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Introduction

Introduction

« l’enseignement des vedas »

“Teachings of the Vedas

Conférence donnée par Śrī Śrīmad A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupāda le 6 octobre 1969 au Conway Hall, à Londres.

Delivered as a lecture by His Divine Grace A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupāda on October 6, 1969, at Conway Hall, London, England.

Mesdames et Messieurs, nous parlerons aujourd’hui de l’enseignement des Vedas. Mais d’abord, qu’est-ce que les Vedas ? Les racines sanskrites du mot veda peuvent s’interpréter de diverses manières qui se rejoignent finalement toutes pour signifier « connaissance ». Toute connaissance est en fait « veda » car l’enseignement des Vedasconstitue le savoir originel.

À l’état conditionné, notre connaissance comporte de nombreuses lacunes car à l’inverse de l’âme libérée, l’être conditionné par la matière est sujet à quatre types d’imperfections. La première est qu’il est contraint de commettre des erreurs. Mahatma Gandhi, par exemple, qui était considéré comme un personnage exceptionnel, fit de nombreuses erreurs, dont l’une lui fut même fatale. En effet, à la fin de sa vie, son assistant l’avertit de ne pas aller à l’assemblée de New-Delhi car des amis l’avaient prévenu qu’il courait un danger, mais il ne voulut rien entendre ; il insista pour s’y rendre et fut assassiné. Et l’on pourrait citer tant d’autres exemples. « L’erreur est humaine » dit-on.

Ladies and gentlemen, today’s subject matter is the teachings of the Vedas. What are the Vedas? The Sanskrit verbal root of veda can be interpreted variously, but the purport is finally one. Veda means knowledge. Any knowledge you accept is veda, for the teachings of the Vedas are the original knowledge. In the conditioned state, our knowledge is subjected to many deficiencies. The difference between a conditioned soul and a liberated soul is that the conditioned soul has four kinds of defects. The first defect is that he must commit mistakes. For example, in our country, Mahatma Gandhi was considered to be a very great personality, but he committed many mistakes. Even at the last stage of his life, his assistant warned, “Mahatma Gandhi, don’t go to the New Delhi meeting. I have some friends, and I have heard there is danger.” But he did not hear. He persisted in going and was killed. Even great personalities like Mahatma Gandhi, President Kennedy – there are so many of them – make mistakes. To err is human. This is one defect of the conditioned soul.

En second lieu, l’homme est la proie de l’illusion. L’illusion est ce qui nous fait prendre les choses pour ce qu’elles ne sont pas, et le sanskrit désigne « ce qui n’est pas » par le mot māyā. Le fait que tout le monde s’identifie à son corps illustre bien cette māyā. Si par exemple, je vous demande qui vous êtes, vous me répondrez : « Je suis M. Untel, je suis un homme riche, je suis ceci, je suis cela. » Mais c’est là une illusion, car en fait, il ne s’agit là que d’identifications corporelles. Et vous êtes distinct de votre corps.

Another defect: to be illusioned. Illusion means to accept something which is not: māyā. Māyā means “what is not.” Everyone is accepting the body as the self. If I ask you what you are, you will say, “I am Mr. John; I am a rich man; I am this; I am that.” All these are bodily identifications. But you are not this body. This is illusion.

La troisième des imperfections de l’homme est sa tendance à tromper autrui ; chacun a ce défaut profondément ancré en lui. Même le dernier des sots se fera passer pour très intelligent. Bien qu’il soit établi que l’être humain est sujet à l’illusion et à l’erreur, il continue d’écrire des ouvrages de philosophie et d’énoncer ses théories (je crois ceci, je pense cela…) alors qu’il ignore tout de sa propre nature. C’est là le problème de l’humanité, sa tendance innée à abuser autrui.

The third defect is the cheating propensity. Everyone has the propensity to cheat others. Although a person is fool number one, he poses himself as very intelligent. Although it is already pointed out that he is in illusion and makes mistakes, he will theorize: “I think this is this, this is this.” But he does not even know his own position. He writes books of philosophy, although he is defective. That is his disease. That is cheating.

