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CHAPITRE 2

Chapter 2

La perfection après la mort

Elevation at Death

On compte différentes sortes de spiritualistes, ou de yogīs – les haṭha-yogīs, les jñāna-yogīs, les dhyāna-yogīs et les bhakti-yogīs – qui sont tous susceptibles d’être élevés jusqu’au monde spirituel. Le mot yoga signifie unir, joindre, et les différentes formes de yoga se proposent de nous aider à rejoindre le monde spirituel. Comme cela a été mentionné dans le chapitre précédent, nous sommes tous, à l’origine, unis au Seigneur Suprême, mais nous voilà à présent sous l’influence de la matière. Il s’agit donc pour nous de réintégrer le monde spirituel et le processus permettant cette jonction a pour nom yoga.

There are different kinds of transcendentalists who are called yogīs – haṭha-yogīs, jñāna-yogīs, dhyāna-yogīs, and bhakti-yogīs – and all of them are eligible to be transferred to the spiritual world. The word yoga means “to link up,” and the yoga systems are meant to enable us to link with the transcendental world. As mentioned in the previous chapter, originally we are all connected to the Supreme Lord, but now we have been affected by material contamination. The process is that we have to return to the spiritual world, and that process of linking up is called yoga. Another meaning of the word yoga is “plus.” At the present moment we are minus God, or minus the Supreme. When we add Kṛṣṇa – or God – to our lives, this human form of life becomes perfect.

C’est à l’heure de la mort que nous devons mettre la touche finale à ce processus de perfectionnement. Tout au long de notre vie, nous devons nous efforcer d’atteindre la perfection de façon à ce qu’au moment de la mort, lorsque nous devrons abandonner notre enveloppe matérielle, cette perfection puisse être réalisée.

At the time of death we have to finish that process of perfection. During our lifetime we have to practice the method of approaching that perfection so that at the time of death, when we have to give up this material body, that perfection can be realized.

prayāṇa-kāle manasācalena
bhaktyā yukto yoga-balena caiva
bhruvor madhye prāṇam āveśya samyak
sa taṁ paraṁ puruṣam upaiti divyam
prayāṇa-kāle manasācalena
bhaktyā yukto yoga-balena caiva
bhruvor madhye prāṇam āveśya samyak
sa taṁ paraṁ puruṣam upaiti divyam

« Celui qui, à l’instant de la mort, fixe son air vital entre les sourcils et qui, fort d’un mental inflexible s’absorbe par la puissance du yoga dans le souvenir de Dieu, la Personne Suprême, avec une dévotion absolue, parvient à L’atteindre. » (Bhagavad-gītā, 8.10)

“One who, at the time of death, fixes his life air between the eyebrows and in full devotion engages himself in remembering the Supreme Lord, will certainly attain to the Supreme Personality of Godhead.” (Gītā 8.10)

Tout comme un élève étudie une matière durant quatre ou cinq ans, à la suite de quoi il passe un examen et reçoit un diplôme, si durant notre vie nous nous préparons pour l’examen final, et si nous réussissons, nous pourrons aller au monde spirituel.

Just as a student studies a subject for four or five years and then takes his examination and receives a degree, similarly, with the subject of life, if we practice during our lives for the examination at the time of death, and if we pass the examination, we are transferred to the spiritual world. Our whole life is examined at the time of death.

yaṁ yaṁ vāpi smaran bhāvaṁ
tyajaty ante kalevaram
taṁ tam evaiti kaunteya
sadā tad-bhāva-bhāvitaḥ
yaṁ yaṁ vāpi smaran bhāvaṁ
tyajaty ante kalevaram
taṁ tam evaiti kaunteya
sadā tad-bhāva-bhāvitaḥ

« Ô fils de Kunti, l’état de conscience dont on conserve le souvenir à l’instant de quitter le corps détermine la condition d’existence future. » (Bhagavad-gītā, 8.6)

“Whatever state of being one remembers when he quits his body, that state he will attain without fail.” (Gītā 8.6)

Il est un proverbe bengali qui dit que tous les efforts accomplis en vue d’atteindre la perfection sont évalués au moment de la mort. Dans la Bhagavad-gītā, Kṛṣṇa explique ce que l’on doit faire à l’instant de quitter le corps. Pour celui qui pratique la méditation (le dhyāna-yoga) Śrī Kṛṣṇa énonce le verset suivant :

