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TREIZIÈME CHAPITRE

CHAPTER 13

Brahmā subtilise les jeunes pâtres et leurs veaux

The Stealing of the Boys and Calves by Brahmā

Lorsqu’il entendit la question de Mahārāja Parīkṣit demandant pourquoi les jeunes pâtres avaient une année entière gardé le silence sur la mort d’Aghāsura, Śukadeva Gosvāmī se sentit fort encouragé à poursuivre le récit des Divertissements du Seigneur, et répondit à l’empereur : « Ô cher roi, tes interrogations, ton désir de savoir, donnent aux Divertissements sublimes de Kṛṣṇa une fraîcheur plus grande encore. »

Śukadeva Gosvāmī was very much encouraged when Mahārāja Parīkṣit asked him why the cowherd boys did not discuss the death of Aghāsura until after one year had passed. He explained thus: “My dear king, you are making the subject matter of the transcendental pastimes of Kṛṣṇa fresher by your inquisitiveness.”

Il est dit que le bhakta, par nature, voue constamment son mental, ses énergies, ses paroles, son ouïe…, à l’écoute et au chant des gloires de Kṛṣṇa. Telle est la conscience de Kṛṣṇa, et pour celui qu’absorbent cette écoute et ce chant, jamais le sujet ne semble usé ou vieilli. Et c’est là que s’opposent propos spirituels et propos matériels. Ces derniers se défraîchissent, on ne les écoute pas sans éprouver assez vite un désir de changement. Au contraire, les premiers méritent la qualification de nitya-nava-navāyamāna : à savoir que le chant et l’écoute répétés, constants, des gloires du Seigneur Suprême n’entraînent jamais la lassitude, mais conservent au contraire en celui qui les pratique leur fraîcheur, faisant même qu’il développe un désir ardent de s’y livrer toujours plus.

It is said that it is the nature of a devotee to constantly apply his mind, energy, words, ears, etc., in hearing and chanting about Kṛṣṇa. This is called Kṛṣṇa consciousness, and for one who is rapt in hearing and chanting about Kṛṣṇa, the subject matter never becomes hackneyed or old. That is the significance of transcendental subject matter in contrast to material subject matter. Material subject matter becomes stale, and one cannot hear a certain subject for a long time; he wants change. But as far as transcendental subject matter is concerned, it is called nitya-nava-navāyamāna. This means that one can go on chanting and hearing about the Lord and never feel tired but remain fresh and eager to hear more and more.

C’est le devoir du maître spirituel que de révéler les aspects confidentiels de la spiritualité au disciple sincère et désireux d’apprendre. Aussi Śukadeva Gosvāmī entreprend-il d’expliquer au roi Parīkṣit pourquoi, de toute une année, nul n’évoqua la mise à mort d’Aghāsura : « À présent, écoute bien ce secret. Après qu’Il eut mis à mort Aghāsura, et sauvé Ses amis de la gueule du monstre, Śrī Kṛṣṇa les conduisit sur les berges de la Yamunā et leur adressa ces mots : « Mes chers amis, voilà un endroit bien agréable pour prendre notre déjeuner et jouer sur le sable doux des berges de la Yamunā. Comme les fleurs de lotus qui baignent dans les eaux sont merveilleusement épanouies ! Comme leur arôme se répand partout ! Les chants des oiseaux et le cri des paons, qu’enveloppe le murmure des feuilles, s’harmonisent et se répondent. Et le merveilleux paysage créé par les arbres en devient plus riche et plus beau. Demeurons donc en ces lieux pour prendre notre déjeuner, car il se fait tard et la faim nous presse. Que les veaux restent près de nous, qu’ils se désaltèrent des eaux de la Yamunā. Pendant que nous apaiserons notre faim, ils pourront brouter l’herbe tendre. »

It is the duty of the spiritual master to disclose all confidential subject matter to the inquisitive and sincere disciple. Thus Śukadeva Gosvāmī began to explain why the killing of Aghāsura was not discussed until one year had passed. Śukadeva Gosvāmī told the king, “Now hear of this secret with attention. After saving His friends from the mouth of Aghāsura and killing the demon, Lord Kṛṣṇa brought His friends to the bank of the Yamunā and addressed them as follows: ‘My dear friends, just see how this spot is very nice for taking lunch and playing on the soft, sandy Yamunā bank. You can see how the lotus flowers in the water are beautifully blown and how they distribute their fragrance all around. The chirping of the birds along with cooing of the peacocks, surrounded by the whispering of the leaves in the trees, combine and present sound vibrations that echo one another. And this just enriches the beautiful scenery created by the trees here. Let us have our lunch in this spot because it is already late and we are feeling hungry. Let the calves remain near us, and let them drink water from the Yamunā. While we engage in our lunch-taking, the calves may engage in eating the soft grasses that are in this spot.’”

À la proposition de Kṛṣṇa, tous les petits pâtres se sentirent pleins de joie et répondirent : « Oui, asseyons-nous tous et prenons ici notre déjeuner. » Puis ils laissèrent les veaux brouter librement. Assis par terre, en cercle, ils commencèrent à ouvrir les sacs contenant la nourriture apportée de chez eux. Śrī Kṛṣṇa Se tenait assis au centre du cercle ; vers Lui se tournaient tous les visages. Ainsi, en mangeant, les jeunes pâtres jouissaient constamment de voir face à face le Seigneur. Kṛṣṇa semblait être le coeur d’une fleur de lotus, et tous les garçons autour de Lui, ses différents pétales. Ils ramassèrent ici et là fleurs, feuilles, écorces d’arbres, et dessus placèrent leurs sacs à provisions. C’est ainsi qu’ils savourèrent le déjeuner, en compagnie de Kṛṣṇa. Pendant le repas, entre chacun des garçons et Kṛṣṇa, se manifestèrent différentes sortes de relations ; par un échange de plaisanteries, tous éprouvaient un grand plaisir dans la compagnie les uns des autres. Pendant qu’Il prenait ainsi avec joie Son repas, Śrī Kṛṣṇa glissa Sa flûte dans Sa ceinture, Son cor et Sa canne dans le côté gauche de Son vêtement. On voyait, entre Ses doigts délicats comme des pétales, le morceau de gâteau fait de yaourt, de beurre, de riz et de morceaux de fruits qu’Il tenait dans Sa main gauche. Dieu, la Personne Suprême, Lui qui accepte les fruits de tous les grands sacrifices, riait et plaisantait, savourant Son déjeuner en la compagnie de Ses amis de Vṛndāvana. Du haut des planètes édéniques, les devas contemplaient la scène. Et les jeunes pâtres, eux, auprès de la Personne Suprême, baignaient simplement dans la félicité spirituelle.