Enfin, les sens de l’homme sont imparfaits. Prenons le sens de la vue dont il est si fier. N’entendons-nous pas souvent lancer ce défi : « Pouvez-vous me montrer Dieu ? » Mais comment voir Dieu avec des yeux matériels ? Si la pièce s’assombrissait soudainement, vous ne pourriez même plus voir vos mains. À quoi donc se réduit notre sens de la vue ? Nous ne pouvons donc pas nous attendre à ce que la connaissance parfaite (veda) provienne de sens aussi imparfaits. Avec tous ces défauts, tant que nous serons conditionnés, il nous sera impossible d’apporter à quiconque une connaissance parfaite, ni d’être nous-mêmes parfaits. C’est pourquoi nous acceptons les Vedastels qu’ils sont.

Lastly, our senses are imperfect. We are very proud of our eyes. Often, someone will challenge, “Can you show me God?” But do you have the eyes to see God? You will never see if you haven’t the eyes. If immediately the room becomes dark, you cannot even see your hands. So what power do you have to see? We cannot, therefore, expect knowledge (veda) with these imperfect senses. With all these deficiencies, in conditioned life we cannot give perfect knowledge to anyone. Nor are we ourselves perfect. Therefore we accept the Vedas as they are.

Les Vedas ne sont pas, comme on le croit, des Écritures « hindoues », terme d’ailleurs étranger, et nous-mêmes ne sommes pas hindous. Nous suivons les principes du varṇāśrama-dharma tels que les Vedas les décrivent. Le varṇāśrama, divisé en quatre varṇas et quatre āśramas, constitue l’organisation naturelle de la société humaine. Les varṇas sont les quatre groupes sociaux, et les āśramas sont les quatre étapes de la vie spirituelle. La Bhagavad-gītā (4.13) nous dit que parce que ces divisions sont créées par Dieu, elles sont universelles. Brāhmaṇas, kṣatriyas, vaiśyas et śūdras constituent les quatre groupes sociaux. Les brāhmaṇas sont ceux qui possèdent les plus grandes capacités intellectuelles, ceux qui discernent le Brahman, la Vérité Absolue ; les kṣatriyas sont chargés de l’administration de l’État ; les vaiśyas sont les commerçants et les fermiers ; les śūdrassont les travailleurs qui assistent les autres groupes. Ces divisions forment la base de toute société humaine, et nous les acceptons telles quelles.

Si nous reconnaissons les principes védiques comme des axiomes, c’est parce qu’ils ne sont pas sujets à l’erreur humaine. En Inde, par exemple, la bouse de vache est considérée comme pure, bien qu’il s’agisse d’un excrément animal. Or, d’un côté les Vedas stipulent que lorsqu’on touche des excréments, on doit aussitôt se laver entièrement, et de l’autre, ils affirment que la bouse de vache est pure, et qu’en enduire un endroit impur l’assainit. Notre bon sens y voit une contradiction ; mais si c’est en effet paradoxal, ce n’est pas faux. Un homme de science très connu de Calcutta a analysé la bouse de vache et a découvert qu’elle possédait des vertus antiseptiques.

You may call the Vedas Hindu, but “Hindu” is a foreign name. We are not Hindus. Our real identification is varṇāśrama. Varṇāśrama denotes the followers of the Vedas, those who accept the human society in eight divisions of varṇa and āśrama. There are four divisions of society and four divisions of spiritual life. This is called varṇāśrama. It is stated in the Bhagavad-gītā, “These divisions are everywhere because they are created by God.” The divisions of society are brāhmaṇa, kṣatriya, vaiśya, śūdra. Brāhmaṇa refers to the very intelligent class of men, those who know what is Brahman. Similarly, the kṣatriyas, the administrator group, are the next intelligent class of men. Then the vaiśyas, the mercantile group. These natural classifications are found everywhere. This is the Vedic principle, and we accept it. Vedic principles are accepted as axiomatic truth, for there cannot be any mistake. That is acceptance. For instance, in India cow dung is accepted as pure, and yet cow dung is the stool of an animal. In one place you’ll find the Vedic injunction that if you touch stool, you have to take a bath immediately. But in another place it is said that the stool of a cow is pure. If you smear cow dung in an impure place, that place becomes pure. With our ordinary sense we can argue, “This is contradictory.” Actually, it is contradictory from the ordinary point of view, but it is not false. It is fact. In Calcutta, a very prominent scientist and doctor analyzed cow dung and found that it contains all antiseptic properties.