There is a Bengali proverb that says that whatever one does for perfection will be tested at the time of his death. In the Bhagavad-gītā Kṛṣṇa describes what one should do when giving up the body. For the dhyāna-yogī (meditator) Śrī Kṛṣṇa speaks the following verses:

yad akṣaraṁ veda-vido vadanti
viśanti yad yatayo vīta-rāgāḥ
yad icchanto brahmacaryaṁ caranti
tat te padaṁ saṅgraheṇa pravakṣye
yad akṣaraṁ veda-vido vadanti
viśanti yad yatayo vīta-rāgāḥ
yad icchanto brahmacaryaṁ caranti
tat te padaṁ saṅgraheṇa pravakṣye
sarva-dvārāṇi saṁyamya
mano hṛdi nirudhya ca
mūrdhny ādhāyātmanaḥ prāṇam
āsthito yoga-dhāraṇām
sarva-dvārāṇi saṁyamya
mano hṛdi nirudhya ca
mūrdhny ādhāyātmanaḥ prāṇam
āsthito yoga-dhāraṇām

« Les grands sages ayant embrassé l’ordre du renoncement, qui sont versés dans les Védas et prononcent l’oṁkāra, pénètrent dans le Brahman. Pour atteindre cette perfection ils doivent vivre dans la continence. Je vais maintenant t’enseigner le procédé qui permet d’obtenir le salut. Le yoga implique le détachement de toute activité sensorielle. On se fixe dans le yoga en fermant les portes des sens, en concentrant le mental sur le cœur et en maintenant l’air vital au sommet de la tête. » (Bhagavad-gītā, 8.11-12)

“Persons learned in the Vedas, who utter oṁ-kāra and who are great sages in the renounced order, enter into Brahman. Desiring such perfection, one practices celibacy. I shall now explain to you this process by which one may attain salvation. The yogic situation is that of detachment from all sensual engagements. Closing all the doors of the senses and fixing the mind on the heart and the life air at the top of the head, one establishes himself in yoga.” (Gītā 8.11–12)

Dans la pratique du yoga, ce procédé est appelé pratyā-hāra, ce qui signifie « juste l’opposé ». Ainsi, bien qu’au cours de l’existence les yeux soient occupés à contempler la beauté du monde, lorsque vient la mort, il nous faut détacher les sens de leurs objets et tourner notre regard vers la beauté intérieure. Les oreilles, de même, sont accoutumées à percevoir d’innombrables sons matériels, mais au moment de la mort on doit entendre la vibration spirituelle de l’oṁkāra à l’intérieur de soi.

In the yoga system this process is called pratyāhāra, which means “just the opposite.” Although during life the eyes are engaged in seeing worldly beauty, at death one has to retract the senses from their objects and see the beauty within. Similarly, the ears are accustomed to hearing so many sounds in the world, but at the moment of death one has to hear the transcendental oṁkāra from within.

oṁ ity ekākṣaraṁ brahma
vyāharan mām anusmaran
yaḥ prayāti tyajan dehaṁ
sa yāti paramāṁ gatim
oṁ ity ekākṣaraṁ brahma
vyāharan mām anusmaran
yaḥ prayāti tyajan dehaṁ
sa yāti paramāṁ gatim

« En pratiquant ainsi le yoga et en prononçant la syllabe sacrée oṁ, suprême combinaison de lettres, celui qui à l’instant de quitter le corps pense à Moi, Dieu, la Personne Suprême, atteint les planètes spirituelles. » (Bhagavad-gītā, 8.13)

“After being situated in this yoga practice and vibrating the sacred syllable oṁ, the supreme combination of letters, if one thinks of the Supreme Personality of Godhead and quits his body, he will certainly reach the spiritual planets.” (Gītā 8.13)

Tous les sens doivent donc être détournés de leur activité externe et concentrés sur la forme de Dieu. Nous savons le mental très turbulent, mais il doit être fixé sur le Seigneur, en notre cœur.

In this way, all the senses have to be stopped in their external activities and concentrated on the form of viṣṇu-mūrti, the form of God. The mind is very turbulent, but it has to be fixed on the Lord in the heart. When the mind is fixed within the heart and the life air is transferred to the top of the head, one can attain perfection in yoga.