On hearing this proposal from Kṛṣṇa, all the boys became very glad and said, “Certainly, let us all sit down here to take our lunch.” They then let loose the calves to eat the soft grass. Sitting down on the ground and keeping Kṛṣṇa in the center, they began to open their lunch boxes brought from home. Lord Śrī Kṛṣṇa was seated in the center of the circle, and all the boys kept their faces toward Him. They ate and constantly enjoyed seeing the Lord face to face. Kṛṣṇa appeared to be the whorl of a lotus flower, and the boys surrounding Him appeared to be its different petals. The boys collected flowers, leaves of flowers and the bark of trees and placed their lunch on them, as well as in their lunch boxes, and thus they began to eat their lunch, keeping company with Kṛṣṇa. While taking lunch, each boy began to manifest different kinds of relations with Kṛṣṇa, and they enjoyed each other’s company with joking words. While Lord Kṛṣṇa was thus enjoying lunch with His friends, His flute was pushed within the belt of His cloth on His right side, and His bugle and cane were pushed in on the left-hand side of His cloth. In His left palm He was holding a lump of food prepared with yogurt, butter, rice and pieces of fruit salad, which could be seen through His petal-like finger-joints. The Supreme Personality of Godhead, who accepts the results of all great sacrifices, was laughing and joking, enjoying lunch with His friends in Vṛndāvana. And thus the scene was being observed by the demigods from heaven. As for the boys, they were simply enjoying transcendental bliss in the company of the Supreme Personality of Godhead.

Mais voilà que les veaux qui paissaient près de là pénétrèrent profondément dans la forêt, attirés par des jeunes pousses, et disparurent de la vue. Lorsque les jeunes pâtres s’aperçurent qu’ils avaient peu à peu disparu, ils s’inquiétèrent pour eux, et crièrent aussitôt : « Kṛṣṇa ! » Śrī Kṛṣṇa est le Bourreau de la peur personnifiée. Chacun redoute la peur personnifiée, mais elle redoute Kṛṣṇa. Et criant le Nom de « Kṛṣṇa », les jeunes pâtres transcendèrent aussitôt toute crainte. De par Sa grande affection pour eux, Kṛṣṇa désira que Ses amis ne soient pas contraints d’abandonner leur agréable repas. Aussi leur dit-Il : « Mes amis, nul besoin pour vous d’interrompre le déjeuner. Poursuivez vos réjouissances, J’irai Moi-même à la recherche des veaux. » Śrī Kṛṣṇa Se mit donc sans attendre en quête des veaux ; dans la montagne et la forêt, Il fouilla cavernes et buissons, mais en vain.

At that time, the calves that were pasturing nearby entered into the deep forest, allured by new grasses, and gradually went out of sight. When the boys saw that the calves were not nearby, they became afraid for their safety, and they immediately cried out, “Kṛṣṇa!” Kṛṣṇa is the killer of fear personified. Everyone is afraid of fear personified, but fear personified is afraid of Kṛṣṇa. By crying out the word “Kṛṣṇa,” the boys at once transcended the fearful situation. Out of His great affection, Kṛṣṇa did not want His friends to give up their pleasing lunch engagement and go searching for the calves. He therefore said, “My dear friends, you need not interrupt your lunch. Go on enjoying. I am going personally to find the calves.” Thus Lord Kṛṣṇa, still carrying the lump of yogurt-and-rice preparation in His left hand, immediately started to search out the calves in the caves and bushes. He searched in the mountain holes and in the forests, but nowhere could He find them.

On se souvient qu’à la mort d’Aghāsura, comme les devas observaient la scène avec grande surprise, Brahmā, né de la fleur de lotus poussant du nombril de Viṣṇu, était aussi venu contempler l’action merveilleuse. Comment un petit garçon comme Kṛṣṇa pouvait-Il accomplir de tels prodiges ? Brahmā savait que ce petit pâtre n’était autre que Dieu, la Personne Suprême, mais il désira voir plus encore de Ses Divertissements glorieux ; c’est pourquoi il entreprit de voler tous les veaux, puis les pâtres, et de les emporter au loin. Aussi Śrī Kṛṣṇa, malgré toutes Ses recherches, ne put-Il retrouver les veaux, et quand Il revint sur les berges de la Yamunā, où Il avait laissé Ses amis à leur repas, tous avaient disparu. Dans Sa Forme de jeune pâtre, Śrī Kṛṣṇa, comparé à Brahmā, semblait tout petit, mais demeurant toujours Dieu, la Personne Suprême, Il n’eut aucun mal à comprendre ce qui s’était passé. Kṛṣṇa pensa : « Brahmā a ravi au loin tous les pâtres et les veaux. Comment pourrai-Je jamais retourner seul à Vṛndāvana ? Quelle ne sera pas l’affliction de toutes les mères ! »

At the time when Aghāsura was killed and the demigods were looking on the incident with great surprise, Brahmā, who was born of the lotus flower growing out of the navel of Viṣṇu, also came to see. He was surprised how a little boy like Kṛṣṇa could act so wonderfully. Although he was informed that the little cowherd boy was the Supreme Personality of Godhead, he wanted to see more of the Lord’s glorious pastimes, and thus he stole all the calves and cowherd boys and took them to a different place. Lord Kṛṣṇa, therefore, in spite of searching for the calves, could not find them, and He even lost His boyfriends on the bank of the Yamunā, where they had been taking their lunch. In the form of a cowherd boy, Lord Kṛṣṇa was very little in comparison to Brahmā, but because He is the Supreme Personality of Godhead, He could immediately understand that all the calves and boys had been stolen by Brahmā. Kṛṣṇa thought, “Brahmā has taken away all the boys and calves. How can I alone return to Vṛndāvana? The mothers will be aggrieved!”

