Skip to main content

SIX

CHAPITRE SIX

The Fate of the Unsuccessful Yogī

Le sort du yogī qui n’atteint pas son but

It is not that Bhagavad-gītā rejects the meditational yoga process; it recognizes it as a bona fide method, but it further indicates that it is not possible in this age. Thus the subject in the Sixth Chapter of Bhagavad-gītā is quickly dropped by Śrī Kṛṣṇa and Arjuna. Arjuna next asks,

IL NE FAUDRAIT pas croire que la Bhagavad-gītā rejette le yoga de la méditation ; elle en reconnaît tout à fait l’authenticité, mais en précisant que sa pratique est impossible à l’époque où nous vivons. C’est pourquoi Śrī Kṛṣṇa et Arjuna coupent court au sujet abordé dans le sixième chapitre de la Bhagavad-gītā. Arjuna demande alors :

ayatiḥ śraddhayopeto
yogāc calita-mānasaḥ
aprāpya yoga-saṁsiddhiṁ
kāṁ gatiṁ kṛṣṇa gacchati
ayatiḥ śraddhayopeto
yogāc calita-mānasaḥ
aprāpya yoga-saṁsiddhiṁ
kāṁ gatiṁ kṛṣṇa gacchati

“What is the destination of the man of faith who does not persevere, who in the beginning takes to the process of self-realization but who later desists due to worldly-mindedness and thus does not attain perfection in mysticism?” (Bg. 6.37) In other words, he is asking what becomes of the unsuccessful yogī, or the person who attempts to perform yoga but somehow desists and does not succeed. It is something like a student who does not get his degree because he drops out of school. Elsewhere in the Gītā, Śrī Kṛṣṇa points out to Arjuna that out of many men, few strive for perfection, and out of those who strive for perfection, only a few succeed. So Arjuna is inquiring after the vast number of failures. Even if a man has faith and strives for perfection in the yoga system, Arjuna points out that he may not attain this perfection due to “worldly-mindedness.”

« Arjuna dit : Ô Kṛṣṇa, quel est le destin du spiritualiste qui, bien qu’il ait emprunté avec foi la voie du yoga, l’abandonne pour n’avoir su détacher son mental du monde, et qui, par suite, n’atteint pas la perfection mystique ? » (Gītā 6.37) En d’autres mots, il veut savoir ce qui arrive au yogī qui échoue dans sa démarche, c’est-à-dire celui qui essaie de pratiquer le yoga mais qui abandonne avant d’atteindre son but, un phénomène qui peut se comparer à l’attitude de l’étudiant qui abandonne ses cours avant d’avoir obtenu son diplôme. Dans une autre section de la Bhagavad- gītā, Śrī Kṛṣṇa fait remarquer à Arjuna que parmi tous les humains, un faible pourcentage seulement aspire à la perfection, et que parmi eux, rares sont ceux qui l’atteignent. Arjuna s’interroge donc sur le sort de tous ceux qui échouent dans leur entreprise. Il souligne le fait que même si quelqu’un s’efforce avec foi d’atteindre la perfection du yoga, il se peut très bien que ses attachements matériels l’empêchent de parvenir à ses fins.

kaccin nobhaya-vibhraṣṭaś
chinnābhram iva naśyati
apratiṣṭho mahā-bāho
vimūḍho brahmaṇaḥ pathi
kaccin nobhaya-vibhraṣṭaś
chinnābhram iva naśyati
apratiṣṭho mahā-bāho
vimūḍho brahmaṇaḥ pathi

“O mighty-armed Kṛṣṇa,” Arjuna continues, “does not such a man, being deviated from the path of Transcendence, perish like a riven cloud, with no position in any sphere?” (Bg. 6.38) When a cloud is torn apart by the wind, it does not mend back together again.