Dans l’univers matériel il y a d’innombrables planètes, et au-delà de cet univers s’étend le monde spirituel. Plusieurs yogīs possèdent des informations sur ces lieux grâce aux Textes védiques. Le yogī tire sa connaissance de toutes les descriptions qu’ils contiennent et il a la possibilité de se rendre sur la planète de son choix sans avoir à utiliser un vaisseau spatial. L’élévation à d’autres planètes ne dépend pas de moyens mécaniques. Peut-être quelques hommes parviendront-ils, avec beaucoup de temps, d’efforts et d’argent, à atteindre d’autres planètes par des moyens matériels, mais il s’agit là de méthodes peu commodes, pour ne pas dire impraticables. De toute façon il n’est pas possible de franchir les limites de l’univers matériel par des moyens mécaniques. Si quelqu’un tente de se rendre sur une planète supérieure à l’aide de moyens mécaniques, il va à une mort certaine et instantanée, car le corps humain ne peut supporter un changement radical d’atmosphère. Nous en avons la démonstration sur la terre même, où il ne nous est pas possible de vivre dans la mer, non plus d’ailleurs qu’il n’est possible aux animaux aquatiques de vivre sur la terre ferme. Or, si même sur cette planète nous devons avoir un type de corps particulier pour pouvoir vivre en un lieu déterminé, combien plus nous faudra-t-il un corps adapté pour vivre sur d’autres planètes.

At this point the yogī determines where he is to go. In the material universe there are innumerable planets, and beyond this universe there is the spiritual universe. The yogīs have information of these places from Vedic literatures. Just as one going to America can get some idea what the country is like by reading books, one can also have knowledge of the spiritual planets by reading Vedic literatures. The yogī knows all these descriptions, and he can transfer himself to any planet he likes without the help of spaceships. Space travel by mechanical means is not the accepted process for elevation to other planets. Perhaps with a great deal of time, effort, and money a few men may be able to reach other planets by material means – spaceships, spacesuits, etc. – but this is a very cumbersome and impractical method. In any case, it is not possible to go beyond the material universe by mechanical means.

La méthode généralement employée pour s’élever aux planètes supérieures est celle du yoga de la méditation, ou du jñāna. Dans les sphères supérieures, les corps jouissent d’une durée de vie plus longue que sur terre puisque six mois terrestres équivalent à un jour. Ainsi que l’expliquent les Védas, les habitants des planètes supérieures vivent plus de dix mille de nos années. Mais même eux, qui vivent si longtemps, doivent affronter la mort. Vivrait-on vingt mille, cinquante mille ou même des millions d’années dans le monde matériel, les années sont toutes comptées et la mort y est inéluctable.

The generally accepted method for transferral to higher planets is the practice of the meditational yoga system, or jñāna system. The bhakti-yoga system, however, is not to be practiced for transferral to any material planet, for those who are servants of Kṛṣṇa, the Supreme Lord, are not interested in any planets in this material world because they know that on whatever planet one enters in the material sky, the four principles of birth, old age, disease, and death are present. On higher planets, the duration of life may be longer than on this earth, but death is there nonetheless. By “material universe” we refer to those planets where birth, old age, disease, and death reside, and by “spiritual universe” we refer to those planets where there is no birth, old age, disease, and death. Those who are intelligent do not try to elevate themselves to any planet within the material universe.

Mais le bhakti-yoga, lui, n’est pas utilisé en vue d’atteindre une planète matérielle ; en effet, les serviteurs de Kṛṣṇa, Dieu la Personne Suprême, ne s’intéressent à aucune planète de l’univers matériel car ils savent que partout en ce monde ils retrouveraient la naissance, la maladie, la vieillesse et la mort. Sur les planètes supérieures, la durée de la vie peut être plus longue que sur la terre, mais la mort s’y trouve néanmoins présente. Par univers matériel, on entend l’ensemble des planètes où règnent naissance, maladie, vieillesse et mort. Et par monde spirituel, on désigne les planètes où il n’y a ni naissance, ni maladie, ni vieillesse, ni mort. Ainsi, les hommes intelligents ne cherchent à atteindre aucune des planètes de l’univers matériel.

If one tries to enter higher planets by mechanical means, instant death is assured, for the body cannot stand the radical changes in atmosphere. But if one attempts to go to higher planets by means of the yoga system, he will acquire a suitable body for entrance. We can see this demonstrated on this earth, for we know it is not possible for us to live in the sea, in a watery atmosphere, nor is it possible for aquatics to live on the earth. As we understand that even on this planet one has to have a particular type of body to live in a particular place, so a particular type of body is required for other planets. On the higher planets, bodies live much longer than on earth, for six months on earth is equal to one day on the higher planets. Thus the Vedas describe that those who live on higher planets live upward to ten thousand earth years. Yet despite such a long life span, death awaits everyone. Even if one lives twenty thousand or fifty thousand or even millions of years, in the material world the years are all counted, and death is there. How can we escape this subjugation by death? That is the lesson of the Bhagavad-gītā.