Aussi, à la fois pour que soient heureuses les mères et pour convaincre Brahmā de Sa suprématie divine, Śrī Kṛṣṇa, la Personne Suprême, Se multiplie aussitôt sous la forme de tous les pâtres et de tous les veaux. Il est dit dans les Vedas que Dieu, la Personne Suprême, Se multiplie, par la force de Son énergie, en tous les êtres vivants. Pour Lui, donc, Se multiplier sous la forme de tant de pâtres et de veaux n’est en rien malaisé. Kṛṣṇa prend donc l’apparence exacte des jeunes garçons, tous différents de corps et de visage, mais aussi par leurs vêtements, leurs parures, leurs attitudes, leurs activités. Car chacun a des goûts différents ; en tant qu’âme distincte, chaque individu montre un comportement particulier, se livre à des activités qui lui sont propres. Cependant, Kṛṣṇa Se multiplia de façon à prendre les formes, les personnalités exactes de chacun des pâtres. Et Il fit de même pour les veaux, eux aussi dissemblables, par la taille, la couleur, le caractère, etc… Si Śrī Kṛṣṇa put agir de la sorte, c’est que toute chose procède de Son énergie. Le Viṣṇu Purāṇa enseigne : parasya brahmaṇaḥ śaktiḥ, quoi que nous observions dans la création cosmique, qu’il s’agisse de la matière ou des actes accomplis par les êtres vivants, c’est simple manifestation des énergies du Seigneur, de même que chaleur et lumière constituent les différentes manifestations du feu.

Therefore in order to satisfy the mothers of His friends, as well as to convince Brahmā of the supremacy of the Personality of Godhead, He immediately expanded Himself as the cowherd boys and calves. In the Vedas it is said that the Supreme Personality of Godhead has already expanded Himself into so many living entities by His energy. Therefore it was not very difficult for Him to expand Himself again into so many boys and calves. He expanded Himself to become exactly like the boys, who were of all different features and facial and bodily constructions, and who were different in their clothing and ornaments and in their behavior and personal activities. In other words, although each boy, being an individual soul, had entirely different tastes, activities and behavior, Kṛṣṇa exactly expanded Himself into all the different positions of the individual boys. He also became the calves, who were also of different sizes, colors, activities, etc. This was possible because everything is an expansion of Kṛṣṇa’s energy. In the Viṣṇu Purāṇa it is said, parasya brahmaṇaḥ śaktiḥ. Whatever we actually see in the cosmic manifestation – be it matter or the activities of the living entities – is simply an expansion of the energies of the Lord, as heat and light are the different expansions of fire.

Ainsi multiplié en garçons et veaux, avec leurs caractères individuels, et entouré de ces émanations de Sa Personne, Kṛṣṇa pénètre dans le village de Vṛndāvana. Les villageois ignoraient tout de ce qui avait eu lieu. Après avoir franchi l’enceinte du village, tous les veaux rejoignirent leur étable respective, tous les garçons retournèrent chez leurs parents, dans leurs demeures respectives.

Thus expanding Himself as the boys and calves in their individual capacities, and surrounded by such expansions of Himself, Kṛṣṇa entered the village of Vṛndāvana. The residents had no knowledge of what had happened. After entering the village of Vṛndāvana, all the calves entered their respective cowsheds, and the boys went to their respective mothers and homes.

Avant de les voir, les mères entendirent vibrer leurs flûtes, et sortirent sur le seuil pour les accueillir de leur étreinte. Si grand était leur amour que de leurs seins coulait le lait, et elles l’offrirent à leurs enfants. Or, cette offrande de lait n’alla pas vraiment aux fils, mais à Dieu, la Personne Suprême, qui en avait pris la forme. Ainsi donc se présentait, pour les mères de Vṛndāvana, une nouvelle occasion de nourrir la Personne Suprême de leur propre lait. Śrī Kṛṣṇa ne donna pas cette chance seulement à Yaśodā, mais aussi, en cette occasion, à toutes les gopīs aînées.

The mothers of the boys heard the vibration of their flutes before their entrance, and to receive them, they came out of their homes and embraced them. And out of maternal affection, milk was flowing from their breasts, and they allowed the boys to drink it. However, their offering was not exactly to their boys but to the Supreme Personality of Godhead, who had expanded Himself into such boys. This was a chance for all the mothers of Vṛndāvana to feed the Supreme Personality of Godhead with their own milk. Therefore not only did Lord Kṛṣṇa give Yaśodā the chance to feed Him, but this time He gave the chance to all the other elder gopīs.

Les garçons se conduisirent avec leurs mères comme de coutume, et les mères, à l’approche du crépuscule, les baignèrent, les décorèrent de tilaka et de diverses parures, les nourrirent à satiété comme d’habitude après la journée de travail. Les vaches, qui se trouvaient au loin dans les pâturages, le soir venu retournèrent aux étables, lancèrent leur voix pour appeler leurs veaux. Eux aussitôt accoururent ; les vaches se mirent à lécher leur corps. Entre les vaches et leurs veaux, les gopīs et leurs fils, les rapports demeurèrent inchangés. En vérité, l’affection des vaches pour leurs veaux, celle des gopīs aînées pour leurs fils, s’accrût sans raison apparente. Ce phénomène est naturel, bien que les veaux et les garçons devant elles ne fussent pas leur véritable descendance. Les vaches et les gopīs aînées de Vṛndāvana portaient un amour plus grand à Kṛṣṇa qu’à leur propre progéniture ; or, il arriva cette année-là que l’amour pour leurs veaux et leurs garçons grandit jusqu’à égaler celui qu’elles éprouvaient pour Kṛṣṇa. Une année entière, Kṛṣṇa Se manifesta en tant que les veaux et les jeunes pâtres, et à Lui seul peupla, sous ces formes, les pâturages.

All the boys dealt with their mothers as usual, and the mothers also, on the approach of evening, bathed their respective children, decorated them with tilaka and ornaments and gave them necessary food after the day’s labor. The cows also, who had been away in the pasturing ground, returned in the evening and called their respective calves. The calves immediately came to their mothers, and the mothers began to lick the bodies of the calves. These relations of the cows and the gopīs with their calves and boys remained unchanged, although actually the original calves and boys were not there. Actually the cows’ affection for their calves and the elder gopīs’ affection for their boys causelessly increased. Their affection increased naturally, even though the calves and boys were not their offspring. Although the cows and elder gopīs of Vṛndāvana had greater affection for Kṛṣṇa than for their own offspring, after this incident their affection for their offspring increased unlimitedly, exactly as it did for Kṛṣṇa. For one year continuously, Kṛṣṇa Himself expanded as the calves and cowherd boys and was present in the pasturing ground.

Comme l’enseigne la Bhagavad-gītā, l’Âme Suprême, émanation de Kṛṣṇa, est sise dans le cœur de chacun. Mais en cette occasion, pendant toute une année, au lieu de Se manifester en tant que l’Âme Suprême dans le cœur des veaux et des pâtres, le Seigneur Se multiplia pour Lui-même devenir veaux et pâtres.

As it is stated in the Bhagavad-gītā, Kṛṣṇa’s expansion is situated in everyone’s heart as the Supersoul. But in this case, instead of expanding Himself as the Supersoul, He expanded Himself as a portion of calves and cowherd boys for one continuous year.

