to pass as qualified brāhmaṇas. Actually, a qualified brāhmaṇa always sticks to his own duties and never accepts those of a śūdra or of one less than a śūdra. It is advised in the authorized scriptures that a brāhmaṇa may, under awkward circumstances, accept the profession of a kṣatriya or even a vaiśya, but never is he to accept the profession of a śūdra. Lord Kṛṣṇa declared that a brāhmaṇa will never be disturbed by any adverse conditions if he scrupulously sticks to his religious principles. In conclusion, Lord Śrī Kṛṣṇa said, “I offer My respectful obeisances to the brāhmaṇas and Vaiṣṇavas, for the brāhmaṇas are always self-satisfied and the Vaiṣṇavas are always engaged in actual welfare activities for human society. They are the best friends of the people in general; they are free from false egoism and are always in a peaceful condition of mind.”

Śrī Kṛṣṇa voulut ensuite être informé de l’action des administrateurs chargés du royaume (les kṣatriyas). Les citoyens étaient-ils tous heureux ? C’est par le bien-être de ses sujets qu’on juge l’aptitude à régner d’un souverain. Quand tous sont heureux et satisfaits, alors on sait que le roi est honnête et accomplit ses devoirs comme il se doit. Kṛṣṇa affirme qu’un tel roi Lui est très cher. Bien entendu, Kṛṣṇa Se doutait que le brāhmaṇa était venu porter un message confidentiel : « Si tu n’y vois pas d’obstacle, Je te permets de parler de ta mission. »

Lord Kṛṣṇa then desired to know about the rulers (kṣatriyas) in the brāhmaṇa’s kingdom, so He inquired whether the citizens of the kingdom were all happy. A king’s qualification is judged by the temperament of the people in the kingdom. If they are happy in all respects, it is to be understood that the king is honest and is executing his duties rightly. Kṛṣṇa said that the king in whose kingdom the citizens are happy is very dear to Him. Of course, Kṛṣṇa could understand that the brāhmaṇa had come with a confidential message; therefore He said, “If you have no objection, I give you liberty to speak about your mission.”

Ainsi, pleinement comblé des Divertissements sublimes qu’il partageait avec le Seigneur, le brāhmaṇa Lui conta toute l’histoire. Il prit la lettre de Rukmiṇī : Mon cher Kṛṣṇa, ô Toi l’Infaillible, Toi dont nul ne surpasse la beauté, tout être humain à qui l’occasion est donnée d’entendre parler de Ta Forme, de Tes Divertissements sublimes, de Ton Nom et Ta Renommée et de Tes Attributs, voit ainsi se dissiper en lui toute souffrance matérielle, et il établit Ta Forme en son cœur. Par l’amour sublime pour Ta Personne, il Te voit toujours en lui ; et tous ses désirs sont par là comblés. Moi aussi j’ai entendu Tes Attributs sublimes. Est-ce effronterie, si je m’exprime de façon si directe ? Mais Tu m’as captivée, Tu as ravi mon cœur. Peut-être as-Tu quelque méfiance, car je suis encore jeune et non mariée. Peut-être as-Tu quelques doutes sur ma constance ; mais, ô Mukunda, Tu es parmi les hommes le Lion souverain, la Personne Suprême. Toute jeune fille, même encore sous le toit de son père, toute femme, même la plus chaste, désirerait T’épouser, captive de Ta valeur unique, de Ton savoir, de Ton opulence et Ton excellence. Je sais que Tu es l’Époux de la déesse de la fortune et aussi d’une grande bonté envers Tes dévots ; c’est pourquoi j’ai décidé de devenir Ta servante éternelle. Ô Seigneur, je voue mon existence, mon âme, à Tes pieds pareils-au-lotus. J’ai choisi Ta Grâce pour époux, et telle est donc ma requête : accepte-moi pour épouse. Tu es l’Être le plus puissant, ô Toi dont les yeux sont pareils-au-lotus. Désormais, je T’appartiens. Quelle dérision si le chacal prenait en sa gueule la proie destinée au plaisir du lion ! Je T’en prie donc : protège-moi, avant que Śiśupāla ou quel qu’autre prince de son espèce ne m’enlève. Ô Seigneur, peut-être ai-je, dans le cours de ma vie passée, accompli des actes de bienfaisance, comme de forer des puits ou faire pousser des arbres, ou bien ai-je montré de la vertu, par l’accomplissement de rites et de sacrifices, ou par le service rendu au maître spirituel, aux brāhmaṇas et aux vaiṣṇavas. Ainsi ai-je peut-être réussi à plaire à Nārāyaṇa, Dieu, la Personne Suprême. Si c’est vrai, alors mon vœu est que Toi, Śrī Kṛṣṇa, le Frère de Śrī Balarāma, Tu viennes en ces Lieux et me prennes par la main, que Tu m’épargnes d’être touchée par Śiśupāla et par sa cour. »