na jāyate mriyate vā kadācin
nāyaṁ bhūtvā bhavitā vā na bhūyaḥ
ajo nityaḥ śāśvato ’yaṁ purāṇo
na hanyate hanyamāne śarīre
na jāyate mriyate vā kadācin
nāyaṁ bhūtvā bhavitā vā na bhūyaḥ
ajo nityaḥ śāśvato ’yaṁ purāṇo
na hanyate hanyamāne śarīre

« Jamais l’âme ne naît ni ne meurt. Elle n’eut jamais de commencement et n’en aura jamais. Non née, éternelle, immortelle et primordiale, elle ne périt pas avec le corps. » (Bhagavad-gītā, 2.20)

“For the soul there is never birth nor death. Nor, once having been, does he ever cease to be. He is unborn, eternal, ever-existing, undying, and primeval. He is not slain when the body is slain.” (Gītā 2.20)

Nous sommes des âmes spirituelles, et sommes donc éternels. Pourquoi alors sommes-nous soumis à la naissance et à la mort ? Celui qui se pose cette question doit être tenu pour intelligent. Les hommes conscients de Kṛṣṇa font preuve d’une grande intelligence, car ils ne cherchent pas à gagner une planète où règne la mort. Īśvaraḥ paramaḥ kṛṣṇaḥ sac-cid-ānanda-vigrahaḥ : sat veut dire éternel, cit plein de connaissance, et ānanda plein de félicité. Kṛṣṇa représente le réservoir de tous les plaisirs. Si nous retournons dans le monde spirituel, que ce soit sur la planète de Kṛṣṇa ou sur toute autre planète spirituelle, nous obtiendrons un corps sac-cid-ānanda, comparable à celui de Dieu. Ainsi, dans la Conscience de Kṛṣṇa nous poursuivons un but différent de celui que visent les personnes essayant d’accéder aux planètes supérieures de ce monde matériel.

We are spirit soul, and as such we are eternal. Why, then, should we subject ourselves to birth and death? One who asks this question is to be considered intelligent. Those who are Kṛṣṇa conscious are very intelligent, because they are not interested in gaining entrance to any planet where there is death. They will reject a long duration of life in order to attain a body like God’s. Īśvaraḥ paramaḥ kṛṣṇaḥ sac-cid-ānanda-vigrahaḥ. Sat means “eternal,” cit means “full of knowledge,” and ānanda means “full of pleasure.” Kṛṣṇa is the reservoir of all pleasure. If we transfer ourselves from this body into the spiritual world – either to Kṛṣṇaloka (Kṛṣṇa’s planet) or any other spiritual planet – we will receive a similar sac-cid-ānanda body. Thus the aim of those who are in Kṛṣṇa consciousness is different from those who are trying to promote themselves to higher planets within this material world.

Le moi, l’âme individuelle, est une minuscule étincelle spirituelle. La perfection du yoga consiste à élever cette étincelle jusqu’au sommet du crâne. À ce point, le yogī peut se rendre sur toute planète de l’univers matériel, selon son désir. Ainsi, si le yogī désire connaître la lune, il peut s’y transférer. Ou si c’est à d’autres planètes supérieures qu’il s’intéresse, il peut tout aussi bien s’y rendre. Tout comme un simple voyageur va à New York ou Paris ou en quelque autre endroit du globe. Quel que soit le lieu où l’on se rende sur terre, on trouve les mêmes procédures de douane et de visa, et de même, sur toutes les planètes matérielles, sans exception, on peut voir agir les principes de la naissance, de la maladie, de la vieillesse et de la mort.

The self, or soul, of the individual is a minute spiritual spark. The perfection of yoga lies in the transferral of this spiritual spark to the top of the head. Having attained this, the yogī can transfer himself to any planet in the material world according to his desire. If the yogī is curious to know what the moon is like, he can transfer himself there, or if he is interested in higher planets, he can transfer himself there, just as travelers go to New York, Canada, or other cities on the earth. Wherever one goes on earth, he finds the same visa and customs systems operating, and on all the material planets one can similarly see the principles of birth, old age, disease, and death operating.

Oṁ ity ekākṣaraṁ brahma : sur le point de mourir, le yogī peut prononcer le oṁ, l’oṁkāra, qui représente la forme concise du son transcendantal. Si le yogī peut émettre ce son et en même temps se rappeler Kṛṣṇa ou Viṣṇu (mām anusmaran) il atteint le but suprême. Car la pratique du yoga doit permettre de concentrer le mental sur Viṣṇu. Les impersonnalistes imaginent une forme du Seigneur Suprême, mais pour les personnalistes, il ne s’agit pas d’imagination : ils voient réellement le Seigneur. Quoi qu’il en soit, qu’on l’imagine ou qu’on la voit réellement, il faut concentrer notre esprit sur la forme personnelle de Kṛṣṇa.