Lorsqu’en Inde, on enjoint à quelqu’un d’agir de telle ou telle manière, on s’entend parfois répondre : « Que voulez-vous insinuer ? Est-ce écrit dans les Vedas pour que j’obéisse sans discuter ? » On ne peut mettre en doute la valeur absolue des normes védiques. Si on les étudie avec soin, on verra qu’elles sont toutes justifiées.

In India if one person tells another, “You must do this,” the other party may say, “What do you mean? Is this a Vedic injunction, that I have to follow you without any argument?” Vedic injunctions cannot be interpreted. But ultimately, if you carefully study why these injunctions are there, you will find that they are all correct.

Les Vedas ne sont pas une compilation de connaissances humaines. Le savoir védique provient du monde spirituel, il est donné par Kṛṣṇa. On qualifie également les Vedas de śruti, mot désignant un savoir reçu par l’écoute, à l’inverse du savoir acquis par l’expérimentation. Les śrutis sont comparés à une mère, car la mère est pour l’enfant la source de toute connaissance. Si l’on veut savoir, par exemple, qui est notre père, c’est à notre mère qu’il faut s’adresser. De même, pour connaître ce qui dépasse notre expérience pratique et nos facultés de perception, nous devons nous en remettre aux Vedas. Le savoir védique n’a nul besoin d’être démontré. Il a déjà été expérimenté et son authenticité reconnue. Comme pour l’exemple de la mère, il n’y a pas d’autre alternative que de l’accepter tel quel.

The Vedas are not compilations of human knowledge. Vedic knowledge comes from the spiritual world, from Lord Kṛṣṇa. Another name for the Vedas is śruti. Śruti refers to that knowledge which is acquired by hearing. It is not experimental knowledge. Śruti is considered to be like a mother. We take so much knowledge from our mother. For example, if you want to know who your father is, who can answer you? Your mother. If the mother says, “Here is your father,” you have to accept it. It is not possible to experiment to find out whether he is your father. Similarly, if you want to know something beyond your experience, beyond your experimental knowledge, beyond the activities of the senses, then you have to accept the Vedas. There is no question of experimenting. It has already been experimented. It is already settled. The version of the mother, for instance, has to be accepted as truth. There is no other way.

Aux origines, Dieu, la Personne Suprême, révéla la connaissance védique au tréfonds du cœur de Brahmā, le premier être créé. Aussi, de même que les Vedas sont considérés comme la mère de l’humanité, Brahmā en est-il l’aïeul, l’ancêtre. Il transmit au monde cette connaissance spirituelle, par l’intermédiaire de son fils Nārada, puis de ses autres fils et disciples, lesquels, à leur tour, la communiquèrent à leurs propres disciples. La connaissance védique est ainsi transmise de maître à disciple, et la Bhagavad-gītā nous assure qu’il n’y a pas d’autre façon de la recevoir et de la réaliser. Si nous en faisons l’expérimentation, nous arriverons à une conclusion identique, mais afin de gagner du temps, mieux vaut l’accepter directement.

Celui qui veut connaître son père et qui reconnaît l’autorité de sa mère sur le sujet, acceptera sans discuter ce qu’elle lui dira. Les preuves de l’exactitude d’un fait ou d’une théorie sont de trois ordres : pratyakṣa, anumāna etśabda. Pratyakṣa-pramāṇa est la preuve acquise par perception directe ; elle n’a que peu de valeur car nos sens sont imparfaits. Le soleil, que nous observons chaque jour, nous apparaît comme un disque de petite dimension, alors qu’il est en réalité beaucoup plus grand que plusieurs planètes réunies. Que vaut une vision si limitée ? Si nous voulons connaître la nature du soleil, la meilleure solution sera de consulter des livres à ce sujet. L’expérience directe n’est donc pas infaillible ni suffisante. Vient ensuite la connaissance inductive fondée sur l’hypothèse, anumāna-pramāṇa. Darwin, par exemple, a élaboré toute une théorie sur l’évolution des espèces, mais il s’agit là de supposition et non de science exacte. Cette façon de prouver est donc également imparfaite. Le plus sûr moyen de recevoir la connaissance vraie est de la puiser à une source parfaitement authentique. Si la direction d’une station radiophonique vous envoie l’horaire de ses émissions, vous en accepterez l’exactitude ; vous n’en douterez pas et vous n’essaierez pas de le vérifier par vous-même puisqu’il vous vient de source autorisée. Il s’agit là de la troisième sorte de preuve, la śabda-pramāṇa.