Un jour, alors que Kṛṣṇa, Balarāma et les jeunes pâtres gardaient les veaux dans la forêt, ils virent quelques vaches paissant au sommet de la colline Govardhana. De là, elles purent soudain apercevoir les veaux, tout en bas dans la vallée. Elles se précipitèrent vers eux, dévalant la colline. Elles galopaient vers les veaux ; et l’affection qu’elles leur portaient était si brûlante qu’elles n’avaient point souci du chemin rude et caillouteux. Elles gagnèrent ainsi les pâturages, s’approchèrent des veaux le pis plein de lait, la queue en l’air. Déjà, comme elles descendaient la colline, le lait de leurs pis giclait sur la terre tant elles avaient pour les veaux, bien qu’ils ne fussent pas les leurs, une intense affection maternelle. Les veaux qui paissaient en bas de la colline Govardhana étaient plus gros que ceux des vaches : on ne pouvait s’attendre à ce qu’ils boivent directement le lait du pis, car ils étaient satisfaits par l’herbe des pâturages. Cependant, toutes les vaches accoururent et se mirent à leur lécher le corps, et ils burent le lait des mamelles gonflées. On aurait dit qu’une grande chaîne d’affection unissait les vaches et les veaux.

One day, a few days before a year had passed, Kṛṣṇa and Balarāma were maintaining the calves in the forest when They saw some cows grazing on the top of Govardhana Hill. The cows could see down into the valley where the calves were being taken care of by the boys. Suddenly, on sighting the calves, the cows began to run toward them. They leaped downhill with joined front and rear legs. The cows were so melted with affection for the calves that they did not care about the rough path from the top of Govardhana Hill down to the pasturing ground. They approached the calves with their milk bags full of milk, and they raised their tails upwards. When they were coming down the hill, their milk bags were pouring milk on the ground out of intense maternal affection for the calves, although they were not their own calves. These cows had their own calves, and the calves that were grazing beneath Govardhana Hill were larger; they were not expected to drink milk directly from the milk bag but were satisfied with the grass. Yet all the cows came immediately and began to lick their bodies, and the calves also began to suck milk from the milk bags. There appeared to be a great bond of affection between the cows and calves.

Lorsque les vaches dévalèrent les pentes de la colline Govardhana, les hommes qui les gardaient s’efforcèrent de les arrêter. Les vaches sont gardées par les hommes, et les veaux par les jeunes garçons. Autant que possible, on éloigne les vaches des veaux afin que ces derniers ne boivent pas tout leur lait. C’est pourquoi les hommes qui gardaient les vaches sur le sommet de la colline essayèrent de les empêcher de rejoindre les veaux. Mais en vain. Alors, frustrés par leur impuissance, ils se sentirent honteux et la colère monta en eux. Ils étaient fort malheureux ! Mais lorsqu’ils descendirent et virent leurs enfants prendre soin des veaux, soudain une intense affection les envahit. Chose fort surprenante ! Les hommes étaient descendus désappointés, frustrés et en colère, mais aussitôt qu’ils aperçurent leurs enfants, ils sentirent leur coeur fondre d’affection. Aussitôt, colère et insatisfaction s’évanouirent. Manifestant un amour paternel envers les enfants, ils les portèrent dans leurs bras avec grande tendresse et les étreignirent. Ils respirèrent l’odeur de leurs cheveux et sentirent la joie d’être en leur compagnie. Après ces effusions, les hommes guidèrent à nouveau les vaches au sommet de la colline Govardhana. Mais tout au long du chemin, ils ne cessèrent de penser à leurs enfants, et des larmes d’affection coulèrent de leurs yeux.

When the cows were running down from the top of Govardhana Hill, the men who were taking care of them tried to stop them. Older cows are taken care of by the men, and the calves are taken care of by the boys; and as far as possible, the calves are kept separate from the cows, so that the calves do not drink all the available milk. Therefore the men who were taking care of the cows on the top of Govardhana Hill tried to stop them, but they failed. Baffled by their failure, they were feeling ashamed and angry. They were very unhappy, but when they came down and saw their children taking care of the calves, they all of a sudden became very affectionate toward the children. It was very astonishing. Although the men came down disappointed, baffled and angry, as soon as they saw their own children, their hearts melted with great affection. At once their anger, dissatisfaction and unhappiness disappeared. They began to show paternal love for the children, and with great affection they lifted them in their arms and embraced them. They began to smell their children’s heads and enjoy their company with great happiness. After embracing their children, the men took the cows back to the top of Govardhana Hill. Along the way they began to think of their children, and affectionate tears fell from their eyes.

Lorsque Balarāma vit entre vaches et veaux, pères et enfants, cet échange d’affection inhabituel dans son intensité, et que rien ne justifiait à ce moment, Il en chercha la cause. Grand était son étonnement de voir l’extrême affection que portaient à leurs propres enfants les habitants de Vṛndāvana, si semblable à celle qu’ils ressentaient d’ordinaire pour Kṛṣṇa. Et les vaches aussi montraient autant d’amour pour les veaux que pour Kṛṣṇa. Balarāma conclut donc que ce prodigieux déploiement d’affection relevait du surnaturel, qu’il était dû aux devas ou à quelque homme puissant. Sinon, comment ce merveilleux changement aurait-il pu s’opérer ? Il décida enfin que cette métamorphose surnaturelle ne pouvait avoir pour origine que Kṛṣṇa, qu’Il tenait pour Dieu, la Personne Suprême, digne de Son adoration. En Lui-même Il pensait : « Tout cela n’est qu’un arrangement de Kṛṣṇa, et pas même Moi ne pourrais freiner Ses pouvoirs surnaturels. » Balarāma avait compris que tous les veaux, tous les jeunes garçons n’étaient autres que des émanations de Kṛṣṇa.

When Balarāma saw this extraordinary exchange of affection between the cows and the calves and between the fathers and their children – when neither the calves nor the children needed so much care – He began to wonder why this extraordinary thing had happened. He was astonished to see all the residents of Vṛndāvana so affectionate to their own children, exactly as they had been to Kṛṣṇa. Similarly, the cows had grown affectionate to the calves – as much as to Kṛṣṇa. Balarāma therefore concluded that the extraordinary show of affection was something mystical, either performed by the demigods or by some powerful man. Otherwise, how could this wonderful change take place? He concluded that this mystical change must have been caused by Kṛṣṇa, whom Balarāma considered His worshipable Personality of Godhead. He thought, “It was arranged by Kṛṣṇa, and even I could not check its mystic power.” Thus Balarāma understood that all those boys and calves were only expansions of Kṛṣṇa.