Oṁ ity ekākṣaraṁ brahma: at the point of death the yogī can pronounce oṁ, oṁkāra, the concise form of transcendental sound vibration. If the yogī can vibrate this sound and at the same time remember Kṛṣṇa, or Viṣṇu (mām anusmaran), he attains the highest goal. It is the process of yoga to concentrate the mind on Viṣṇu. The impersonalists imagine some form of the Supreme Lord, but the personalists do not imagine this; they actually see. Whether one imagines Him or actually sees Him, one has to concentrate his mind on the personal form of Kṛṣṇa.

ananya-cetāḥ satataṁ
yo māṁ smarati nityaśaḥ
tasyāhaṁ sulabhaḥ pārtha
nitya-yuktasya yoginaḥ
ananya-cetāḥ satataṁ
yo māṁ smarati nityaśaḥ
tasyāhaṁ sulabhaḥ pārtha
nitya-yuktasya yoginaḥ

« Parce qu’il est constamment absorbé dans le service de dévotion, celui qui toujours se souvient de Moi sans jamais dévier M’atteint sans peine. » (Bhagavad-gītā, 8.14)

“For one who remembers Me without deviation, I am easy to obtain, O son of Pṛthā, because of his constant engagement in devotional service.” (Gītā 8.14)

Ceux qui se satisfont d’une existence temporaire, d’un bonheur fugitif et de biens éphémères ne doivent pas être considérés comme intelligents, du moins selon la Bhagavad-gītā, qui déclare que seul un être à l’intelligence réduite montre de l’intérêt pour les choses temporaires. Nous sommes éternels, pourquoi devrions-nous nous intéresser à l’éphémère ? Personne ne veut d’une situation impermanente. Si nous vivons dans un appartement et que le propriétaire nous demande de déménager, cela nous dérange. C’est notre nature que de vouloir une résidence permanente. De même, nous ne souhaitons pas mourir, car en réalité nous sommes éternels. Nous ne voulons pas non plus tomber malade ni vieillir. Mais si nous parvenons à nous dégager de notre enveloppe charnelle, pour atteindre une planète spirituelle, nous pourrons automatiquement échapper aux souffrances du monde matériel.

Those who are satisfied with temporary life, temporary pleasure, and temporary facilities are not to be considered intelligent, at least not according to the Bhagavad-gītā. According to the Gītā, one whose brain substance is very small is interested in temporary things. We are eternal, so why should we be interested in temporary things? No one wants a nonpermanent situation. If we are living in an apartment and the landlord asks us to vacate, we are sorry, but we are not sorry if we move into a better apartment. It is our nature, because we are permanent, to want a permanent residence. We don’t wish to die, because in actuality we are permanent. Nor do we want to grow old or be diseased, because these are all external or nonpermanent states. Although we are not meant to suffer from fever, sometimes fever comes, and we have to take precautions and remedies to get well again. The fourfold miseries are like a fever, and they are all due to the material body. If somehow we can get out of the material body, we can escape the miseries that are integral with it.

Aux impersonnalistes, Kṛṣṇa conseille de prononcer la syllabe oṁ pour se libérer du corps éphémère. De cette façon ils peuvent être assurés d’accéder au monde spirituel. Cependant, bien qu’ils puissent ainsi entrer dans le monde spirituel, ils ne peuvent atteindre aucune de ses planètes ; ils restent à l’extérieur, dans le brahmajyoti. Le brahmajyoti peut être comparé à la lumière du soleil, et les planètes spirituelles au soleil lui-même. Dans le monde spirituel, les impersonnalistes demeurent dans le rayonnement émanant du Seigneur Suprême, dans le brahmajyoti. Ils sont ainsi admis dans le monde spirituel sous forme d’étincelles spirituelles : c’est ce qu’on appelle se fondre dans l’existence spirituelle. Le brahmajyoti se compose d’une multitude de telles étincelles. Mais il ne faut pas croire qu’en se fondant dans le brahmajyoti on devienne un avec lui ; l’étincelle spirituelle conserve son individualité, mais parce que l’impersonnaliste ne veut pas d’une forme personnelle il reste une étincelle spirituelle dans ce rayonnement. Tout comme la lumière du soleil se compose d’une infinité de particules atomiques, le brahmajyoti se compose d’une infinité d’étincelles spirituelles.