The Vedas are considered to be the mother, and Brahmā is called the grandfather, the forefather, because he was the first to be instructed in the Vedic knowledge. In the beginning the first living creature was Brahmā. He received this Vedic knowledge and imparted it to Nārada and other disciples and sons, and they also distributed it to their disciples. In this way, the Vedic knowledge comes down by disciplic succession. It is also confirmed in the Bhagavad-gītā that Vedic knowledge is understood in this way. If you make experimental endeavor, you come to the same conclusion, but just to save time you should accept. If you want to know who your father is and if you accept your mother as the authority, then whatever she says can be accepted without argument. There are three kinds of evidence: pratyakṣa, anumāna and śabda. Pratyakṣa means “direct evidence.” Direct evidence is not very good because our senses are not perfect. We are seeing the sun daily, and it appears to us just like a small disc, but it is actually far, far larger than many planets. Of what value is this seeing? Therefore we have to read books; then we can understand about the sun. So direct experience is not perfect. Then there is anumāna, inductive knowledge: “It may be like this” – hypothesis. For instance, Darwin’s theory says it may be like this, it may be like that. But that is not science. That is a suggestion, and it is also not perfect. But if you receive the knowledge from the authoritative sources, that is perfect. If you receive a program guide from the radio station authorities, you accept it. You don’t deny it; you don’t have to make an experiment, because it is received from the authoritative sources.

La connaissance védique est śabda-pramāṇa, ou śruti-pramāṇa, ce qui indique qu’elle est reçue par l’écoute. Les Vedas nous apprennent qu’il faut recueillir cette connaissance transcendantale d’une source reconnue. Car si le savoir matériel provient de ce bas-monde, le savoir transcendantal vient d’un monde situé au-delà de l’univers matériel. Or, n’étant pas même capables d’atteindre les confins de l’univers matériel, comment pourrions-nous avoir accès au monde spirituel ? Il est donc impossible d’acquérir la connaissance totale sans aide.

Vedic knowledge is called śabda-pramāṇa. Another name is śruti. Śruti means that this knowledge has to be received simply by aural reception. The Vedas instruct that in order to understand transcendental knowledge, we have to hear from the authority. Transcendental knowledge is knowledge from beyond this universe. Within this universe is material knowledge, and beyond this universe is transcendental knowledge. We cannot even go to the end of the universe, so how can we go to the spiritual world? Thus to acquire full knowledge is impossible.

Au-delà des états manifesté et non manifesté de l’énergie matérielle, il existe une autre nature, qu’on appelle le monde spirituel. Mais comment savoir qu’il existe un monde où les planètes et leurs habitants sont éternels ? Et quand le savoir est là, comment le soumettre à des expériences ? C’est impossible. Par conséquent, il nous faut avoir recours aux Vedas et y puiser la connaissance védique. Dans le Mouvement pour la Conscience de Kṛṣṇa, c’est de Kṛṣṇa, l’autorité suprême reconnue par tous, que nous tenons la connaissance. Par tous, j’entends en premier lieu les deux catégories de spiritualistes : les māyāvādīs (impersonnalistes), connus aussi sous le nom de « védantistes » et marchant sur les traces de Śaṅkarācārya, et les vaiṣṇavas (personnalistes), comme Rāmānujācārya, Madhvācārya, Nimbarka Svāmī et Viṣṇu Svāmī. L’une comme l’autre, la Śaṅkara-sampradāya et la Vaiṣṇava-sampradāya acceptent Kṛṣṇa comme étant Dieu, la Personne Suprême.

Śaṅkarācārya est censé avoir été un impersonnaliste n’enseignant que l’aspect impersonnel de la Vérité Absolue (le Brahman), mais en fait, il était un personnaliste déguisé. Dans son commentaire sur la Bhagavad-gītā,il écrivit : « Nārāyaṇa, Dieu, la Personne Suprême, Se trouve au-delà de la manifestation cosmique. » Puis il ajouta : « Cette Personne Divine et Suprême, Nārāyaṇa, est Kṛṣṇa, venu sur terre comme le fils de Vasudeva et Devakī. » Il mentionna spécifiquement le nom de Ses parents. Ainsi, tous les spiritualistes reconnaissent que Kṛṣṇa est Dieu, la Personne Suprême ; cela ne fait donc aucun doute. Comme nous le disions, dans la Conscience de Kṛṣṇa, notre connaissance provient directement de la Bhagavad-gītā telle que Kṛṣṇa l’a énoncée. Nous avons publié cet ouvrage sous le nom de La Bhagavad-gītā telle qu’elle est car nous acceptons les paroles de Kṛṣṇa telles qu’Il les a formulées, sans en interpréter le sens. C’est parce que le savoir védique est pur que nous l’acceptons dans son intégrité ; en acceptant de cette manière tout ce que dit Kṛṣṇa et en reconnaissant en Lui la source authentique de toute connaissance, nous acquérons le savoir sans perdre de temps.