Il pria Kṛṣṇa de L’éclairer : « Ô cher Kṛṣṇa, J’ai d’abord pensé que tous ces veaux et ces jeunes pâtres étaient soit des grands sages et saints, soit des devas, mais il Me semble à présent qu’il s’agit en fait d’émanations de Ta Personne. Tous ne sont nul autre que Toi ; c’est Toi-même qui joue le rôle des veaux et des garçons. Explique-Moi ce mystère ! Où sont donc passés les autres veaux et garçons ? Pourquoi T’es-Tu multiplié en tant qu’eux tous ? Aie la bonté de M’en dire la raison. » À cette requête, Kṛṣṇa répond en exposant brièvement les faits véritables : Il dévoila comment les veaux et les pâtres avaient été ravis par Brahmā et comment, afin que nul ne puisse s’en douter, Il remplaçait les disparus en Se multipliant.

Balarāma inquired from Kṛṣṇa about the actual situation. He said, “My dear Kṛṣṇa, in the beginning I thought that all these calves and cowherd boys were either great sages and saintly persons or demigods, but at present it appears that they are actually Your expansions. They are all You; You Yourself are playing as the calves and boys. What is the mystery of this situation? Where have those other calves and boys gone? And why are You expanding Yourself as the calves and boys? Will You kindly tell Me what is the cause?” At the request of Balarāma, Kṛṣṇa briefly explained the whole situation: how the calves and boys had been stolen by Brahmā and how Kṛṣṇa was concealing the incident by expanding Himself so people would not know that the original calves and boys were missing.

Pendant que Kṛṣṇa et Balarāma parlaient ainsi, Brahmā, après un moment d’absence (selon son calcul), revint sur les lieux. La Bhagavad-gītā nous apprend quelle est la longévité de Brahmājī : mille fois la durée totale des quatre âges, ou quatre millions trois cent vingt mille (4 320 000) années x 1 000, constitue douze de ses heures. Un moment de Brahmā est égal à une de nos années. Ainsi, donc, après un moment selon son calcul, Brahmā revint sur les lieux pour rire des effets produits par l’enlèvement des garçons et des veaux. En même temps, il avait peur, car il se savait jouer avec le feu. Kṛṣṇa était son maître, et, par espièglerie, il Lui avait joué un tour. Il était en fait rongé par l’anxiété ; c’est pourquoi il ne s’était pas éloigné très longtemps. Revenant donc après un court moment, il vit tous les garçons et les veaux jouer avec Kṛṣṇa, exactement comme la première fois ; et pourtant, nul doute, il les avait bien enlevés puis endormis au moyen de ses pouvoirs surnaturels. Brahmā s’absorba dans ces pensées : « J’ai bien ravi tous les garçons et tous les veaux, et je sais parfaitement qu’ils dorment encore. Comment se peut-il qu’un groupe identique de garçons et de veaux joue maintenant avec Kṛṣṇa ? îchapperaient-ils à l’influence de mes pouvoirs surnaturels ? Ont-ils, pendant une année entière, partagé les Jeux de Kṛṣṇa ? » Brahmā essayait de comprendre qui ils étaient et comment ils pouvaient échapper à l’influence de ses pouvoirs, mais aucune réponse ne se présentait à son esprit. En d’autres termes, il devint lui-même la proie de ses propres pouvoirs surnaturels. Ses pouvoirs devenaient comme de la neige dans les ténèbres ou un ver luisant dans la lumière du jour. Au soleil, la neige entassée au sommet d’une colline ou sur le sol peut briller d’un certain éclat, et dans l’obscurité de la nuit, le ver luisant peut manifester à un certain degré le pouvoir de luire ; mais de nuit, la neige n’a nul éclat d’argent, et de jour le ver luisant nul pouvoir d’éclairer. Ainsi, lorsque les pouvoirs surnaturels de Brahmā se trouvèrent en présence de ceux de Kṛṣṇa, ils devinrent insignifiants, comme de la neige la nuit ou un ver luisant le jour. Lorsqu’un homme doté de quelque peu de pouvoirs surnaturels désire en faire montre devant un autre, plus puissant, il ne manifeste que sa faiblesse. Même un aussi grand personnage que Brahmā devint ridicule lorsqu’il voulut faire étalage de ses pouvoirs en la présence de Kṛṣṇa. C’est pourquoi il se sentit confus quant à leur nature.

While Kṛṣṇa and Balarāma were talking, Brahmā returned after a moment’s interval (according to the duration of his life). We have information of Lord Brahmā’s duration of life from the Bhagavad-gītā: 1,000 times the duration of the four ages, or 1,000 × 4,320,000 years, constitute Brahmā’s twelve hours. Similarly, one moment of Brahmā’s time is equal to one year of our solar calculation. After one moment of Brahmā’s calculation, Brahmā came back to see the fun caused by his stealing the boys and calves. But he was also afraid that he was playing with fire. Kṛṣṇa was his master, and he had played mischief for fun by taking away His calves and boys. He was really anxious, so he did not stay away very long; he came back after a moment (by his calculation). He saw that all the boys and calves were playing with Kṛṣṇa in the same way as when he had come upon them, although he was confident that he had taken them and made them lie down asleep under the spell of his mystic power. Brahmā began to think, “All the boys and calves were taken away by me, and I know they are still sleeping. How is it that a similar batch of boys and calves is playing with Kṛṣṇa? Is it that they are not influenced by my mystic power? Have they been playing continually for one year with Kṛṣṇa?” Brahmā tried to understand who they were and how they were uninfluenced by his mystic power, but he could not ascertain it. In other words, he himself came under the spell of his own mystic power. The influence of his mystic power appeared like snow in darkness or a glowworm in the daytime. During the night’s darkness, the glowworm can show some glittering power, and the snow piled up on the top of a hill or on the ground can shine during the daytime. But at night the snow has no silver glitter, nor does the glowworm have any illuminating power during the daytime. Similarly, when the small mystic power exhibited by Brahmā was before the mystic power of Kṛṣṇa, it was just like snow at night or a glowworm during the day. When a man of small mystic power wants to show potency in the presence of greater mystic power, he diminishes his own influence; he does not increase it. Even such a great personality as Brahmā, when he wanted to show his mystic power before Kṛṣṇa, became ludicrous. Brahmā was thus confused about his own mystic power.