« Ainsi détourné du chemin de la spiritualité, ô Kṛṣṇa aux bras puissants, n’ayant obtenu ni succès matériel ni réussite spirituelle, ne périt-il pas, privé de tout statut, à la manière d’un nuage qui se dissipe ? » (Gītā 6.38) En effet, lorsqu’un nuage est déchiré par le vent, il ne se reforme pas.

etan me saṁśayaṁ kṛṣṇa
chettum arhasy aśeṣataḥ
tvad-anyaḥ saṁśayasyāsya
chettā na hy upapadyate
etan me saṁśayaṁ kṛṣṇa
chettum arhasy aśeṣataḥ
tvad-anyaḥ saṁśayasyāsya
chettā na hy upapadyate

“This is my doubt, O Kṛṣṇa, and I ask You to dispel it completely. But for Yourself, no one is to be found who can destroy this doubt.” (Bg. 6.39) Arjuna is asking this question about the fate of the unsuccessful yogī so that in the future people would not be discouraged. By a yogī, Arjuna is referring to the haṭha-yogī, jñāna-yogī and bhakti-yogī; it is not that meditation is the only form of yoga. The meditator, the philosopher and the devotee are all to be considered yogīs. Arjuna is questioning for all those who are attempting to become successful transcendentalists. And how does Śrī Kṛṣṇa answer him?

« Cela fait naître en moi un doute, ô Kṛṣṇa, et je Te prie de l’éclaircir car Tu es le seul qui puisse entièrement le dissiper. » (Gītā 6.39) Si Arjuna interroge ainsi Kṛṣṇa sur le sort du yogī qui n’atteint pas son objectif, c’est pour qu’à l’avenir les gens ne se découragent pas. Par yogī, Arjuna fait référence au haṭha-yogī, au jñāna-yogī et au bhakti-yogī, car la méditation ne représente pas la seule forme de yoga. Le méditant, le philosophe et le dévot doivent tous être considérés comme des yogīs. Arjuna formule donc sa question pour tous ceux qui s’efforcent de devenir des spiritualistes accomplis.

Et quelle réponse Śrī Kṛṣṇa lui donne-t-Il ?

śrī-bhagavān uvāca
pārtha naiveha nāmutra
vināśas tasya vidyate
na hi kalyāṇa-kṛt kaścid
durgatiṁ tāta gacchati
śrī-bhagavān uvāca
pārtha naiveha nāmutra
vināśas tasya vidyate
na hi kalyāṇa-kṛt kaścid
durgatiṁ tāta gacchati

Here, as in many other places throughout the Gītā, Śrī Kṛṣṇa is referred to as Bhagavān. This is another of the Lord’s innumerable names. Bhagavān indicates that Kṛṣṇa is the proprietor of six opulences: He possesses all beauty, all wealth, all power, all fame, all knowledge and all renunciation. Living entities partake of these opulences in finite degrees. One may be famous in a family, in a town, in a country or on one planet, but no one is famous throughout the creation, as is Śrī Kṛṣṇa. The leaders of the world may be famous for a few years only, but Lord Śrī Kṛṣṇa appeared five thousand years ago and is still being worshiped. So one who possesses all six of these opulences in completeness is considered to be God. In Bhagavad-gītā Kṛṣṇa speaks to Arjuna as the Supreme Personality of Godhead, and as such it is to be understood that He has complete knowledge. Bhagavad-gītā was imparted to the sun-god and to Arjuna by Kṛṣṇa, but nowhere is it mentioned that Bhagavad-gītā was imparted to Kṛṣṇa. Why? Complete knowledge means that He knows everything that is to be known. This is an attribute of God alone. Being that Kṛṣṇa knows everything, Arjuna is putting this question to Him about the fate of the unsuccessful yogī. There is no possibility for Arjuna to research the truth. He simply has to receive the truth from the complete source, and this is the system of disciplic succession. Kṛṣṇa is complete, and the knowledge that comes from Kṛṣṇa is also complete. If Arjuna receives this complete knowledge and we receive it from Arjuna as it was spoken to him, then we also receive complete knowledge. And what is this knowledge? “The Blessed Lord said: Son of Pṛthā, a transcendentalist engaged in auspicious activities does not meet with destruction either in this world or in the spiritual world; one who does good, My friend, is never overcome by evil.” (Bg. 6.40) Here Kṛṣṇa indicates that the very striving for yoga perfection is a most auspicious attempt. When one attempts something so auspicious, he is never degraded.