Il y a deux voies dans le monde matériel pour acquérir la connaissance : l’induction et la déduction. Par déduction, vous pouvez, par exemple, conclure que l’homme est mortel. Vos parents, vos amis, tout le monde dit que l’homme est mortel, et vous acceptez cette conclusion sans en faire l’expérience par vous-même. Toutefois, si vous voulez élucider la question par induction, il vous faudra étudier tous les hommes les uns après les autres, et constater personnellement la mort de chacun d’entre eux ; mais vous ne verrez jamais l’aboutissement de vos recherches, car il se pourra toujours qu’un homme échappe à la mort sans que vous en ayez connaissance. En sanskrit, on appelle cette méthode inductive āroha, c’est-à-dire la méthode ascendante. Vous n’arriverez jamais à la bonne conclusion si vous tentez d’atteindre à la connaissance par vos efforts personnels, en utilisant vos sens imparfaits comme instruments de recherche. C’est impossible.

There is a spiritual sky. There is another nature, which is beyond manifestation and nonmanifestation. But how will you know that there is a sky where the planets and inhabitants are eternal? All this knowledge is there, but how will you make experiments? It is not possible. Therefore you have to take the assistance of the Vedas. This is called Vedic knowledge. In our Kṛṣṇa consciousness movement we are accepting knowledge from the highest authority, Kṛṣṇa. Kṛṣṇa is accepted as the highest authority by all classes of men. I am speaking first of the two classes of transcendentalists. One class of transcendentalists is called impersonalistic, Māyāvādī. They are generally known as Vedāntists, led by Śaṅkarācārya. And there is another class of transcendentalists, called Vaiṣṇavas, like Rāmānujācārya, Madhvācārya, Viṣṇu Svāmī. Both the Śaṅkara-sampradāya and the Vaiṣṇava-sampradāya have accepted Kṛṣṇa as the Supreme Personality of Godhead. Śaṅkarācārya is supposed to be an impersonalist who preached impersonalism, impersonal Brahman, but it is a fact that he is a covered personalist. In his commentary on the Bhagavad-gītā he wrote, “Nārāyaṇa, the Supreme Personality of Godhead, is beyond this cosmic manifestation.” And then again he confirmed, “That Supreme Personality of Godhead, Nārāyaṇa, is Kṛṣṇa. He has come as the son of Devakī and Vasudeva.” He particularly mentioned the names of His father and mother. So Kṛṣṇa is accepted as the Supreme Personality of Godhead by all transcendentalists. There is no doubt about it. Our source of knowledge in Kṛṣṇa consciousness is the Bhagavad-gītā, which comes directly from Kṛṣṇa. We have published Bhagavad-gītā As It Is because we accept Kṛṣṇa as He is speaking, without any interpretation. That is Vedic knowledge. Since the Vedic knowledge is pure, we accept it. Whatever Kṛṣṇa says, we accept. This is Kṛṣṇa consciousness. That saves much time. If you accept the right authority, or source of knowledge, then you save much time. For example, there are two systems of knowledge in the material world: inductive and deductive. From deductive, you accept that man is mortal. Your father says man is mortal, your sister says man is mortal, everyone says man is mortal – but you do not experiment. You accept it as a fact that man is mortal. If you want to research to find out whether man is mortal, you have to study each and every man, and you may come to think that there may be some man who is not dying but you have not seen him yet. So in this way your research will never be finished. In Sanskrit this process is called āroha, the ascending process. If you want to attain knowledge by any personal endeavor, by exercising your imperfect senses, you will never come to the right conclusions. That is not possible.