Afin de convaincre Brahmā que ces veaux et ces garçons n’étaient pas les initiaux, Kṛṣṇa, de toutes ces formes qu’Il avait empruntées, Se changea en autant de Viṣṇu. Ainsi, les jeunes pâtres et les veaux, depuis un an, se trouvaient vraiment dans un état de sommeil, sous l’influence de Brahmā, mais leurs substituts, que voyait à présent ce dernier, étaient tous des émanations directes de Kṛṣṇa, ou Viṣṇu. Viṣṇu émane de Kṛṣṇa : ce sont des Formes de Viṣṇu qui apparurent devant Brahmā. Toutes étaient de teinte bleutée et vêtues d’habits jaunes ; toutes dotées de quatre bras portant la masse, le disque, la fleur de lotus et la conque. Leurs têtes étaient parées de perles, de pendants d’oreilles et de guirlandes de fleurs merveilleuses, coiffées de casques dorés, étincelants de joyaux. Sur leur poitrine on voyait la marque du Śrīvatsa ; des bracelets et autres bijoux décoraient leurs bras. Leur cou était lisse comme la conque, leurs jambes ornées de grelots, leur taille de clochettes d’or et leurs doigts de bagues serties de pierres précieuses. Brahmā vit également que sur le Corps de Śrī Viṣṇu, partout, de Ses pieds pareils-au-lotus au haut de Sa tête, étaient lancés en pluie des bourgeons frais de tulasī. Un autre caractère important de ces Formes de Viṣṇu est qu’elles semblaient toutes merveilleusement belles, belles d’une beauté toute spirituelle. Leur sourire rappelait la radiance de la lune et leur regard les premiers rayons du soleil. Par ce simple regard, elles se dévoilaient comme la Source de la création et du maintien de l’Ignorance et de la Passion. Viṣṇu représente la Vertu, Brahmā la Passion et Śiva l’Ignorance. Mais en tant que Celui qui maintient toute chose dans la création cosmique, Viṣṇu est aussi celui qui crée et maintient Brahmā et Śiva.

In order to convince Brahmā that all those calves and boys were not the original ones, the calves and boys who were playing with Kṛṣṇa transformed into Viṣṇu forms. Actually, the original ones were sleeping under the spell of Brahmā’s mystic power, but the present ones, seen by Brahmā, were all immediate expansions of Kṛṣṇa, or Viṣṇu. Viṣṇu is the expansion of Kṛṣṇa, so the Viṣṇu forms appeared before Brahmā. All the Viṣṇu forms were of bluish color and dressed in yellow garments; all of Them had four hands decorated with club, disc, lotus flower and conch shell. On Their heads were glittering golden helmets inlaid with jewels; They were bedecked with pearls and earrings and garlanded with beautiful flowers. On Their chests was the mark of Śrīvatsa, Their arms were decorated with armlets and other jewelry, and Their necks were just like conch shells. Their legs were decorated with bells, Their waists with golden belts, and Their fingers with jeweled rings. Brahmā also saw that upon the whole body of each Lord Viṣṇu, from the lotus feet up to the top of the head, fresh tulasī leaves and buds had been thrown. Another significant feature of the Viṣṇu forms was that all of Them were looking transcendentally beautiful. Their smiling resembled the moonshine, and Their glancing resembled the early rising of the sun. Just by Their glancing They showed Themselves to be the creators and maintainers of the modes of ignorance and passion. Viṣṇu represents the mode of goodness, Brahmā the mode of passion, and Lord Śiva the mode of ignorance. Therefore as the maintainer of everything in the cosmic manifestation, Viṣṇu is also the creator and maintainer of Brahmā and Lord Śiva.

Après que Se fut ainsi manifesté Śrī Viṣṇu, Brahmā vit que nombre d’autres Brahmās, nombre de Śivas et devas, et que même les êtres insignifiants, tels les fourmis, que le moindre brin d’herbe, bref, tous les êtres, mobiles et immobiles, dansaient autour de Śrī Viṣṇu. Leur danse s’accomplissait au son de musiques diverses, et tous vouaient leur adoration à Śrī Viṣṇu. Brahmā réalisa que toutes ces Formes de Viṣṇu étaient complètes, qu’elles possédaient aussi bien la perfection du nom d’aṇimā, par quoi l’on peut devenir aussi petit que l’atome, que celle par quoi l’on peut prendre des dimensions aussi infinies que la création cosmique. Tous les pouvoirs surnaturels de Brahmā, de Śiva, de tous les devas, et les vingt-quatre éléments de la nature matérielle se trouvaient entièrement représentés dans la Personne de Viṣṇu. Sous l’influence de Śrī Viṣṇu, tous pouvoirs surnaturels à Lui subordonnés étaient engagés dans Son adoration. Tous Lui vouaient leur culte : le temps, l’espace, l’entière création cosmique, le pouvoir d’amélioration, le désir, les actes et les trois guṇas. Brahmā réalisa également que Śrī Viṣṇu est la Source de toute vérité, de tout savoir et de toute félicité, la combinaison des trois aspects de l’Absolu : l’éternité, le savoir et la félicité ; il Le vit aussi comme l’Objet de l’adoration des adeptes des Upaniṣads.

After this manifestation of Lord Viṣṇu, Brahmā saw that many other Brahmās and Śivas and demigods and even insignificant living entities down to the ants and very small straws – all moving and nonmoving living entities – were dancing, surrounding Lord Viṣṇu. Their dancing was accompanied by various kinds of music, and all of them were worshiping Lord Viṣṇu. Brahmā realized that all those Viṣṇu forms were complete in mystic power, from the aṇimā perfection of becoming small like an atom up to becoming infinite like the cosmic manifestation. All the mystic powers of Brahmā, Śiva, all the demigods and the twenty-four elements of cosmic manifestation were fully represented in the person of Viṣṇu. By the influence of Lord Viṣṇu, all subordinate mystic powers were engaged in His worship. He was being worshiped by time, space, the cosmic manifestation, reformation, desire, activity and the three qualities of material nature. Lord Viṣṇu, Brahmā also realized, is the reservoir of all truth, knowledge and bliss. He is the combination of three transcendental features, namely eternity, knowledge and bliss, and He is the object of worship by the followers of the Upaniṣads.