Thus, being very much satisfied by these transcendental pastimes with the Lord, the brāhmaṇa narrated the whole story of his mission in coming to see Kṛṣṇa. He got out the letter Rukmiṇī had written to Kṛṣṇa and said, “These are the words of Princess Rukmiṇī: ‘My dear Kṛṣṇa, O infallible and most beautiful one, any human being who happens to hear about Your transcendental form and pastimes immediately absorbs through his ears Your name, fame and qualities; thus all his material pangs subside, and he fixes Your form in his heart. Through such transcendental love for You, he always sees You within himself; and by this process all his desires are fulfilled. Similarly, I have heard of Your transcendental qualities. I may be shameless in expressing myself directly, but You have captivated me and taken my heart. You may doubt my steadiness of character, since how could an unmarried young girl like me approach You without any shame? But my dear Mukunda, You are the supreme lion among human beings, the supreme person among persons. Any girl, though not yet having left her home, or even any woman of the highest chastity, would desire to marry You, being captivated by Your unprecedented character, knowledge, opulence and position. I know that You are the husband of the goddess of fortune and are very kind toward Your devotees; therefore I have decided to become Your eternal maidservant. My dear Lord, I dedicate my life and soul unto Your lotus feet. I have selected Your Lordship as my husband, and I therefore request You to accept me as Your wife. You are the supreme powerful, O lotus-eyed one. Now I belong to You. If that which is enjoyable for the lion to eat is taken away by the jackal, it will be a ludicrous affair; therefore I request You to immediately take care of me before I am taken away by Śiśupāla and other princes like him. My dear Lord, in my previous life I may have done public welfare work like digging wells and planting trees, or pious activities such as performing ritualistic ceremonies and sacrifices and serving superiors like the spiritual master, brāhmaṇas and Vaiṣṇavas. By these activities, perhaps I have pleased the Supreme Personality of Godhead, Nārāyaṇa. If this be so, then I wish that You, Lord Kṛṣṇa, the brother of Lord Balarāma, please come here and catch hold of my hand so that I shall not be touched by Śiśupāla and his company.’”

Le mariage de Rukmiṇī et de Śiśupāla était déjà prévu dans le détail. C’est pourquoi Rukmiṇī suggère à Kṛṣṇa un enlèvement, forme rapide, capable de renverser d’un coup la situation. On connaît ce genre de mariage, dans lequel la jeune fille est ravie de force, sous le nom de rākṣasa ; il est pratiqué par les kṣatriyas. Ainsi, puisque son mariage était prévu pour le lendemain, Rukmiṇī suggérait à Kṛṣṇa de venir sur les lieux incognito, de l’enlever, puis de combattre Śiśupāla et ses féaux, comme le roi de Magadha. Rukmiṇī, sûre que nul ne pouvait vaincre Kṛṣṇa et qu’Il sortirait donc victorieux de la lutte, Lui adressait sa requête en Le nommant Ajita, l’Invincible.

Rukmiṇī’s marriage with Śiśupāla was already settled; therefore she suggested that Kṛṣṇa kidnap her so that this might be changed. This sort of marriage, in which the girl is kidnapped by force, is known as rākṣasa and is practiced among kṣatriyas, or men with an administrative, martial spirit. Because her marriage was already arranged to take place the next day, Rukmiṇī suggested that Kṛṣṇa come there incognito to kidnap her and then fight with Śiśupāla and his allies like the king of Magadha. Knowing that no one could conquer Kṛṣṇa, who would certainly emerge victorious, she addressed Him as Ajita, “the unconquerable Lord.”

Qu’Il ne craigne pas que des membres de sa famille, et des femmes, soient blessés ou tués si le combat se déclenchait dans le palais même. Tout comme un roi habile prépare des voies diplomatiques pour réaliser ses desseins, Rukmiṇī, fille de roi, fit usage de diplomatie en suggérant un moyen d’éviter ce vain et indésirable massacre.

Elle expliqua au Seigneur qu’une tradition familiale propre à son lignage voulait que l’on rende visite au temple de la déesse Durgā avant toute union dans le mariage. Les rois kṣatriyas étaient pour la plupart de fermes vaiṣṇavas, adorant Śrī Viṣṇu soit dans la Forme Rādhā-Kṛṣṇa, soit dans la Forme Lakṣmī-Nārāyaṇa ; mais, pour renforcer leur aisance matérielle, ils avaient pour usage de rendre également un culte à la déesse Durgā. Jamais, cependant, ils ne tombèrent dans l’erreur, comme firent des intelligences plus médiocres, de considérer les devas égaux du Seigneur, situés au niveau du viṣṇu-tattva. Ainsi, afin d’éviter le vain massacre de ses proches, Rukmiṇī suggérait que l’enlèvement serait plus facile sur le chemin réunissant le palais et le temple de Durgā.

Rukmiṇī told Kṛṣṇa not to be concerned that the fighting would take place within the palace and that many of her family members, including other women, might thus be wounded or even killed. As the king of a country thinks of diplomatic ways to achieve his object, Rukmiṇī, being the daughter of a king, was diplomatic in suggesting how this unnecessary and undesirable killing could be avoided. She explained that it was the custom of her family to visit the temple of Goddess Durgā, their family deity, before a marriage. (The kṣatriya kings were mostly staunch Vaiṣṇavas, worshiping Lord Viṣṇu in either the Rādhā-Kṛṣṇa or Lakṣmī-Nārāyaṇa form; still, for their material welfare they used to worship Goddess Durgā. They never made the mistake, however, of accepting the demigods as the Supreme Lord on the level of viṣṇu-tattva, as do some less intelligent men.) To avoid the unnecessary killing of her relatives, Rukmiṇī suggested that it would be easiest for Him to kidnap her while she was either going from the palace to the temple or else returning home.