Dans ce verset, comme dans plusieurs autres passages de la Bhagavad-gītā, Śrī Kṛṣṇa est désigné sous le nom de Bhagavān, qui est un de Ses noms innombrables. Bhagavān caractérise Kṛṣṇa comme Celui qui possède dans leur plénitude les six formes de l’opulence, à savoir la beauté, la richesse, le pouvoir, la renommée, la connaissance et le renoncement. Les êtres vivants, quant à eux, ne possèdent ces atouts qu’en quantité limitée. On peut, par exemple, jouir d’une certaine renommée au sein d’une famille, dans une ville ou dans un pays, ou même sur une planète entière ; mais personne n’est célèbre à travers l’ensemble de la création comme l’est Śrī Kṛṣṇa. Les personnalités marquantes du monde peuvent jouir de la célébrité pendant quelques années, alors que Śrī Kṛṣṇa est encore adoré cinq mille ans après Son passage sur terre. Ainsi, celui qui possède dans leur plénitude les six formes de l’opulence doit être tenu pour Dieu Lui-même. Dans la Bhagavad-gītā, Kṛṣṇa S’adresse donc à Arjuna en tant que Dieu, la Personne Suprême, et nous devons dès lors reconnaître qu’Il possède la connaissance totale. On sait que la Bhagavad-gītā fut énoncée au deva du soleil et à Arjuna par Kṛṣṇa, mais nulle part il n’est dit que la Bhagavad-gītā ait été transmise à Kṛṣṇa par qui que ce soit. Pourquoi ? La connaissance totale implique la connaissance de tout ce qu’il y a à connaître, et Dieu est le seul à posséder cet attribut. Et puisque Kṛṣṇa sait tout, Arjuna Lui demande d’éclaircir le sort du yogī déchu. Arjuna n’a aucune possibilité de découvrir la vérité par lui-même. Il doit l’obtenir d’une source parfaite, ainsi que le préconise le système de la succession disciplique. Kṛṣṇa est complet en tout, et la connaissance qui vient de Lui est également complète. Or, si Arjuna reçoit cette connaissance complète de Kṛṣṇa et que nous la recevons à notre tour d’Arjuna, telle qu’elle lui a été énoncée, nous recevons nous-mêmes la connaissance parfaite. Et quelle est cette connaissance ? « Dieu, la Personne Suprême, répond : Ô fils de Pṛthā, pour le spiritualiste qui se prête à des activités de bon augure, il n’est de destruction ni dans ce monde, ni dans l’autre. Jamais, Mon ami, le mal ne s’empare de celui qui fait le bien. » (Gītā 6.40) Kṛṣṇa indique ici que le fait même de chercher à atteindre la perfection du yoga constitue en soi un effort des plus fastes, et celui qui se lance dans une entreprise aussi propice ne peut jamais être dégradé.

Actually Arjuna is asking a very appropriate and intelligent question. It is not unusual for one to fall down from the platform of devotional service. Sometimes a neophyte devotee does not keep the rules and regulations. Sometimes he yields to intoxication or is trapped by some feminine attractions. These are impediments on the path of yoga perfection. But Śrī Kṛṣṇa gives an encouraging answer, for He tells Arjuna that even if one sincerely cultivates only one-percent worth of spiritual knowledge, he will never fall down into the material whirlpool. That is due to the sincerity of his effort. It should always be understood that we are weak and that the material energy is very strong. To adopt spiritual life is more or less to declare war against the material energy. The material energy is trying to entrap the conditioned soul as much as possible, and when the conditioned soul tries to get out of her clutches by spiritual advancement of knowledge, material nature becomes more stringent and vigorous in her efforts to test how much the aspiring spiritualist is sincere. The material energy, or māyā, will then offer more allurements.

À vrai dire, c’est une question très pertinente et intelligente que soulève Arjuna. En effet, il n’est pas rare de voir quelqu’un abandonner la pratique du service de dévotion. Il arrive par exemple qu’un dévot néophyte ait du mal à respecter les principes régulateurs, et qu’il cède à l’attrait de l’intoxication ou du sexe opposé. Or, ce sont là des obstacles qui nous empêchent d’atteindre la perfection du yoga. Mais Śrī Kṛṣṇa répond à cette question de façon encourageante en disant à Arjuna que si quelqu’un parvient en toute sincérité à cultiver ne serait-ce que 1% de la connaissance spirituelle, il ne retombera jamais dans le tourbillon de l’existence matérielle. Cette garantie lui vient de la sincérité de son effort. Nous ne devons jamais oublier que nous sommes faibles et que l’énergie matérielle est très puissante. En adoptant la vie spirituelle, on déclare ni plus ni moins la guerre à l’énergie matérielle. Or, celle- ci s’efforce tant qu’elle peut de retenir l’âme conditionnée dans ses griffes ; et lorsque l’âme conditionnée cherche à s’en arracher en cultivant le savoir spirituel, la nature matérielle redouble d’ardeur et d’intransigeance afin de mettre à l’épreuve la sincérité de l’aspirant spiritualiste. La nature matérielle, ou māyā, se montre alors sous un jour de plus en plus fascinant.