Brahmā réalisa encore que toutes les différentes formes de garçons et de veaux changés en des Formes de Viṣṇu n’avaient pas été métamorphosées par la force d’un pouvoir du genre de celui dont peuvent faire montre un yogī ou un deva. Les veaux et les garçons changés en Viṣṇu-mūrtis, ou Formes de Viṣṇu, n’étaient pas des manifestations de la Viṣṇu- māyā, ou l’énergie de Viṣṇu, mais bien Viṣṇu en Personne. On comparera respectivement Viṣṇu et la Viṣṇumāyā au feu et à la chaleur. La chaleur est un attribut du feu, mais non le feu en soi. Les Formes de Viṣṇu manifestées devant Brahmā ne sont pas comparables à la chaleur, mais plutôt au feu : toutes étaient en vérité Viṣṇu Lui-même. Prenons un autre exemple : le soleil peut se refléter dans l’eau de nombreux bassins, mais tous les reflets, dans tous les bassins, ne sont pas le vrai soleil. Bien qu’ils aient l’apparence du soleil, ils ne prodiguent pas vraiment de chaleur ou de lumière. Les Formes que Kṛṣṇa assuma, quant à elles, étaient chacune Viṣṇu Lui-même, dans toute la plénitude de Ses qualités. (On qualifie plus exactement Viṣṇu ainsi : Il est satya, ou toute vérité ; jñāna, ou tout savoir ; et ānanda, ou toute félicité).

Brahmā realized that all the different forms of boys and calves transformed into Viṣṇu forms were not transformed by a mysticism of the type that a yogī or a demigod can display by specific powers invested in him. The calves and boys transformed into viṣṇu-mūrtis, or Viṣṇu forms, were not displays of viṣṇu-māyā, or Viṣṇu’s energy, but were Viṣṇu Himself. The respective qualifications of Viṣṇu and viṣṇu-māyā are just like fire and heat. In the heat there is the qualification of fire, namely warmth; and yet heat is not fire. The manifestation of the Viṣṇu forms of the boys and calves was not like the heat but was rather the fire – they were all actually Viṣṇu. Factually, the qualification of Viṣṇu is full truth, full knowledge and full bliss. Another example can be given with material objects, which are reflected in many, many forms. For example, the sun is reflected in many waterpots, but the reflections of the sun in the many pots are not actually the sun. There is no actual heat or light from the suns in the pots, although they appear like the sun. But the forms which Kṛṣṇa assumed were each and every one full Viṣṇu. The specific word used in this connection is satya-jñānānantānanda. Satya means truth; jñāna, full knowledge; ananta, unlimited; and ānanda, full bliss.

Les Formes personnelles, spirituelles et absolues de Dieu, le Seigneur Suprême, sont à tel point sublimes que les adeptes impersonnalistes des Upaniṣads se trouvent dans l’incapacité d’atteindre le degré de connaissance requis pour leur entendement. Notons en particulier que les Formes absolues du Seigneur Se situent hors d’atteinte des impersonnalistes, qui, à travers l’étude des Upaniṣads, peuvent seulement comprendre que la Vérité Absolue Se différencie de la matière et qu’Elle n’est pas restreinte par un pouvoir limité, matériel. Brahmājī, quant à lui, pouvait comprendre Śrī Kṛṣṇa et Sa multiplication en tant de Formes de Viṣṇu, et aussi que toute chose dans la manifestation cosmique, mobile et immobile, doit son existence au déploiement de l’énergie du Seigneur Suprême.

The glories of the Supreme Personality of Godhead are so great that the impersonalistic followers of the Upaniṣads cannot reach the platform of knowledge to understand them. Especially the transcendental forms of the Lord are beyond the reach of the impersonalists, who can only understand, through studying the Upaniṣads, that the Absolute Truth is not matter, or is not materially restricted. From Kṛṣṇa’s expansion into Viṣṇu forms, Lord Brahmā could understand by his limited potency that everything movable and immovable within the cosmic manifestation is existing due to the expansion of the energy of the Supreme Lord.

Lorsque Brahmā se trouva ainsi frustré du fait de ses pouvoirs restreints, lorsqu’il prit conscience des limites de ses actes, enfermés dans le cadre des onze sens, il put pour le moins réaliser que lui aussi n’était qu’une création de l’énergie matérielle, un simple pantin. Tels des pantins, qui ne dansent que sous les mains du marionnettiste, les devas, ainsi que les autres êtres, sont tous subordonnés à Dieu, la Personne Suprême. Comme l’enseigne le Caitanya-caritāmṛta, le seul et unique maître est Kṛṣṇa, tous les autres sont serviteurs. Le monde entier est ballotté par les vagues de l’énergie matérielle, et les êtres flottent ici et là comme des brins de paille sur l’eau. Leur lutte pour l’existence se poursuit sans fin, mais cette māyā, cette lutte illusoire, cesse dès qu’ils prennent conscience de leur position de serviteur éternel du Seigneur Suprême.

When Brahmā was thus standing baffled in his limited power and conscious of his limited activities within the eleven senses, he could realize that he was also a creation of the material energy, just like a puppet. As a puppet has no independent power to dance but dances according to the direction of the puppet master, so the demigods and living entities are all subordinate to the Supreme Personality of Godhead. As it is stated in the Caitanya-caritāmṛta, the only master is Kṛṣṇa, and all others are His servants. The whole world is under the waves of the material spell, and beings are floating like straws in water. So their struggle for existence is continuing. But as soon as one becomes conscious that he is the eternal servant of the Supreme Personality of Godhead, this māyā, or illusory struggle for existence, is immediately stopped.

Brahmājī, maître à tous égards de la déesse du savoir, lui que l’on tient pour la plus haute autorité en matière de connaissance védique, se trouvait perplexe, incapable de saisir l’extraordinaire des puissances manifestées par Dieu, la Personne Suprême. Nul, dans l’univers matériel, pas même un grand personnage comme Brahmā, ne peut comprendre l’infini des pouvoirs surnaturels du Seigneur Suprême. Brahmā non seulement ne put comprendre, mais encore se trouva jeté dans la confusion par le seul fait de voir le déploiement des puissances que Kṛṣṇa manifesta devant lui.

Lord Brahmā, who has full control over the goddess of learning and who is considered to be the best authority in Vedic knowledge, was thus perplexed, being unable to understand the extraordinary power manifested by the Supreme Personality of Godhead. In the mundane world, even a personality like Brahmā is unable to understand the mystic power of the Supreme Lord. Not only did Brahmā fail to understand, but he was perplexed even to see the display which was being manifested by Kṛṣṇa before him.