For the impersonalists to get out of this temporary body, Kṛṣṇa here advises that they vibrate the syllable oṁ. In this way they can be assured of transmigration into the spiritual world. However, although they may enter the spiritual world, they cannot enter into any of the planets there. They remain outside, in the brahmajyoti. The brahmajyoti may be compared to the sunshine, and the spiritual planets may be compared to the sun itself. In the spiritual sky the impersonalists remain in the effulgence of the Supreme Lord, the brahmajyoti. The impersonalists are placed in the brahmajyoti as spiritual sparks, and in this way the brahmajyoti is filled with spiritual sparks. This is what is meant by merging into the spiritual existence. It should not be considered that one merges into the brahmajyoti in the sense of becoming one with it; the individuality of the spiritual spark is retained, but because the impersonalist does not want to take a personal form, he is found as a spiritual spark in that effulgence. Just as the sunshine is composed of so many atomic particles, so the brahmajyoti is composed of so many spiritual sparks.

Toutefois, en tant qu’être vivants, nous convoitons le bonheur. Exister en soi ne suffit pas. Nous voulons la félicité (ānanda) en plus du fait d’exister (sad), l’être vivant a trois attributs : l’éternité, la connaissance et la félicité. Ceux qui entrent de façon impersonnelle dans le brahmajyoti peuvent y demeurer un certain temps, en pleine connaissance de ce qu’ils sont maintenant unis au Brahman de manière homogène, mais ils n’ont pas accès à la félicité éternelle (ānanda). On peut certes rester seul dans une pièce pendant quelque temps, mais il n’est pas possible de demeurer seul dans cette pièce pendant des années, que dire de l’éternité. Ainsi, celui qui se fond de manière impersonnelle dans l’existence de l’Absolu, a toutes les chances de retomber dans le monde matériel, faute de compagnie. C’est là le jugement du Śrīmad-Bhāgavatam.

Des astronautes peuvent parcourir des milliers et des milliers de kilomètres, mais s’ils ne trouvent pas à se poser sur une planète, ils doivent revenir sur terre. Dans tous les cas, il faut trouver une base sur laquelle s’établir, et dans la réalisation impersonnelle, cette base ne comble pas tous les besoins de l’âme. C’est pourquoi le Śrīmad-Bhāgavatam déclare que même si l’impersonnaliste déploie maints efforts pour entrer dans le monde spirituel et y obtenir une forme impersonnelle, il devra retourner dans l’univers matériel pour avoir négligé de servir le Seigneur Suprême avec amour et dévotion. Aussi longtemps que nous sommes ici sur terre, nous devons apprendre à servir et à aimer Kṛṣṇa, le Seigneur Souverain. Forts de cet apprentissage, nous pourrons alors accéder aux planètes spirituelles. La position de l’impersonnaliste dans le monde spirituel est donc temporaire, car pour combattre la solitude, il cherchera à créer des liens, mais parce qu’il refuse le contact personnel du Seigneur Suprême, il devra retourner à nouveau dans le monde matériel pour se lier à des êtres conditionnés.

However, as living entities we want enjoyment. Being, in itself, is not enough. We want bliss (ānanda) as well as being (sat). In his entirety, the living entity is composed of three qualities – eternality, knowledge, and bliss. Those who enter impersonally into the brahmajyoti can remain there for some time in full knowledge that they are now merged homogeneously with Brahman, but they cannot have that eternal ānanda, bliss, because that part is wanting. One may remain alone in a room for some time and may enjoy himself by reading a book or engaging in some thought, but it is not possible to remain in that room for years and years at a time, and certainly not for all eternity. Therefore, for one who merges impersonally into the existence of the Supreme, there is every chance of falling down again into the material world in order to acquire some association. This is the verdict of Śrīmad-Bhāgavatam. Astronauts may travel thousands and thousands of miles, but if they do not find rest on some planet, they have to return again to earth. In any case, rest is required. In the impersonal form, rest is uncertain. Therefore Śrīmad-Bhāgavatam says that even after so much endeavor, if the impersonalist enters into the spiritual world and acquires an impersonal form, he returns again into the material world because of neglecting to serve the Supreme Lord in love and devotion. As long as we are here on earth, we must learn to practice to love and serve Kṛṣṇa, the Supreme Lord. If we learn this, we can enter into those spiritual planets. The impersonalist’s position in the spiritual world is nonpermanent, for out of loneliness he will attempt to acquire some association. Because he does not associate personally with the Supreme Lord, he has to return again to the world and associate with conditioned living entities there.