In this regard, there is the story of Viśvāmitra Muni, a great king, a kṣatriya, who renounced his kingdom and took to the yoga process in order to become more spiritually advanced. At that time the meditational yoga process was possible to execute. Viśvāmitra Muni meditated so intently that Indra, the King of heaven, noticed him and thought, “This man is trying to occupy my post.” The heavenly planets are also material, and there is competition – no businessman wants another businessman to exceed him. Fearing that Viśvāmitra Muni would actually depose him, Indra sent one heavenly society girl, named Menakā, to allure him sexually. Menakā was naturally very beautiful, and she was intent on disrupting the muni’s meditations. Indeed, he became aware of her feminine presence upon hearing the sound of her bangles, and he immediately looked up from his meditation, saw her, and became captivated by her beauty. As a result, the beautiful girl Śakuntalā was born by their conjugation. When Śakuntalā was born, Viśvāmitra lamented: “Oh, I was just trying to cultivate spiritual knowledge, and again I have been entrapped.” He was about to flee when Menakā brought his beautiful daughter before him and chastised him. Despite her pleading, Viśvāmitra resolved to leave anyway.

Notons à ce propos l’exemple de Viśvāmitra Muni, un très grand roi, un kṣatriya qui avait renoncé à son royaume pour adopter la pratique du yoga en vue de progresser davantage sur la voie spirituelle. À son époque, la pratique du yoga de la méditation était encore possible, et Viśvāmitra Muni s’y livra avec une détermination telle qu’Indra, le roi des sphères célestes, le remarqua et se prit à penser : « Cet homme cherche à me ravir mon poste. » Les planètes édéniques restent des planètes matérielles, et la compétition y règne comme partout ailleurs en ce monde – aucun homme d’affaires ou dirigeant ne veut être surpassé par un autre. Craignant donc que Viśvāmitra Muni ne le détrône, Indra dépêcha auprès de lui une courtisane céleste du nom de Menakā pour qu’elle l’envoûte de ses charmes. Il va sans dire que Menakā était d’une beauté remarquable, et elle avait la ferme intention de rompre la méditation du muni. Comme prévu, il prit conscience de cette présence féminine en entendant le tintement de ses bracelets de chevilles ; quittant sa méditation, il tourna son regard vers elle et fut captivé par sa beauté. De leur union naquit une ravissante fille du nom de Śakuntalā, et au moment de sa naissance, Viśvāmitra ne put que s’accabler : « Je voulais simplement cultiver le savoir spirituel, et voilà qu’à nouveau je suis retombé sous l’emprise de la matière. » Il s’apprêtait à prendre la fuite lorsque Menakā lui amena l’adorable enfant et se mit à le réprimander. Mais malgré ses supplications, Viśvāmitra résolut tout de même de s’en aller.

Thus there is every chance of failure on the yogic path; even a great sage like Viśvāmitra Muni can fall down due to material allurement. Although the muni fell for the time being, he again resolved to go on with the yoga process, and this should be our resolve. Kṛṣṇa informs us that such failures should not be cause for despair. There is the famous proverb that “Failure is the pillar of success.” In the spiritual life especially, failure is not discouraging. Kṛṣṇa very clearly states that even if there is failure, there is no loss either in this world or in the next. One who takes to this auspicious line of spiritual culture is never completely vanquished.

Si même un grand sage comme Viśvāmitra Muni a pu succomber aux charmes de la matière, il est certain que nous avons toutes les chances d’échouer en nous engageant sur la voie du yoga. Cependant, bien que le muni se soit momentanément écarté de la voie, il décida de poursuivre sa pratique du yoga, et nous devons faire preuve d’une détermination égale à la sienne. Kṛṣṇa nous dit que de telles défaillances ne doivent pas être sources de désespoir. Il existe un dicton célèbre, selon lequel la réussite se bâtit sur l’échec. Tout particulièrement dans la vie spirituelle, l’échec n’a rien de décourageant. Kṛṣṇa établit clairement que même en cas d’échec, nous ne perdons rien de notre acquis, ni en ce monde ni dans l’autre. Celui qui emprunte la voie propice du développement spirituel n’est donc jamais tout à fait vaincu.