Kṛṣṇa fut pris de compassion devant l’incapacité de Brahmā de saisir ne fût-ce que la manière dont Il déployait la puissance de Viṣṇu en Se changeant en veaux et jeunes pâtres ; ainsi, alors qu’Il manifestait pleinement Son émanation de Viṣṇu, Il tira brusquement sur la scène le rideau de Sa yogamāyā. La Bhagavad-gītā enseigne que Dieu, la Personne Suprême, ne peut être vu parce que voilé par cette yogamāyā. Ce qui couvre la réalité est qualifié de mahāmāyā, ou énergie externe, et ne permet pas à l’âme conditionnée de comprendre le Seigneur Suprême, lequel Se situe au-delà de la création cosmique. Mais l’énergie qui laisse partiellement entrevoir le Seigneur Suprême est, elle, appelée yogamāyā. Brahmā n’est pas un être ordinaire ; il est de bien loin supérieur à tous les devas. Cependant, il ne pouvait accéder à la compréhension du déploiement des pouvoirs du Seigneur Suprême ; Kṛṣṇa S’abstint donc volontairement de manifester davantage Ses puissances. Devant les pouvoirs de Kṛṣṇa, l’âme conditionnée est non seulement dans la confusion, mais se trouve véritablement dans l’incapacité totale de les saisir. Kṛṣṇa déploya le voile de Sa yogamāyā afin que Brahmā ne s’enlise pas de plus en plus profondément dans la perplexité.

Kṛṣṇa took compassion upon Brahmā because of his inability to see how Kṛṣṇa was displaying the forms of Viṣṇu and transforming Himself into calves and cowherd boys, and thus, while fully manifesting the Viṣṇu expansions, He suddenly pulled His curtain of yogamāyā over the scene. In the Bhagavad-gītā it is said that the Supreme Personality of Godhead is not visible due to the curtain spread by yogamāyā. That which covers the reality is mahāmāyā, or the external energy, which does not allow a conditioned soul to understand the Supreme Personality of Godhead beyond the cosmic manifestation. But the energy which partially manifests the Supreme Personality of Godhead and partially does not allow one to see is called yogamāyā. Brahmā is not an ordinary conditioned soul. He is far, far superior to all the other demigods, and yet he could not comprehend the display of the Supreme Personality of Godhead; therefore Kṛṣṇa willingly stopped manifesting any further potency. The conditioned soul not only becomes bewildered but is completely unable to understand. The curtain of yogamāyā was drawn so that Brahmā would not become more and more perplexed.

Lorsque Brahmā fut soulagé de son incertitude, il sembla s’éveiller comme d’un état de mort, et à grand peine ouvrit les yeux. Il put alors contempler l’éternelle création cosmique avec la vision d’un être ordinaire. Il aperçut tout autour de lui, peuplé d’arbres, le merveilleux paysage de Vṛndāvana, source même d’existence pour tous les êtres vivants. Il fut capable d’apprécier la terre de Vṛndāvana, toute spirituelle, où tous les êtres transcendent la commune nature. Au cœur de la forêt de Vṛndāvana, même les animaux féroces comme les tigres vivent en paix dans la compagnie des cerfs et des humains. Brahmā put prendre conscience que de par la simple présence de Dieu, la Personne Suprême, la terre de Vṛndāvana dépasse tout autre lieu, et que là n’existent ni concupiscence ni avidité.

When Brahmā was relieved from his perplexity, he appeared to awaken from an almost dead state, and he began to open his eyes with great difficulty. Thus he could see the external cosmic manifestation with common eyes. He saw all around him the superexcellent view of Vṛndāvana – full with trees – which is the source of life for all living entities. He could appreciate the transcendental land of Vṛndāvana, where all the living entities are transcendental to ordinary nature. In the forest of Vṛndāvana, even ferocious animals like tigers live peacefully along with the deer and human beings. He could understand that because of the presence of the Supreme Personality of Godhead, Vṛndāvana is transcendental to all other places and is free of lust and greed.

Ainsi, Brahmā aperçut Śrī Krshna, Dieu, la Personne Suprême, jouant le rôle d’un jeune pâtre. Il vit ce petit enfant qui dans la main gauche tenait un morceau de nourriture, et qui partout cherchait Ses amis et Ses veaux, tout comme Il le faisait un an auparavant.

Brahmā thus found Śrī Kṛṣṇa, the Supreme Personality of Godhead, playing the part of a small cowherd boy; he saw that little child with a lump of food in His left hand, searching out His friends and calves, just as He had actually been doing one year before, after their disappearance.

Sans tarder, Brahmā descendit du grand cygne qui le porte, et, devant le Seigneur, tomba au sol tel un bâton d’or. Les vaisnavas utilisent le mot daṇḍavat pour désigner l’offrande de respects. Ce mot signifie tomber tel un bâton : on doit offrir son respect aux vaiṣṇavas supérieurs en se prosternant raide comme un bâton. Ainsi, Brahmā, pour montrer au Seigneur son respect, tomba devant Lui tel un bâton ; et parce que son teint est d’or, il ressemblait à un bâton d’or couché aux pieds de Śrī Kṛṣṇa. Les quatre casques qui coiffaient Ses têtes touchèrent les pieds pareils-au-lotus de Kṛṣṇa. Brahmā, dans sa grande joie, se mit à pleurer, et de ses larmes, il lava les pieds pareils-au-lotus du Seigneur. Encore et encore, se remémorant les Actes merveilleux du Seigneur, il tomba au sol et se releva. Après avoir réitéré longtemps son hommage, Brahmā se leva et de ses mains sécha ses yeux. Voyant devant lui le Seigneur, il commença, tout tremblant, à Lui offrir, plein de respect, d’humilité et d’attention, des prières.

Immediately Brahmā descended from his great swan carrier and fell down before the Lord just like a golden stick. The word used among the Vaiṣṇavas for offering respect is daṇḍavat. This word means “falling down like a stick”; one should offer respect to the superior Vaiṣṇava by falling down straight, with his body just like a stick. So Brahmā fell down before the Lord just like a stick to offer respect; and because the complexion of Brahmā is golden, he appeared to be like a golden stick lying down before Lord Kṛṣṇa. All the four helmets on the heads of Brahmā touched the lotus feet of Kṛṣṇa. Brahmā, being very joyful, began to shed tears, and he washed the lotus feet of Kṛṣṇa with his tears. Repeatedly he fell and rose as he recalled the wonderful activities of the Lord. After repeating obeisances for a long time, Brahmā stood up and smeared his hands over his eyes. Seeing the Lord before him, he, trembling, began to offer prayers with great respect, humility and attention.

Ainsi s’achèvent les enseignements de Bhaktivedanta pour le treizième chapitre du Livre de Kṛṣṇa, intitulé: Brahmā subtilise les jeunes pâtres et leurs veaux ».

Thus ends the Bhaktivedanta purport of the thirteenth chapter of Kṛṣṇa, “The Stealing of the Boys and Calves by Brahmā.”