Elle expliqua également à Kṛṣṇa pourquoi elle désirait si fort devenir Son épouse, bien qu’officiellement promise à Śiśupāla, fils d’un grand roi, et tout à fait digne, selon les règles, de l’épouser. Rukmiṇī, dans sa lettre, disait qu’elle ne tenait personne pour plus grand que Kṛṣṇa, pas même Śiva, que l’on nomme aussi Mahādeva, le plus grand des devas. Śiva lui aussi cherche à satisfaire Śrī Kṛṣṇa pour qu’Il le délivre de son empiègement dans l’Ignorance (tamo-guṇa). Lui, le plus grand des mahātmās, garde sur sa tête les eaux purifiantes du Gange, qui coulent dans l’univers matériel à travers un orifice percé dans son enveloppe par l’orteil de Śrī Viṣṇu. Siva régit le tamo-guṇa, et pour se garder au niveau spirituel, il médite sans cesse sur Śrī Viṣṇu. Rukmiṇī savait donc parfaitement combien il est malaisé d’obtenir la faveur de Kṛṣṇa. Si, pour ce faire, même Śiva devait se purifier, combien plus difficile serait la chose pour elle, simple fille d’un roi kṣatriya. Elle voulait donc vouer sa vie à la pratique d’austérités sévères, comme le jeûne et la privation de conforts corporels. Et si ces actes ne lui permettaient pas de gagner la faveur de Kṛṣṇa en cette vie même, elle était prête à les réitérer existence après existence. Il est dit dans la Bhagavad-gītā que les purs dévots du Seigneur accomplissent le service dévotionnel avec la plus grande détermination, celle-là même dont fit montre Rukmiṇī Devī. C’est l’unique valeur qui puisse acquérir la faveur de Kṛṣṇa, c’est la seule voie qui mène au succès ultime dans la Conscience de Kṛṣṇa.

She also explained to Kṛṣṇa why she was anxious to marry Him, even though her marriage was to take place with Śiśupāla, who was also qualified, being the son of a great king. Rukmiṇī said that she did not think anyone was greater than Kṛṣṇa, not even Lord Śiva, who is known as Mahādeva, the greatest of all demigods. Lord Śiva also seeks the pleasure of Lord Kṛṣṇa in order to be delivered from his entanglement in the quality of ignorance within the material world. Although Lord Śiva is the greatest of all great souls, mahātmās, he keeps on his head the purifying water of the Ganges, which emanates from a hole in this material universe made by the toe of Lord Viṣṇu. Lord Śiva is in charge of the material quality of ignorance, and to keep himself in a transcendental position he always meditates on Lord Viṣṇu, or Kṛṣṇa, and always tries to purify himself with the water of the Ganges. Therefore Rukmiṇī knew very well that obtaining the favor of Kṛṣṇa was not easy. Since even Lord Śiva must purify himself for this purpose, surely it would be difficult for Rukmiṇī, who was only the daughter of a kṣatriya king. Thus she desired to dedicate her life to observing severe austerities and penances, such as fasting and going without bodily comforts. If it were not possible in this lifetime to gain Kṛṣṇa’s favor by these activities, she was prepared to die from such austerities and to undergo similar difficulties lifetime after lifetime. In the Bhagavad-gītā it is said that pure devotees of the Lord execute devotional service with great determination. Such determination, as exhibited by Rukmiṇī-devī, is the only price for purchasing Kṛṣṇa’s favor. One should be strongly determined in Kṛṣṇa consciousness, and that is the way to ultimate success.

Après avoir transmis à Kṛṣṇa les paroles de Rukmiṇī, le brāhmaṇa conclut : « Mon cher Kṛṣṇa, Chef de la dynastie Yadu, je T’ai apporté ce message secret de Rukmiṇī ; il est entre Tes mains, la réponse T’appartient. Une fois pesée la question, Tu pourras agir à Ta guise, mais que ce soit alors sans retard, car le temps se précipite. »

After relaying Rukmiṇī-devī’s statement to Kṛṣṇa, the brāhmaṇa said, “My dear Kṛṣṇa, chief of the Yadu dynasty, I have brought this confidential message for You from Rukmiṇī; now it is placed before You for Your consideration. After due deliberation, You may act as You please, but if You want to do something, You must do it immediately. There is not much time left for action.”

Ainsi s’achèvent les enseignements de Bhaktivedanta pour le cinquante-deuxième chapitre du Livre de Kṛṣṇa, intitulé: « Kṛṣṇa fuit le champ de bataille ».

Thus ends the Bhaktivedanta purport of the fifty-second chapter of Kṛṣṇa, “Kṛṣṇa, the Raṇacora.”