Now what actually happens to the unsuccessful spiritualist? Śrī Kṛṣṇa specifically explains,

Mais qu’arrive-t-il concrètement au spiritualiste qui n’atteint pas son but ? Śrī Kṛṣṇa nous éclaire de façon précise sur son sort :

prāpya puṇya-kṛtāṁ lokān
uṣitvā śāśvatīḥ samāḥ
śucīnāṁ śrīmatāṁ gehe
yoga-bhraṣṭo ’bhijāyate
prāpya puṇya-kṛtāṁ lokān
uṣitvā śāśvatīḥ samāḥ
śucīnāṁ śrīmatāṁ gehe
yoga-bhraṣṭo ’bhijāyate
athavā yoginām eva
kule bhavati dhīmatām
etad dhi durlabhataraṁ
loke janma yad īdṛśam
athavā yoginām eva
kule bhavati dhīmatām
etad dhi durlabhataraṁ
loke janma yad īdṛśam

“The unsuccessful yogī, after many, many years of enjoyment on the planets of the pious living entities, is born into a family of righteous people, or into a family of rich aristocracy. Or he takes his birth in a family of transcendentalists who are surely great in wisdom. Verily, such a birth is rare in this world.” (Bg. 6.41–42) There are many planets in the universe, and on the higher planets there are greater comforts, the duration of life is longer, and the inhabitants are more religious and godly. Since it is said that six months on earth is equal to one day on the higher planets, the unsuccessful yogī stays on these higher planets for many, many years. Vedic literatures describe their lifetimes as lasting ten thousand years. So even if one is a failure, he is promoted to these higher planets. But one cannot remain there perpetually. When the fruits or the results of one’s pious activities expire, he has to return to earth. Yet even upon returning to this planet, the unsuccessful yogī meets with fortunate circumstances, for he takes his birth in either a very rich family or a pious one.

« Après avoir vécu de longues années de délices sur les planètes où vivent ceux qui ont fait le bien, celui qui a failli dans la voie du yoga renaît au sein d’une famille riche et noble, ou d’une famille vertueuse. Ou encore il renaît dans une famille de sages spiritualistes. Mais en vérité il est rare, ici-bas, d’obtenir une telle naissance. » (Gītā 6.41–42) Il existe de nombreuses planètes dans l’univers, et sur les planètes supérieures les conditions de vie sont plus agréables, la longévité plus grande, et les habitants plus vertueux et plus saints. Sachant que sur ces planètes un jour équivaut à six mois terrestres, on peut comprendre que le séjour du yogī déchu y est extrêmement long. Les Écritures védiques établissent en fait à dix mille ans la durée de l’existence sur ces planètes. Ainsi, même si l’on échoue, on sera promu sur ces planètes. Mais il n’est pas possible d’y rester indéfiniment. Lorsque les fruits ou les résultats de nos actes vertueux sont épuisés, nous devons revenir sur terre. Et pourtant, même lorsqu’il revient sur terre, le yogī ayant échoué dans sa démarche bénéficie de conditions favorables, car il renaît dans une famille vertueuse ou dans une famille riche.

Generally, according to the law of karma, if one enacts pious deeds, he is rewarded in the next life by birth into a very aristocratic family or into a very wealthy family, or he becomes a great scholar, or he is born very beautiful. In any case, those who sincerely begin spiritual life are guaranteed human birth in the next life – not only human birth, but birth into either a very pious or a very wealthy family. Thus one with such a good birth should understand that his fortune is due to his previous pious activities and to God’s grace. These facilities are given by the Lord, who is always willing to give us the means to attain Him. Kṛṣṇa simply wants to see that we are sincere. In the Śrīmad-Bhāgavatam it is stated that every particular person has his own duty in life, regardless of his position and regardless of his society. If, however, he gives up his prescribed duty and somehow – either out of sentiment or association or craziness or whatever – takes shelter of Kṛṣṇa, and if, due to his immaturity, he falls from the devotional path, still there is no loss for him. On the other hand, if a person executes his duties perfectly but does not approach God, then what does he earn? His life is indeed without benefit. But a person who has approached Kṛṣṇa is better situated, even though he may fall down from the yogic platform.