La Brahma-saṁhitā nous apprend que même en voyageant à la vitesse de la pensée pendant des millions d’années, on ne peut atteindre les confins de l’univers spirituel illimité. Les avions modernes peuvent atteindre une vitesse de 3 000 km/heure, mais la vitesse de la pensée est beaucoup plus grande encore. On peut être assis chez soi et penser à l’Inde, qui se trouve à disons 15 000 km de là : immédiatement le mental nous y transporte. Cet exemple montre bien qu’il est vain d’essayer ainsi d’atteindre le monde spirituel. C’est pourquoi les Vedasnous exhortent — le mot « obligatoirement » est même employé — à approcher un maître spirituel authentique, un guru. Et qu’est-ce qui fait l’authenticité d’un maître spirituel ? Premièrement, que le message des Vedas lui soit venu de source autorisée et qu’il l’ait correctement compris, et deuxièmement, qu’il ait parfaitement réalisé le Brahman, la Vérité Absolue. Il ne peut être reconnu sans ces deux qualifications.

There is a statement in the Brahma-saṁhitā: Just ride on the airplane which runs at the speed of mind. Our material airplanes can run two thousand miles per hour, but what is the speed of mind? You are sitting at home, you immediately think of India – say, ten thousand miles away – and at once it is in your home. Your mind has gone there. The mind-speed is so swift. Therefore it is stated, “If you travel at this speed for millions of years, you’ll find that the spiritual sky is unlimited.” It is not possible even to approach it. Therefore, the Vedic injunction is that one must approach – the word “compulsory” is used – a bona fide spiritual master, a guru. And what is the qualification of a spiritual master? He is one who has rightly heard the Vedic message from the right source. And he must practically be firmly established in Brahman. These are the two qualities he must have. Otherwise he is not bona fide.

Aussi ce Mouvement pour la Conscience de Kṛṣṇa est-il complètement en accord avec les principes védiques. La Bhagavad-gītā affirme : « Kṛṣṇa est le but réel de la recherche védique », et la Brahma-saṁhitā développe cette idée en disant : « Kṛṣṇa, Govinda, possède d’innombrables formes, mais elles ne font toutes qu’une. » Sa forme, contrairement à la nôtre, créée et faillible, n’a ni origine ni défaut ; sans commencement et sans fin (ānanta), elle se multiplie en un nombre infini de formes. Assis dans cette salle de conférence, nous ne pouvons pas nous trouver en même temps dans nos demeures respectives, mais Kṛṣṇa, Lui, est partout à la fois. Il peut Se trouver à Goloka Vṛndāvana et, en même temps, être partout ailleurs, car Il est omniprésent. Il est l’être le plus ancien puisqu’Il est l’origine de tout, et pourtant, chaque fois que vous regardez une image de Kṛṣṇa, vous voyez un jeune homme de quinze à vingt ans, jamais un vieillard. Si vous avez déjà vu l’image de Kṛṣṇa conduisant le char d’Arjuna, sachez qu’Il avait alors pas moins de cent ans. Bien que pourvu d’arrière-petits-enfants, Il avait pourtant l’air d’un adolescent. En raison de Sa puissance suprême, Kṛṣṇa, Dieu, ne vieillit jamais. Il est très difficile, presque impossible, de connaître Kṛṣṇa au travers des Écritures védiques, mais par contre, vous saurez tout sur Lui en vous adressant à Ses dévots. Les purs bhaktas ont le pouvoir de vous offrir Kṛṣṇa tel qu’Il est.

This Kṛṣṇa consciousness movement is completely authorized from Vedic principles. In the Bhagavad-gītā Kṛṣṇa says, “The actual aim of Vedic research is to find out Kṛṣṇa.” In the Brahma-saṁhitā it is also stated, “Kṛṣṇa, Govinda, has innumerable forms, but they are all one.” They are not like our forms, which are fallible. His form is infallible. My form has a beginning, but His form has no beginning. It is ananta. And His form – so many multiforms – has no end. My form is sitting here and not in my apartment. You are sitting there and not in your apartment. But Kṛṣṇa can be everywhere at one time. He can sit down in Goloka Vṛndāvana, and at the same time He is everywhere, all-pervading. He is original, the oldest, but whenever you look at a picture of Kṛṣṇa you’ll find a young boy fifteen or twenty years old. You will never find an old man. You have seen pictures of Kṛṣṇa as a charioteer from the Bhagavad-gītā. At that time He was not less than one hundred years old. He had great-grandchildren, but He looked just like a boy. Kṛṣṇa, God, never becomes old. That is His supreme power. And if you want to search out Kṛṣṇa by studying the Vedic literature, then you will be baffled. It may be possible, but it is very difficult. But you can very easily learn about Him from His devotee. His devotee can deliver Him to you: “Here He is, take Him.” That is the potency of Kṛṣṇa’s devotees.