Il est donc d’une importance capitale que nous saisissions notre nature profonde, la nature de l’âme qui aspire à l’éternité, à la connaissance et au plaisir. Livrés à nous-mêmes pendant longtemps dans le brahmajyoti impersonnel, nous ne pouvons avoir de plaisir, et par conséquent nous acceptons les plaisirs offerts par le monde matériel. Mais dans la Conscience de Kṛṣṇa, nous pouvons jouir du vrai bonheur. Dans l’univers matériel, le plaisir sexuel est reconnu comme la plus haute forme de satisfaction. Or il s’agit là d’une forme dénaturée, d’un reflet du plaisir tel qu’il existe dans le monde spirituel, c’est-à-dire le plaisir de la communion avec Kṛṣṇa. Nous ne devons pas penser que ce plaisir-là est comparable aux voluptés charnelles de l’univers matériel, il en diffère totalement.

La vie réelle se trouve avec Kṛṣṇa, de qui procèdent tous les plaisirs. Nous devons donc nous entraîner dès maintenant, de façon à ce qu’au moment de la mort nous soyons à même de nous rendre dans le monde spirituel, à Kṛṣṇaloka, pour y vivre avec Kṛṣṇa. Kṛṣṇa possède plusieurs noms et est aussi appelé Govinda. La Brahma-saṁhitā décrit en ces termes Śrī Kṛṣṇa-Govinda et Sa demeure :

It is of utmost importance, therefore, that we know the nature of our constitutional position: we want eternity, complete knowledge, and also pleasure. When we are left alone for a long time in the impersonal brahmajyoti, we cannot have pleasure, and therefore we accept the pleasure given by the material world. But in Kṛṣṇa consciousness, real pleasure is enjoyed. In the material world it is generally accepted that the highest pleasure is sex. This is a perverted reflection of the sex pleasure in the spiritual world, the pleasure of association with Kṛṣṇa. But we should not think that the pleasure there is like the sex pleasure in the material world. No, it is different. But unless sex life is there in the spiritual world, it cannot be reflected here. Here it is simply a perverted reflection, but the actual life is there in Kṛṣṇa, who is full of all pleasure. Therefore, the best process is to train ourselves now, so that at the time of death we may transfer ourselves to the spiritual universe, to Kṛṣṇaloka, and there associate with Kṛṣṇa. In Brahma-saṁhitā (5.29) Śrī Kṛṣṇa and His abode are described thus:

cintāmaṇi-prakara-sadmasu kalpa-vṛkṣa-
lakṣāvṛteṣu surabhīr abhipālayantam
lakṣmī-sahasra-śata-sambhrama-sevyamānaṁ
govindam ādi-puruṣaṁ tam ahaṁ bhajāmi
cintāmaṇi-prakara-sadmasu kalpa-vṛkṣa-
lakṣāvṛteṣu surabhīr abhipālayantam
lakṣmī-sahasra-śata-sambhrama-sevyamānaṁ
govindam ādi-puruṣaṁ tam ahaṁ bhajāmi

« J’adore Govinda, le Seigneur originel, le premier des ancêtres. Il garde les vaches et comble tous les désirs ; Ses palais sont bâtis de joyaux spirituels et entourés de millions d’arbres-à-souhaits. Des déesses en nombre infini Le servent à jamais avec une grande vénération et la plus profonde affection. » (Brahma-saṁhitā 5.29)

“I worship Govinda, the primeval Lord, the first progenitor, who is tending the cows, fulfilling all desire, in abodes built with spiritual gems, surrounded by millions of wish-fulfilling trees, always served with great reverence and affection by hundreds and thousands of lakṣmīs, or gopīs.

Ceci est une description de Kṛṣṇaloka. Les maisons y sont faites de pierres philosophales – tout ce qui touche la pierre philosophale se transforme immédiatement en or. Les arbres y ont le pouvoir de satisfaire tous les désirs, d’où leur nom d’arbres-à-souhaits. Ici-bas, les manguiers donnent des mangues et les pommiers des pommes, mais là-haut, chaque arbre peut donner tout ce qu’on désire. De même, les vaches sont appelées surabhis car elles donnent du lait en quantité inépuisable. Voilà comment les Écritures védiques dépeignent les planètes spirituelles.