D’une manière générale, selon la loi du karma, si quelqu’un accomplit des actes pieux, il est récompensé dans sa vie suivante en obtenant de renaître dans une famille hautement aristocratique ou encore très riche, en devenant un grand érudit, ou en jouissant d’une grande beauté physique. Dans tous les cas, ceux qui approchent sincèrement la vie spirituelle ont l’assurance de renaître sous une forme humaine dans leur prochaine vie – et pas seulement sous une forme humaine, mais dans une famille très riche ou très vertueuse. Celui, donc, qui a obtenu une telle naissance doit comprendre que sa bonne fortune est due à ses actes vertueux passés et à la grâce de Dieu. Ces avantages nous sont en effet donnés par le Seigneur, qui est toujours prêt à nous fournir les moyens grâce auxquels nous pourrons L’atteindre. Kṛṣṇa veut simplement S’assurer de notre sincérité.

Dans le Śrīmad-Bhāgavatam, il est expliqué que chaque individu a un devoir propre à remplir, et ce, quelle que soit sa position ou ses appartenances sociales. Si toutefois, que ce soit par sentiment, par association, par folie ou pour quelque autre raison, on renonce à son devoir prescrit pour chercher refuge auprès de Kṛṣṇa, et que par manque de maturité on s’écarte ensuite de la voie dévotionnelle, on ne subira aucune perte. Par contre, si quelqu’un s’acquitte parfaitement de ses devoirs mais manque d’approcher Dieu, que peut-il gagner ? Sa vie ne lui rapporte en fait rien du tout. Celui qui approche Kṛṣṇa est donc mieux situé, même s’il lui arrive ensuite d’abandonner la pratique du yoga.

Kṛṣṇa further indicates that of all good families to be born into – families of successful merchants or philosophers or meditators – the best is the family of yogīs. One who takes birth in a very rich family may be misled. It is normal for a man who is given great riches to try to enjoy those riches; thus rich men’s sons often become drunkards or prostitute hunters. Similarly, one who takes birth in a pious family or in a brahminical family often becomes very puffed up and proud, thinking, “I am a brāhmaṇa; I am a pious man.” There is chance of degradation in both rich and pious families, but one who takes birth in a family of yogīs or of devotees has a much better chance of cultivating again that spiritual life from which he has fallen. Kṛṣṇa tells Arjuna,

Kṛṣṇa ajoute que de toutes les bonnes familles au sein desquelles on peut prendre naissance – celles de commerçants prospères, de philosophes ou de yogīs – la meilleure est celle d’un yogī. Celui qui voit le jour dans une famille très riche risque en effet de s’égarer. Il est normal pour l’homme ayant reçu de grandes richesses de chercher à en jouir ; c’est pourquoi les fils d’hommes riches deviennent souvent des ivrognes ou des coureurs de prostituées. Selon le même ordre d’idée, le fils d’un homme vertueux ou d’un brāhmaṇa devient souvent orgueilleux et infatué de sa personne, se targuant d’être un brāhmaṇa ou un homme de bien. Les familles riches et vertueuses présentent toutes deux un risque de dégradation, alors qu’en prenant naissance dans une famille de yogīs ou de bhaktas, on a de bien meilleures chances de poursuivre à nouveau la vie spirituelle qu’on a précédemment délaissée. Kṛṣṇa explique à Arjuna :

tatra taṁ buddhi-saṁyogaṁ
labhate paurva-dehikam
yatate ca tato bhūyaḥ
saṁsiddhau kuru-nandana
tatra taṁ buddhi-saṁyogaṁ
labhate paurva-dehikam
yatate ca tato bhūyaḥ
saṁsiddhau kuru-nandana

“On taking such a birth, he again revives the divine consciousness of his previous life, and he tries to make further progress in order to achieve complete success, O son of Kuru.” (Bg. 6.43)

« Alors, ô fils de Kuru, il recouvre la conscience divine acquise dans sa vie passée et reprend sa marche vers la perfection. » (Gītā 6.43)

Being born in a family of those who execute yoga or devotional service, one remembers his spiritual activities executed in his previous life. Anyone who takes to Kṛṣṇa consciousness seriously is not an ordinary person; he must have taken to the same process in his previous life. Why is this?