À l’origine, il n’y avait qu’un seul Veda, transmis oralement et non pas par écrit, car les gens étaient d’intelligence si vive, et avaient une mémoire tellement développée, qu’en écoutant une seule fois leur maître spirituel, ils saisissaient immédiatement toute la portée de ses paroles. Mais il y a 5 000 ans, Vyāsadeva mit les Vedas sous forme écrite pour le bien des gens de notre ère, l’âge de Kali (le kali-yuga). Il savait que l’homme allait vivre moins longtemps, que sa mémoire et son intelligence perdraient leur acuité. Il divisa donc le Vedaoriginel en quatre parties : le Ṛg, le Sāma, l’Atharva et le Yajur, et le confia sous cette forme à ses disciples. Plus tard, il pensa au bien des personnes d’intelligence moindre (strīsśūdras et dvija-bandhus), et compila pour eux le Mahābhārata ou l’Histoire de l’Inde, et les dix-huit Purāṇas. Les Purāṇas, le Mahābhārata, les quatre Vedas et les Upaniṣads (qui font partie des Vedas) sont tous des Écrits védiques. Pour les érudits et les philosophes, Vyāsadeva résuma toute la connaissance védique dans le Vedānta-sūtra, le fin mot des Écritures védiques.

Originally there was only one Veda, and there was no necessity of reading it. People were so intelligent and had such sharp memories that by once hearing from the lips of the spiritual master they would understand. They would immediately grasp the whole purport. But five thousand years ago Vyāsadeva put the Vedas in writing for the people in this age, Kali-yuga. He knew that eventually the people would be short-lived, their memories would be very poor, and their intelligence would not be very sharp. “Therefore, let me teach this Vedic knowledge in writing.” He divided the Vedas into four: Ṛg, Sāma, Atharva and Yajur. Then he gave the charge of these Vedas to his different disciples. He then thought of the less intelligent class of men – strī, śūdra and dvija-bandhu. He considered the woman class and śūdra class (worker class) and dvija-bandhu. Dvija-bandhu refers to those who are born in a high family but who are not properly qualified. A man who is born in the family of a brāhmaṇa but is not qualified as a brāhmaṇa is called dvija-bandhu. For these persons he compiled the Mahābhārata, called the history of India, and the eighteen Purāṇas. These are all part of the Vedic literature: the Purāṇas, the Mahābhārata, the four Vedas and the Upaniṣads. The Upaniṣads are part of the Vedas. Then Vyāsadeva summarized all Vedic knowledge for scholars and philosophers in what is called the Vedānta-sūtra. This is the last word of the Vedas.