This is a description of Kṛṣṇaloka. The houses are made of what is called “touchstone.” Whatever touchstone touches immediately turns into gold. The trees are wish-fulfilling trees, or “desire trees,” for one can receive from them whatever he wishes. In this world we get mangoes from mango trees and apples from apple trees, but there from any tree one can get whatever he desires. Similarly, the cows are called surabhi, and they yield an endless supply of milk. These are descriptions of the spiritual planets found in Vedic scriptures.

Dans l’univers matériel, nous nous sommes habitués à la naissance et à la mort, ainsi qu’à toutes sortes de souffrances. Les hommes de science ont découvert de nouvelles possibilités de jouir du plaisir des sens et de nouveaux moyens de destruction, mais ils n’ont trouvé aucune solution aux problèmes de la vieillesse, de la maladie et de la mort. Ils ne peuvent fabriquer une machine qui mettrait fin à la vieillesse, à la maladie et à la mort. Nous pouvons bien inventer un moyen pour retarder la mort, mais rien qui puisse l’arrêter. Cependant, les hommes intelligents ne se préoccupent pas des problèmes inhérents à l’existence matérielle, mais cherchent plutôt à atteindre les planètes spirituelles. L’être baignant dans une extase continue (nitya-yuktasya yoginaḥ) ne détourne son attention vers aucun autre objet. Il perpétue son extase transcendantale en emplissant toujours son esprit de pensées liées à Kṛṣṇa sans déviation aucune (ananya-cetāḥ satatam). Le mot satatam signifie qu’il en est ainsi en tout temps et en tout lieu.

In this material world we have become acclimatized to birth, death, and all sorts of suffering. Material scientists have discovered many facilities for sense enjoyment and destruction, but they have discovered no solution to the problems of old age, disease, and death. They cannot make any machine that will check death, old age, or disease. We can manufacture something that will accelerate death, but nothing that will stop death. Those who are intelligent, however, are not concerned with the fourfold miseries of material life, but with elevation to the spiritual planets. One who is continuously in trance (nitya-yuktasya yoginaḥ) does not divert his attention to anything else. He is always situated in trance. His mind is always filled with the thought of Kṛṣṇa, without deviation (ananya-cetāḥ satatam). Satatam refers to anywhere and any time.

Être conscient de Kṛṣṇa signifie que l’on vit constamment auprès de Kṛṣṇa. Par exemple, en Inde je vivais à Vṛndāvana – la ville où Kṛṣṇa en personne descendit quand Il vint sur terre – et maintenant me voilà en Amérique : mais cela ne veut pas dire que je sois séparé de Vṛndāvana, car si je pense toujours à Kṛṣṇa, je ne quitte pas un instant Vṛndāvana – toute considération matérielle mise à part. Smarati nityaśaḥ tasyāhaṁ sulabhaḥ. Les mots smarati nityaśaḥ signifient se rappeler constamment, et pour quiconque se rappelle Kṛṣṇa, le Seigneur devient tasyāhaṁ sulabhaḥ, facilement accessible. Kṛṣṇa Lui-même déclare qu’Il est facilement obtenu par cette méthode, celle du bhakti-yoga. Pourquoi, dès lors, adopter une autre méthode ? On peut chanter ou réciter « Hare Kṛṣṇa, Hare Kṛṣṇa, Kṛṣṇa Kṛṣṇa, Hare Hare / Hare Rāma, Hare Rāma, Rāma Rāma, Hare Hare » vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Il n’y a ni règle ni loi pour cela. On peut chanter dans la rue, dans le métro, chez soi ou au bureau. Cette pratique n’implique ni impôt, ni dépense. Alors, pourquoi ne pas l’adopter ?

In India I lived in Vṛndāvana, and now I am in America, but this does not mean that I am out of Vṛndāvana, because if I think of Kṛṣṇa always, then I’m always in Vṛndāvana, regardless of the material designation. Kṛṣṇa consciousness means that one always lives with Kṛṣṇa on that spiritual planet, Goloka Vṛndāvana, and that one is simply waiting to give up this material body. Smarati nityaśaḥ means “continuously remembering,” and for one who is continuously remembering Kṛṣṇa, the Lord becomes tasyāhaṁ sulabhaḥ – easily purchased. Kṛṣṇa Himself says that He is easily purchased by this bhakti-yoga process. Then why should we take to any other process? We can chant Hare Kṛṣṇa, Hare Kṛṣṇa, Kṛṣṇa Kṛṣṇa, Hare Hare/ Hare Rāma, Hare Rāma, Rāma Rāma, Hare Hare twenty-four hours daily. There are no rules and regulations. One can chant in the street, in the subway, or at his home or office. There is no tax and no expense. So why not take to it?