En voyant le jour dans une famille dont les membres pratiquent le yoga ou le service de dévotion, on se souvient des activités spirituelles qu’on a accomplies dans sa vie passée. Quiconque adopte sérieusement la conscience de Kṛṣṇa ne peut donc être une personne ordinaire ; il doit avoir suivi cette voie au cours de sa vie précédente. Pourquoi ?

pūrvābhyāsena tenaiva
hriyate hy avaśo ’pi saḥ
pūrvābhyāsena tenaiva
hriyate hy avaśo ’pi saḥ

“By virtue of the divine consciousness of his previous life, he automatically becomes attracted to the yogic principles – even without seeking them.” (Bg. 6.44) In the material world, we have experience that we do not carry our assets from one life to another. I may have millions of dollars in the bank, but as soon as my body is finished, my bank balance is also. At death, the bank balance does not go with me; it remains in the bank to be enjoyed by somebody else. This is not the case with spiritual culture. Even if one enacts a very small amount on the spiritual platform, he takes that with him to his next life, and he picks up again from that point.

« En vertu de la conscience divine acquise dans sa vie passée, il est tout naturellement porté vers la pratique du yoga, même à son insu. Un tel spiritualiste transcende déjà tous les principes rituels des Écritures. » (Gītā 6.44) Dans l’univers matériel, nous savons par expérience que nous ne pouvons pas emporter nos biens avec nous lorsque nous passons d’une vie à l’autre. Même si j’ai des millions en banque, je perdrai tout en mourant. Mon argent ne m’accompagne pas par-delà la mort ; il reste à la banque, et c’est quelqu’un d’autre qui en profitera. Il n’en va pas de même pour la vie spirituelle. Même si nos efforts spirituels sont minimes, nous en emportons les fruits avec nous, et dans notre prochaine vie nous reprenons notre progression là où nous l’avions laissée.

When one picks up this knowledge that was interrupted, he should know that he should now finish the balance and complete the yogic process. One should not take the chance of finishing up the process in another birth but should resolve to finish it in this life. We should be determined in this way: “Somehow or other in my last life, I did not finish my spiritual cultivation. Now Kṛṣṇa has given me another opportunity, so let me finish it up in this life.” Thus after leaving this body one will not again take birth in this material world, where birth, old age, disease and death are omnipresent, but will return to Kṛṣṇa. One who takes shelter under the lotus feet of Kṛṣṇa sees this material world simply as a place of danger. For one who takes to spiritual culture, this material world is actually unfit. Śrīla Bhaktisiddhānta Sarasvatī used to say, “This place is not fit for a gentleman.” Once one has approached Kṛṣṇa and has attempted to make spiritual progress, Kṛṣṇa, who is situated within the heart, begins to give directions. In the Gītā, Śrī Kṛṣṇa says that for one who wants to remember Him, He gives remembrance, and for one who wants to forget Him, He allows him to forget.

Lorsque nous repartons du point où nous nous étions interrompus, il est important de savoir que nous devons désormais compléter nos connaissances de manière à parfaire notre pratique du yoga. Nous ne devons pas courir le risque d’avoir à compléter notre démarche dans une vie ultérieure, mais prendre la décision d’en terminer dès cette vie. Notre détermination devrait s’exprimer en ces termes : « Pour une raison ou une autre, je n’ai pu compléter mon évolution spirituelle au cours de ma vie précédente. Śrī Kṛṣṇa m’offre maintenant une nouvelle occasion d’y parvenir ; puissé-je m’en saisir et atteindre mon but dans cette vie. » Alors, après avoir quitté notre corps actuel, nous n’aurons plus à renaître dans le monde matériel, où la naissance, la maladie, la vieillesse et la mort sont partout présentes ; nous retournerons enfin à Kṛṣṇa. Celui qui cherche refuge aux pieds pareils-au-lotus de Kṛṣṇa voit l’univers matériel comme un lieu de danger. En vérité, cet univers n’est pas fait pour ceux qui poursuivent la voie spirituelle. Śrīla Bhaktisiddhānta Sarasvatī avait l’habitude de dire : « Cet endroit ne convient pas à un gentilhomme. » Lorsqu’on approche Kṛṣṇa et qu’on s’efforce de progresser spirituellement, Kṛṣṇa, qui est présent dans notre cœur, commence à nous guider personnellement. Il affirme par ailleurs dans la Bhagavad-gītā que lorsque quelqu’un désire se rappeler de Lui, Il lui accorde le souvenir, tout comme Il permet l’oubli à ceux qui désirent L’effacer de leur mémoire.