Vyāsadeva écrivit personnellement le Vedānta-sūtra selon les directives de Nārada, son maître spirituel, mais après l’avoir rédigé, il demeura insatisfait. Dans le Śrīmad-Bhāgavatam, cet épisode fait l’objet d’un long récit. Après avoir compilé les Purāṇas, les Upaniṣads et même le Vedānta-sūtra, Vyāsadeva n’était toujours pas satisfait. Nārada lui conseilla alors d’expliquer le Vedānta. Vedānta signifie « connaissance ultime », et cette connaissance ultime est la connaissance de Kṛṣṇa. Kṛṣṇa dit que le but de tous les Vedas est de Le connaître :vedaiś ca sarvair aham eva vedyo vedānta-kṛd veda-vid eva cāham — « Le but de tous les Vedas est de Me connaître ; c’est Moi qui ai composé le Vedānta et Je suis Celui qui connaît les Vedas. » (Bhagavad-gītā, 15.15) L’objet ultime est donc Kṛṣṇa, comme l’expliquent tous les commentaires vaiṣṇavas de la philosophie du Vedānta.Nous, vaiṣṇavas de la Mādhva-gauḍīya-sampradāya, avons notre propre commentaire de la philosophie du Vedānta : le Govinda-bhāṣya, qui a été rédigé par Baladeva Vidyābhūṣaṇa ; Rāmānujācārya et Madhvācārya ont également rédigé leurs propres commentaires. Il existe en fait plusieurs commentaires du Vedānta, mais comme ceux des vaiṣṇavas furent écrits plus tard, on croit à tort que la version de Śaṅkarācārya est la seule qui existe. En outre, Vyāsadeva lui-même, l’auteur du Vedānta-sūtra, en a rédigé le premier le commentaire parfait : le Śrīmad-Bhāgavatam. Śrīla Vyāsadeva commence le Śrīmad-Bhāgavatam avec les premiers mots du Vedānta-sūtra :janmādy asya yataḥ. Ces premiers mots sont expliqués sous tous les angles tout au long du Śrīmad-Bhāgavatam. Le Vedānta-sūtra ne fait d’ailleurs que donner un indice de ce qu’est le Brahman, la Vérité Absolue, en disant : « La Vérité Absolue est Celui dont tout émane. » Ce bref résumé est parfaitement détaillé dans le Śrīmad-Bhāgavatam. Si tout émane de la Vérité Absolue, alors quelle est la nature de cette Vérité Absolue ? Le Śrīmad-Bhāgavatam répond à cette question : la Vérité Absolue doit être consciente et entièrement indépendante (sva-rāṭ). Le développement de notre conscience et de notre savoir nous vient de la connaissance que nous recevons des autres, tandis que Kṛṣṇa ne tient tout que de Lui-même. La quintessence de tout le savoir védique se trouve exprimée dans le Vedānta-sūtra, lui-même expliqué dans les plus grands détails par son auteur dans le Śrīmad-Bhāgavatam. Aussi recommandons-nous l’étude du Śrīmad-Bhāgavatam et de la Bhagavad-gītā à tous ceux qui recherchent la connaissance védique.

Vyāsadeva personally wrote the Vedānta-sūtra under the instructions of Nārada, his Guru Mahārāja (spiritual master), but still he was not satisfied. That is a long story, described in Śrīmad-Bhāgavatam. Vedavyāsa was not very satisfied even after compiling many Purāṇas and Upaniṣads, and even after writing the Vedānta-sūtra. Then his spiritual master, Nārada, instructed him, “You explain the Vedānta-sūtra. Vedānta means “ultimate knowledge,” and the ultimate knowledge is Kṛṣṇa. Kṛṣṇa says that throughout all the Vedas one has to understand Him: vedaiś ca sarvair aham eva vedyaḥ. Kṛṣṇa also says, vedānta-kṛd veda-vid eva cāham: “I am the compiler of the Vedānta-sūtra, and I am the knower of the Vedas.” Therefore the ultimate objective is Kṛṣṇa. That is explained in all the Vaiṣṇava commentaries on Vedānta philosophy. We Gauḍīya Vaiṣṇavas have our commentary on Vedānta philosophy, called Govinda-bhāṣya, by Baladeva Vidyābhūṣaṇa. Similarly, Rāmānujācārya has a commentary, and Madhvācārya has one. The version of Śaṅkarācārya is not the only commentary. There are many Vedānta commentaries, but because the Vaiṣṇavas did not present the first Vedānta commentary, people are under the wrong impression that Śaṅkarācārya’s is the only Vedānta commentary. Besides that, Vyāsadeva himself wrote the perfect Vedānta commentary, Śrīmad-Bhāgavatam. Śrīmad-Bhāgavatam begins with the first words of the Vedānta-sūtra: janmādy asya yataḥ. And that janmādy asya yataḥ is fully explained in Śrīmad-Bhāgavatam. The Vedānta-sūtra simply hints at what is Brahman, the Absolute Truth: “The Absolute Truth is that from whom everything emanates.” This is a summary, but it is explained in detail in Śrīmad-Bhāgavatam. If everything is emanating from the Absolute Truth, then what is the nature of the Absolute Truth? That is explained in Śrīmad-Bhāgavatam. The Absolute Truth must be consciousness. He is self-effulgent (sva-rāṭ). We develop our consciousness and knowledge by receiving knowledge from others, but for Him it is said that He is self-effulgent. The whole summary of Vedic knowledge is the Vedānta-sūtra, and the Vedānta-sūtra is explained by the writer himself in Śrīmad-Bhāgavatam. We finally request those who are actually after Vedic knowledge to try to understand the explanation of all Vedic knowledge from Śrīmad-Bhāgavatam and the Bhagavad-gītā.